Partie 21 : Partenariat

185 10 26
                                    

                                                                      ALEXANDER

Sa déclaration eue l'effet d'un coup de poignard sur moi. C'est bien la première fois que quelqu'un me confessait aimer tuer. Pour le peu de morts que j'avais sur la conscience, je ressentais une infaillible culpabilité et du remord. Alors comment diable pouvait-elle se sentir si vivante en ayant assassiner autant de monde ? Si ceux que j'avais tué de ma main se comptaient par dizaine, les siens se comptaient par milliers. Cependant c'est comme si elle n'en était pas consciente. Enfin je divague, elle le sait et l'assume. Pour elle, donner la mort n'est pas un sacrilège, mais un divertissement.

Ce qu'elle ressentait en tuant me révulsait du plus profond de mon âme. Cependant comme c'était la première fois qu'elle m'avouait ce qu'elle avait sur le cœur, je me sentais bien. Ce sentiment chaud et réconfortant que j'expérimentais, contrastait avec le dégoût qu'elle engendrait chez moi. Et bien que je n'approuve pas sa vision du meurtre et l'enthousiasme qu'elle éprouve à tuer, j'étais heureux.

- Je t'avoue que pour moi ôter une vie se résume à perdre son humanité. Je ne conçois pas de ressentir de la joie en tuant.

Elle relève immédiatement la tête pour confronter son regard au mien.

- Pourtant lorsque tu t'es battu contre moi étant CANARI, tu semblais apprécier l'idée de me faire souffrir.

- Certes, mais à cet instant c'était différent, je ne te considérais pas comme étant un être humain. Tu étais une tueuse qui transcendait la mort. Pour dire vrai, tu ressemblais plus à un démon qu'à un être humain.

Elle reprend son souffle et intensifie notre échange visuel.

- Pour moi le passage entre la vie et la mort est merveilleux. La vie est précieuse parce qu'elle est éphémère. Je pense que tout l'intérêt de vivre sa vie à fond et sans regrets, réside dans sa fragilité. C'est pour cela que je n'ai pas peur de mourir.

Ne pas avoir peur est la chose la plus terrifiante qui soit, pensais-je en cet instant.

Décidemment je ne pourrai jamais la comprendre, notre vision du monde est bien trop différente. Pourtant c'est avec elle que je veux passer ma vie.

Cette idée sonnait comme une évidence dans mon esprit.

Qu'importe si elle campait sur ses positions, je n'espérais pas la changer, parce que c'est elle et tout ce qu'elle représente que j'aime.

Manifestement, l'Amour rend vraiment idiot !

- Peut-être que tu ne ressens pas cette peur de voir ta vie partir en fumée en un claquement de doigts mais Natacha a dû voir sa vie défiler. Tu dois comprendre que tu ne peux pas parler d'un tel sujet avec autant de détachement, parce que la mort effraie.

- A propos de cette fille...je n'ai certes pas l'autorité pour décider de si elle doit vivre ou mourir mais tu n'as pas celle pour me juger. « Quand on ne le connaît pas, l'Homme est un loup pour l'Homme », ces mots sont de PLAUTE, ils proviennent de sa comédie Asinaria, et plus tard, Thomas HOBBES s'inspirera de ces mots pour De cive, une épître dédicatoire. PLAUTE visait la peur de l'inconnu et non la violence des humains. N'est-ce pas la même chose dans notre société moderne ? Les Hommes ne seraient-il pas plus effrayés par la mort parce qu'ils sont ignorants que parce que celle-ci est violente et douloureuse ? Ainsi je ne me considère pas comme un « monstre ».

Je n'ai rien à redire là-dessus, son argumentation était limpide et sans tâche.

- Qu'en est-il de la douleur des familles et des amis blessés par la mort d'un être cher ?

Méli-méloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant