SABRINA
Mes mésaventures avaient fait le tour du campus et je passais encore une fois pour la méchante de l'histoire. La peste de la dernière fois se faisait passer pour la victime. Selon elle j'étais « jalouse » d'elle et j'avais peur qu'elle me vole mon copain.
Mais bon dieu ! Où est-ce que les gens vont piocher toutes ces âneries ?
Alors que je me prélassais tranquillement sur la pelouse du parc, quelqu'un me fit de l'ombre. Vu le froid qui me parvenait et le soleil caché, je dirais que cette personne était un homme doté d'une carrure assez imposante. J'ouvris les yeux pour m'assurer de mon hypothèse.
- Tu as piqué une crise de jalousie d'après ce qu'on m'a dit.
Cette voix fluette et beaucoup trop enjouée pour l'évènement ne pouvait qu'appartenir à Alexander. Cette situation le délectait au plus haut au point. Il devait se dire qu'il était génial. Ce qui est tout sauf le cas.
- Tu en crois un mot ?
Il hausse avec lassitude ses épaules et prend place à mes côtés, me laissant de nouveau profiter des doux rayons lumineux qui venaient s'écraser contre ma peau.
- Qui sait. Au fait tu n'as pas oublié que je passe te prendre chez toi ce soir ?
Je secoue négativement la tête. Comment diable aurais-je pu oublier un truc pareil ? Il prend un air satisfait et roule vers moi pour s'approcher davantage. Ainsi nous nous retrouvons chacun l'un en face de l'autre.
- Ce soir j'ai une annonce à te faire, me dit-il sur le ton de la confidence.
Son intervention m'intrigue, prise au dépourvu j'hausse les sourcils en lâchant un hoquet de surprise.
- De quel genre ?
Ses mains viennent délicatement et tendrement caresser mes cheveux sans pour autant qu'il me lâche du regard. Ses yeux perçants me noient dans de profondes ténèbres obscures.
- Tout dépend de toi.
Ses mots ne sont qu'un murmure comparé à mes battements de cœur qui ne veulent pas se calmer. Mon rythme cardiaque s'affole et je me laisse étreindre par une cadence dangereuse. Je dois me reprendre. La seule solution qui s'est imposée à moi est de cacher ma propre gêne par la sienne. Je reprends tout simplement le contrôle de la situation et inverse nos positions.
Je lui attrape les poignets et le force avec douceur à arrêter de jouer avec mes mèches de cheveux. Je dépose ses mains sur mes hanches et ballade les miennes sur sa nuque. Il frémit sous mon toucher et je ris de sa réaction.
- Comme ça on est quitte, je lui murmure à l'oreille.
Je m'éloigne pour me relever, je m'apprête pour redevenir présentable et lui adresse un sourire à double sens sachant pertinemment qu'il s'attendait à plus de ma part. Malheureusement pour lui ce à quoi il pense n'est pas près de se produire entre nous deux.
- A plus Darling.
Je suis toujours chamboulée par cette rencontre fortuite mais je n'y prête pas particulièrement attention.
Le soir-même je prépare mon pistolet silencieux. Je pense que je devrais me contenter d'un assassinat dans la plus grande des discrétions. Récemment je me suis fait assez remarquer et je pense que je devrais mettre la vie de CANARI entre parenthèses le temps que les tensions redescendent d'un cran.
C'est dommage, moi qui me faisais une joie de partir à la chasse pendant les prochains jours. On dirait bien que je vais devoir me contenter de ce simple assassinat pour le moment. Vivement que l'on me rapporte de bonnes nouvelles !
Je jette un regard furtif sur ma montre pour m'apercevoir qu'il est déjà 17h40, je range donc mes affaires très spéciales pour privilégier un changement de vêtements. J'enfile une simple combinaison noire sans manche et je complète mon look avec un de mes nombreux bijoux fantaisies. Je m'observe dans une glace avant de me rendre dans mon salon pour attendre Alexander, le résultat est impeccable.
Je descends pour enfiler mes chaussures, ce soir Maya avait un rendez-vous d'affaire donc je suis toute seule. L'ennui me guette. C'est un signe avant-coureur de folie, il faut que je prenne l'air quelques minutes. Je sors donc dans la cour pour attendre Alexander, j'en profite pour me rappeler ce qu'il m'avait dit plus tôt « ce soir j'ai une annonce à te faire ».
Une annonce ? Il a enfin décidé de couper les ponts avec moi ?
Un fugitif enthousiasme me prend, si je pouvais rompre avec lui avant que la situation empire. Ce serait rendre un immense service à lui comme à moi.
- Tu étais si pressée que ça de me voir ?
Je relève la tête, étant donné que j'étais plongée dans mes pensées je ne l'avais pas entendu arriver.
- Pas spécialement.
Mon ton détaché ne lui plaît pas, son sourire moqueur se décolle de son visage et il me dit d'un ton sec de me lever.
- Où allons-nous ?
- Tu verras bien, répond-il avec sa bonne humeur de nouveau au rendez-vous.
Il me conduit à sa voiture et lorsque nous sommes tous les deux à l'intérieur, il m'attrape pour enrouler un bandeau autour de mes yeux.
- Qu'est-ce que tu fais ? commençais-je à paniquer.
- Je ne voudrais pas te gâcher la surprise. C'est pour que tu ne saches pas où je t'emmène.
Je reprends mon calme, que j'ai la vue entravée ou non, je saurais où l'on ira. C'est une des facultés que j'ai acquis lors de mon entrainement pour devenir une vraie tueuse.
- Comme il te plaira.
Je le laisse faire un nœud derrière ma tête et je l'entends démarrer. Au bout d'un moment je n'entends plus les bruits parasites du centre-ville, on s'en éloigne. L'atmosphère devient plus calme et légère, le son des claquements des vagues contre la coque des bateaux me berce même s'il est à peine perceptible.
- Pourquoi tu m'emmènes au port ?
Il lâche un hoquet, visiblement surpris que j'ai deviné où il m'emmenait.
- T'es douée.
Il enlève le foulard qui m'obstruait la vue.
- Nous allons assister à un match de catch.
Je déglutis lourdement. Aurait-il compris qui j'étais ? Non. Impossible. C'est une simple coïncidence, rien de plus.
- Au quai 253 ?
Oups, ces mots m'ont échappé. Je ne suis pas censé avoir ce genre d'information. Alexander gare la voiture le long d'un grand entrepôt et me fixe, éberlué.
- Comment tu sais ?
Vite, un mensonge !
- J'ai entendu des rumeurs. N'est-ce pas illégal ?
Son regard suspicieux laisse place une volonté compétitive.
- Je voulais te montrer ma spontanéité et à quel point je n'étais pas prévisible comme tu sembles si bien le croire.
Je rigole du tac au tac. Son ego le perdra un jour.
- Tu ne veux pas ?
Il fait des yeux de chien battu, s'il pense m'attendrir c'est raté. Mais il est chanceux, c'est justement là où je devais me rendre ce soir.
- Non, ça me va.
Je me réjouissais d'avance, il jetait littéralement son ami dans la gueule du loup. Et je ne lâcherai le morceau que lorsque qu'il ne lui restera que les os à ronger. Le fauve carnassier que je suis va se faire un plaisir de profiter du buffet de qualité qui lui est offert.
- Je trépigne d'impatience, dis-je le sourire aux lèvres.
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Méli-mélo
Teen FictionLe jour je suis une garce, ta pire ennemie. La nuit je suis une tueuse, ton pire cauchemar. CANARI est mon nom de code mais en réalité je m'appelle Sabrina TZARA. Ne vous méprenez pas, je ne suis pas du genre à combattre les forts pour protéger les...