SABRINA
- Qui est Bob ? me demande nonchalamment mon petit-ami.
J'avais complètement oublié qu'il était là lui. J'espère qu'il n'en a pas entendu davantage parce que sinon je serai dans l'obligation de me débarrasser de lui pour de bon.
- Ça ne te regarde pas Alexander, répondis-je froidement.
Je prends ma valise et fais demi-tour en direction des escalators.
- Tu comptes aller où comme ça ? m'interroge Alexander déboussolé.
- J'ai changé d'avis, je ne pars plus. Tout du moins pour l'instant.
Il part à ma poursuite pour venir se loger à mes côtés lors de la descente.
- C'est ce mec qui t'a fait changer d'avis ?
- Et si c'était le cas ?
Il fronce méchamment les sourcils, il doit voir Bob comme une menace. Si seulement il savait qui c'était, il ne réagirait pas de cette manière. Enfin bon, ce n'est pas de mon ressort, s'il veut être jaloux alors qu'il soit jaloux.
- Alors je le tuerai, affirme-t-il avec détermination.
- Ne parle pas de ce que tu ne connais pas abruti. Tu touches au moindre de ses cheveux et je te découpe en mille morceaux. Me suis-je bien fait comprendre ?
Il acquiesce visiblement renfrogner. S'il ne me croit pas capable d'exécuter mes paroles, moi je sais que ce n'est pas le cas. Le moindre faux pas et c'est un homme mort et enterré.
- Pourquoi tu ne me dis rien à propos de lui ? Tu l'aimes ?
Son ton agressif ne me plaît pas du tout, il va devoir redescendre de quelques étages s'il veut que je coopère.
- Je te répondrai lorsque tu te seras calmé, je ne suis pas restée pour t'entendre jacasser et te plaindre de sottises pareilles.
Il respire profondément et reprend son calme avant de me regarder droit dans les yeux.
- C'est bon je suis calme alors dis-moi qui est ce Bob.
- Bob est mon meilleur ami gay de quarante ans qui tient une maison close dans le quartier chaud de la ville. Encore jaloux ?
Il devient rouge de honte en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. C'est vrai qu'à sa place je ne ferai pas le fier.
- C'est la première fois que tu m'en parles, change-t-il de sujet.
- En même temps je ne voyais pas l'intérêt de t'en parler.
Il prend une pause et inspire intensément, cherchant probablement ses mots pour ne pas me vexer ou attirer mes foudres.
- Il y a cinq ans, avant que tu ne partes, je connaissais tout de toi. Je savais qui tu fréquentais, où tu passais tes journées. Toi et moi étions très complices mais depuis que tu es revenue il y a deux ans j'ai l'impression de côtoyer une étrangère. En dehors du lycée tu disparais sans crier gare, j'apprends que tu as un meilleur ami qui s'appelle Bob. Qu'est-ce que je ne sais pas encore ? Qu'est-ce que tu me caches avec autant de vigueur ? implose-t-il.
Je ne sais pas quoi lui dire mis à part que ce ne sont pas ses oignons. Dans un certain sens il n'a pas tort, je suis une étrangère.
Alors que j'allais lui répondre, je me sens soudainement projetée au sol par un objet d'origine inconnue.
- Sabrina tu m'as manqué !
- Ryo ? Qu'est-ce que tu fais là ?
Il sourit de toutes ses dents, apparemment content de ma réaction qui devait être celle attendue.
- J'ai placé une puce GPS dans le téléphone d'Alexander pour le suivre. Il ne voulait pas me dire où tu étais et comme tu ne viens plus à la maison ces derniers temps je me suis dit que j'allais faire le déplacement, m'explique-t-il.
Alexander s'énerve après son petit-frère en lui criant dessus.
- Tu m'espionnes ! Et tu l'as placé quand cette puce hein ? Je vais te le faire regretter avorton !
Je me relève soudainement pour empêcher Alexander de frapper Ryo. Ce dernier s'attendait à avoir plus de force que moi, malheureusement pour lui il ne m'arrive pas à la cheville. J'attrape son poing en plein vol et l'écrase à terre en le renversant. Je ne voulais pas faire étalage de mes talents devant eux mais si je n'avais rien fait Ryo aurait été bien amoché. Le petit-frère que je n'ai jamais eu s'extasie devant ma prouesse et me saute au cou pour me remercier.
- T'es la meilleure Sabrina ! Grand-frère n'a rien pu faire contre toi.
Alexander, toujours au tapis, me regarde éberluer.
- Tu recommences encore une seule fois et je te brise les os, pigé ? Alexander tu es le grand-frère, c'est à toi de montrer l'exemple. Comment tu peux te tenir fièrement en agissant aussi violemment avec Ryo ? le sermonnais-je.
- Depuis quand tu sais faire ça ? m'interrompt-il.
- Ah euh... j'avais des cours de self défense dans mon école privée en Australie, dis-je en toute innocence.
J'imagine qu'il devait être assez dubitatif, en tant que meilleur chef de gang du pays il ne pouvait pas se faire battre par une débutante qui a pris quelques cours.
- J'avais de bons professeurs, ajoutais-je. Au fait Ryo ça te dirait une promenade avec moi dans le nouveau parc qui vient d'ouvrir ses portes ?
- Oh oui ! crie-t-il surexcité.
- Je viens avec vous ! s'empresse de rajouter Alexander.
- Ce n'est pas à toi que j'ai proposé mais à Ryo.
- Et alors ? Je fais ce que je veux.
Ryo fait son plus beau sourire et à cet instant il beaucoup trop mignon, je pourrais le manger tout cru.
- Si grand-frère veut venir il peut, ça ne me dérange pas.
Bon si c'est lui qui m'en fait la demande.
- Soit, tu peux venir alors mais ne nous dérange pas, dis-je.
D'un coup Alexander devient rouge.
- Ce n'est pas comme si vous alliez en rendez-vous galant ! Pourquoi je vous gênerai hein ? C'est moi ton copain au cas où tu l'aurais oublié. Par conséquent je t'interdis de flirter avec mon petit-frère devant moi.
Je ris jaune.
- Non mais tu t'entends parler mon pauvre ? Si t'es si jaloux t'as qu'à faire des efforts pour plus lui ressembler. Parce que tu vois, lui ne se met pas en colère pour un oui ou pour un non, il ne va pas draguer tout ce qui bouge, il est gentil et attentionné, en d'autres termes tout le contraire de toi. Tu veux que je ne regarde que toi ? Alors change de comportement ! Je ne te demande pas d'être quelqu'un d'autre, d'être quelqu'un que tu n'es pas mais remet-toi en question Alexander ! Rester avec toi devient une source de stress permanente pour moi.
Après ce cours monologue, Alexander décide de bouder et finalement il s'en va en me laissant seule avec Ryo.
- Je suis désolé Sabrina, c'est à cause de moi que vous vous êtes disputés, culpabilise Ryo.
- Ne t'en fais pas mon cœur, ça nous arrive tout le temps de nous disputer.
- Alors pourquoi tu ne le quittes pas ?
- Parce que parfois il faut savoir faire des compromis pour arriver à ses fins. Garde bien ça en tête, les relations sont fragiles, elles peuvent se briser facilement. Les liens invisibles qui lient les gens entre eux sont un fouillis de contradictions qui nous empêchent parfois de prendre les bonnes décisions. Tu comprends ?
- Je crois, je n'en suis pas sûr.

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Méli-mélo
Teen FictionLe jour je suis une garce, ta pire ennemie. La nuit je suis une tueuse, ton pire cauchemar. CANARI est mon nom de code mais en réalité je m'appelle Sabrina TZARA. Ne vous méprenez pas, je ne suis pas du genre à combattre les forts pour protéger les...