Méli-mélo

Partie 23 : Les rêves ne sont rien d'autres que des spéculations

Après l'histoire avec Natacha, plus personne n'osait me tenir tête, ni même me chercher des noises. Je devrais même la remercier, dans un sens elle a contribué à ce que l'on parle de moi encore plus que quand j'étais en couple avec Alexander. Après tout, la popularité n'est pas toute rose, l'important c'est d'être le centre de l'attention, que l'on parle de nous, en bien comme en mal.

Cette situation et cette impression d'être le sujet principal des ragots ne me dérangeait pas particulièrement. Contrairement à Jess et Cass qui s'inquiétaient pour moi, selon elles j'avais besoin de « me concentrer sur le positif ». Oh mais c'est déjà tout trouvé ! Depuis cette histoire, Alexander est recalé au second plan et je sais à quel point il déteste ça.

Bien fait mon coco ! Ça c'est pour me venger de ta trahison. Malheureusement je ne peux pas aller vers lui pour le lui dire en face, parce que ça voudrait dire qu'il serait au courant au sujet de ce que j'ai découvert sur Q Project. Et avant toute chose, je dois garder mes cartes maîtresses secrètes. La partie ne fait que commencer...

A la pause du midi, je délaissais mes deux meilleures amies pour me prélasser seule sur le toit de l'école. Aucun risque d'être dérangée là-haut puisque l'accès est interdit. Je m'allonge et réfléchie sur ma propre vie.

Soyons objectif, une fois que toute cette histoire avec Q Project et la confrérie sera terminée...une fois que j'aurais fait mes adieux à cette ville et à tous ceux qui me sont chers...que ferais-je de ma vie ?

Quand j'étais petite je voulais être plombier pour sauver les animaux en détresse et les personnes en danger. Puis j'ai souhaité devenir politicienne, je voulais rendre le monde meilleur. Enfin, il m'est même arrivé de songer vouloir être enseignant pour faire partager mon expérience de la vie et inculquer des valeurs aux futures générations. Et au final je me suis rendue compte que je ne voulais rien de tout ça.

Lorsque j'ai fait la connaissance de mon mentor, l'Âme Bleue, j'ai secrètement espéré devenir une tueuse. J'avais trouvé mon rêve : je voulais marquer l'Histoire. Qu'importe que l'on se souvienne de moi comme d'une héroïne ou non, ce n'était pas le plus important. Je voulais juste que l'on se souvienne de mon nom, de ce que j'avais accompli.

Car ma plus grande peur au final c'est de quitter ce monde sans avoir eu l'occasion de révéler au monde de quoi je suis capable. Je ne veux pas faire partie de ceux qui ont vécu sur cette terre mais dont personne ne se rappelle.

Oui, le voilà mon souhait le plus cher. Je ne veux pas être une héroïne, je veux être une légende ! Tout simplement parce que les héros n'existent pas, je l'ai appris il y a bien longtemps.

- Tu penses à quoi ?

Grave et séduisante. C'est ce que j'ai pensé de cette voix la première fois que je l'ai entendu.

- John. Que puis-je faire pour toi ?

Il rigole légèrement, son rire sonne plus comme une complainte à mes oreilles qu'à une manifestation de sa bonne humeur.

- Ce serait plutôt à moi de te poser la question. Je t'observe depuis pas mal de temps et je te trouve anormalement silencieuse.

- Je me demandais juste si...non rien, oublie. Ce n'est pas important, me renfrognais-je.

- Ce n'est pas à toi d'en décider. Si je te pose la question c'est que la réponse m'intéresse. On a du temps avant la reprise des cours, alors je t'en prie, dis-moi ce qui te pèse, m'incite-t-il à continuer ma phrase inachevée.

- Je voulais juste savoir ce que ça faisait, au moins une fois dans ma vie...de me sentir accepter comme je suis. J'aimerais savoir ce que ça fait de ne plus avoir de barrière, aucune limite. Juste se laisser porter par le courant.