Partie 10 : Laisse-moi partir

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                                                                   SABRINA

Nous étions lundi et après avoir récupéré de mes blessures tout le weekend, il était temps pour moi de me rendre à l'aéroport direction l'Australie. J'avais dit à Maya et à mes deux meilleures amies que je partais en voyage linguistique pour un retour aux sources puisque précédemment je leur avais fait croire que j'avais passé trois ans là-bas pour mes études.

Je regarde furtivement ma montre, il est 7h45 et Alexander m'a fait savoir qu'il viendrait me chercher à 7h55 pour aller au bahut. Ma valise est déjà prête et j'ai imprimé mon billet d'avion. Je prends mes affaires et descends en vitesse vers l'entrée, le taxi m'attend devant le portillon et Maya est partie au boulot. En sortant je n'oublie pas de tout fermer et éteindre, et je me dirige vers mon moyen de transport. Le chauffeur sort du véhicule et m'aide avec mes bagages.

- Direction l'aéroport s'il-vous-plaît.

- Bien mademoiselle.

Sur le trajet j'aperçois Alexander au volant de sa voiture qui se dirige vers ma maison et je demande au chauffeur d'accélérer. Je suis désolée Alexander mais tu ne m'as pas laissé le choix. Instinctivement je croisais les doigts pour qu'il ne m'aperçoive pas, si c'était le cas j'aurais du mal à le regarder en face car j'ai choisi de fuir et c'est lâche. Au fond je sais que c'est la meilleure chose à faire mais je ressens comme une douleur dans la poitrine. Une douleur qui m'oppresse la cage thoracique et qui m'empêche de respirer correctement. Une douleur maladive qui me fait atrocement souffrir.

Non ! Il ne faut pas que je pense à ça.

Je détourne le regard et me reconcentre sur la route et mes objectifs par la même occasion. Une fois à Sydney, je continuerai à faire de mon mieux pour faire prospérer mon affaire et économiser de l'argent pour atteindre mon objectif final. Alors si pour cela je dois écarter des gens de ma vie, je le ferai. Quoi qu'il arrive je me donnerai les moyens d'y arriver.

- Nous sommes arrivés mademoiselle.

Déjà ? C'est fou comme le temps passe vite quand l'on est perdu dans ses pensées.

Je descends, prends mes bagages, paye le chauffeur et entre dans l'aéroport. En entrant je jette un œil à l'écran qui affiche la porte d'embarquement où je vais embarquer. B41. Bon je vais m'y rendre maintenant comme ça j'attendrai dans un café.

J'avance dans l'immense hall rempli de personnes de toutes les nationalités, je reconnais des Anglais, des Espagnols, des Portugais, des Chinois, des Japonais, etc... Mon esprit s'embrouille avec toutes ces langues différentes, c'est comme être jeté dans la mer lorsqu'on ne sait pas nager. Enfin, c'est ce que j'aurais sûrement pensé si je ne comprenais rien à ce qui se disait. Heureusement pour moi je parle toutes ces langues, pas couramment mais je me débrouille, et je dois dire que ça a ses désavantages, parce que comme pour tout il y a des conversations que l'on préfèrerait éviter.

Bref, ce genre de situation ne me concerne plus puisqu'Alexander et moi n'aurons plus jamais aucune discussion. Je pars et je compte bien ne jamais le revoir. De plus je n'ai aucune explication à lui donner. En soit, on ne peut pas dire que je fuis par lâcheté, je nous évite simplement des adieux inutiles. Je m'évite une douloureuse séparation.

« Mesdames et messieurs, le vol en direction de Sydney est avancé, nous vous prions de vous rendre à la porte d'embarquement pour monter à bord de l'avion. »

Je me lève et vais en direction de la porte. J'en profite pour observer les passants, la plupart ont l'air heureux, j'imagine qu'ils partent en vacances. C'est sûr qu'à leur place je ferai la même tête. Lorsque je me rends compte que je souris bêtement, j'arrête aussitôt, c'est trop gênant.

Méli-méloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant