Partie 8 : A charge de revanche

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ALEXANDER

Jimmy a été tué par une salope qui n'a même pas eu la décence de montrer son visage. Si je la retrouve je la démonte. Jimmy était l'un de nos meilleurs éléments et sa perte va nous causer des soucis.

- Chef ! On a trouvé ce que vous nous avez demandé.

Je lève les bras au ciel, satisfait. J'admire avec attention l'arme que l'on vient de déposer sur la table. Cette lame est spéciale, elle a été fabriquée par l'un des meilleurs artisans de ce siècle et d'après la légende qui court, quiconque possède cette arme vaincra.

- Magnifique ! me réjouissais-je. Grâce à elle je mettrais fin à la vie de cette misérable mercenaire.

Je riais à gorge déployée, je savais exactement ce que je devais faire. Selon un de mes associés celle qui a tué Jimmy est la même personne dont ma mère m'avait parlé mais maintenant qu'elle m'a fait affront je ne peux pas rester les bras croisés. Je lui ferais goûter à l'enfer.

Même ma mère, la grande Patricia QUINN peut se tromper. Si elle est persuadée que je ne suis pas de taille face à cette tueuse, moi au contraire je crois que je suis capable de la réduire à néant. Personne n'est invincible, pas même elle. Elle se fait appeler CANARI, eh bien je serai ravi de lui couper les ailes.

- Tu vises haut boss.

Cette voix fluette et beaucoup trop énergique au vu des récents évènements ne peut appartenir qu'à une seule personne.

- Leo ! Que me vaut ce plaisir ? lui demandais-je ironiquement.

- N'ai-je pas le droit de rendre visite à mon meilleur ami ?

Tu parles, la dernière fois qu'il est venue de son plein gré, il voulait m'emmener dans une boite de nuit qui venait d'ouvrir. Et comme je l'avais prédit, il avait pris la cuite de sa vie sans réussir à conclure avec qui que ce soit. Tout ça pour dire que ses brillantes idées finissent généralement en plans foireux.

- La vraie raison.

Il souffle, visiblement déçu de mon manque d'intérêt pour lui.

- Ta mère m'a invité à dîner.

- Tu vois quand tu veux.

Il s'avance dans la pièce et s'assoit sur ce que je considère être un canapé vénitien du XVIIIème  siècle mais que lui prend pour un vulgaire tabouret. Je le regarde faire avec mépris face à tant d'indifférence pour l'art. Il continue sa débâcle en déposant ses pieds sur ma table de salon en soie de Chine. Je vire immédiatement au rouge, il saccage un havre de paix.

- Je te prierais cher « meilleur ami » de prendre une attitude plus convenable envers ces meubles qui valent plus que toute ta maison de ville.

Il sourit avec mesquinerie, sachant pertinemment comment me provoquer.

- Voilà, c'est comme ça que je t'aime mon ami !

- Grossier avec des envies meurtrières ?

- Entre autres, dit-il sur le ton de la rigolade. Cependant je préfère mille fois quand tu es calme et réfléchi et que tu ne penses pas à embrocher quelqu'un.

- Ça se voit tant que ça que je suis au bord de l'explosion ?

- Et pas qu'un peu, on dirait presque que Sabrina t'a laissé pour un autre.

Je lui lance un regard mauvais, il sait très bien que je n'aime pas aborder ce sujet. Quand elle est rentrée il y a deux ans après trois années d'absence j'ai cru qu'elle était partie avec un autre mais sa tutrice m'a assuré qu'il n'y avait rien eu de tel. Malgré tout je reste sensible sur ce sujet car quand je l'ai interrogé, elle a évité toute discussion. De mon côté j'ai fait des recherches mais je n'ai rien trouvé, ni moi ni personne d'autre. Comme si son existence avait été effacée de la surface de la terre pendant cette période-là. Et rester dans l'ignorance ne me plaît pas du tout. Je sais qu'elle me cache quelque chose mais pas exactement quoi.

Maya m'a souvent expliqué que si cette période était floue c'était parce que Sabrina s'était rendue dans une école privée en Australie et qu'elle n'en était pas sortie durant trois ans.

Toutes ces versions me perturbent, qu'elle soit allée dans un pensionnat privé et coupé de toute civilisation, ok. Mais dans ce cas pourquoi en faire tout un mystère ? C'est ça que je ne comprends pas.

- C'était une plaisanterie de très mauvais goût je le reconnais, j'aurais dû me taire. Mais je suis surtout venu te raisonner. Patricia m'a dit t'en avoir déjà parlé et je la rejoins sur cette décision, tu ne dois pas te mesurer à cette CANARI. Elle n'est pas un adversaire pour toi, ce serait du suicide !

Je me relève en colère.

- Tu me demandes vraiment de renoncer ?

- Tu peux encore changer d'avis. Je te préviens, je n'aiderai pas mon meilleure pote à mourir, si tu veux vraiment le faire, fais-le tout seul.

Puis il est sorti.

- Je te laisse y réfléchir, en attendant je vais rejoindre ta mère dans la cuisine, on t'appellera pour manger.

Ces mots me font réfléchir. Pourquoi autant de gens me croient incapable de tenir tête à une simple humaine ? Devrais-je réellement le faire ?

Même après le repas je ne cesse de me remémorer leurs mots. Je ne sais plus quoi faire. Ma conscience me dit d'écouter mes proches mais mon cœur me dit de foncer. Prit dans un dilemme invraisemblable, je décide d'appeler Sabrina. Elle a toujours de bonnes idées et j'ai besoin de me calmer.

« - Allô ?

- C'est moi Alexander.

- Alexander ? répète-t-elle surprise.

- Oui tu sais, ton actuel petit-copain, dis-je avec ironie.

Elle pouffe de rire.

- Je sais qui tu es idiot. Dis-moi plutôt la raison de ton appel.

- J'ai besoin d'un sage conseil.

- Dis voir.

- Je suis en plein dans une partie de jeu vidéo et je suis confronté à un dilemme. Je dois vaincre le boss du dernier niveau mais apparemment c'est impossible. D'un côté il y a mes amis RPG  qui me disent d'abandonner parce que je risque de perdre inutilement toute l'avancée que j'avais dans le jeu et d'un autre côté j'ai quand même envie d'essayer. Tu en penses quoi ?

- A cœur vaillant rien n'est impossible. Tu devrais le faire mais ne te jette pas la tête la première. Sois plus intelligent que ton adversaire, prend-le par surprise. Le mieux dans ta situation c'est de travailler en équipe, tu ne dois pas l'affronter tout seul. Rassemble un nouvel équipement et fais des alliances avec d'autres joueurs. Si vous y allez tous ensemble je suis persuadée que vous pouvez le vaincre. Personne n'est invincible.

- Tu as raison, j'aurais dû y penser plus tôt. Je dois surprendre mon adversaire !

- Exactement. Bon je dois raccrocher je vais aller me coucher, bonne nuit.

- Bonne nuit. »

Elle venait de donner la solution à toutes mes inquiétudes. J'ai du réseau et je ne suis pas le seul à vouloir m'en prendre à cette tueuse, d'autres pourraient rejoindre ma cause puisque nous avons un intérêt commun. Qu'importe la puissance et l'ingéniosité de cette femme, elle ne pourra rien contre des centaines de combattants surentraînés. Ces alliances pourraient également me permettre d'étendre mon commerce et d'assurer des ententes durables.

Sabrina est vraiment géniale, elle trouve toujours une astuce pour contourner les problèmes. C'est vraiment dommage qu'elle ne mette pas son intelligence au service d'une bonne cause. C'est d'ailleurs ce qui me surprend chez elle. Elle utilise beaucoup d'énergie à me tenir à l'écart d'elle alors qu'elle sait pertinemment que ça ne servirait à rien. Cet entêtement est stupide et illogique. Elle doit bien avoir une idée derrière la tête, non ?

Bon j'y réfléchirai plus tard, de toute façon elle et moi devons avoir une discussion sérieuse. En attendant je vais demander à mes hommes de transmettre un message à cette tueuse.

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