Partie 7 : Carnage

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SABRINA

Tout était parfait.

Alexander ne se doutait pas une seule seconde qu'il venait de faire de son petit protégé une cible de choix. Et ce même gibier était à l'autre bout de la salle, en plein dans ma ligne de mire.

Je m'immisçais dans la foule, évitant quelques coups de coude au passage pour rejoindre nos sièges VIP à l'avant du ring.

- Tu vas adorer, crie Alexander pour que je puisse l'entendre malgré la cacophonie. C'est un ami qui m'a fait découvrir et j'ai tout de suite accroché.

Je souris intérieurement, il croit vraiment que je ne sais rien de ses acticités de chef de gang ? Il se fourre le doigt dans l'œil le pauvre. Des frissons me parcourent, la simple idée de lapider Jimmy sous le regard inattentif de son propre patron me comble de joie. Alexander ne saura jamais qui a fait ça et il passera des heures à broyer du noir.

Le gong retentit, les bruits parasites se font mineurs et une femme dans la cinquantaine affublée d'une robe de soirée moulante et de deux airbags de sécurité à l'avant comme à l'arrière entre en scène avec un micro.

- Vous pouvez lancer vos paris jeunes gens !

La majorité des supporters sont des hommes et puent les hormones en ébullition. Voir des gens se frapper ne me dérange pas en soi, ce qui me chagrine c'est de voir le manque de talent de ces participants qui ne savent pas décrocher un crochet du droit.

Des tonnerres d'applaudissements explosent dans l'entrepôt qui crée un effet acoustique désagréable. Deux bolosses entrent, une expression menaçante collée au visage. A vue d'œil je dirais que le borgne a plus de chance de l'emporter. Certes il lui manque un œil et il est moins robuste mais il semble souple, agile, en possession d'une grande dextérité. Donc lorsque le bonhomme qui récupère les paris passe devant nous et qu'Alexander l'interpelle pour parier sur le gros baraqué, je m'empresse d'en faire de même mais avec le plus chétif, celui sur lequel personne n'a osé miser.

Alexander me considère avec étonnement et me demande si je suis sûre de mon coup, j'affirme que oui. Le bonhomme me souhaite bien du courage si j'espérais rafler la mise. Je savais avec certitude que la chance n'a rien à voir là-dedans et que j'allais être riche à la fin de la soirée, surtout lorsque j'ai vu les sommes pharamineuses pour lesquelles certains jouaient.

- Avoue que tu as voulu parier sur cet avorton dans le seul but de t'opposer à moi, dit Alexander.

- Non je te l'ai dit, je vais gagner le pactole ce soir.

Il hausse les épaules, persuadé que je suis entêtée. Il ne sait juste pas encore à qui il a affaire, je vais le renvoyer dans les vestiaires ce con.

Les catcheurs se mettent en position et au second coup de sonnette ils se foncent dessus sans hésitation. Le plus balèze, celui qui a été qualifié de « champion » avant même que le match ne commence prend le taureau par les cornes et cherche à agripper le borgne. Celui-ci l'esquive avec aisance, ça commence bien pour mes affaires.

Alors que le titan s'acharne à courir aux quatre coins du ring comme un forcené tout en se fatiguant à vue d'œil, l'autre esquive sagement chacun de ses assauts. A un moment donné le gros est tellement fatigué par sa course folle qu'il pose un genou à terre par mégarde. Le borgne en profite pour le mettre à terre sans jouer sur une force physique qu'il ne semble visiblement pas posséder.

- Victoire par KO ! crie la femme aux airbags.

Un effarement collectif s'élève dans la salle et les petits joueurs ne tardent pas à exprimer leur mécontentement. Des « il est nul » par-là et des « il m'a fait perdre 10 000 dollars » par-ci me parvinrent tout en me rappelant mélodiquement l'argent qui va me revenir.

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