On peut s'aimer - Royal Saga

Prologue

C'était un jour d'été, au mois de juillet. Il ne faisait pas trop chaud et on roulait en voiture depuis des heures. Tout allait pour le mieux. Rien n'aurait plu présager ce qui allait arriver. Peut-être était-ce ma belle-mère qui me maudissait de gâcher sa famille et de lui enlever son fils. La dernière fois que je l'ai vue, elle m'a dit que j'avais entraîné Tom sur le mauvais chemin. Que notre bébé était un enfant du diable.

Malgré toutes les épreuves, j'étais heureuse. Je me souviens m'être tournée vers mon mari. Il fixait la route, l'air concentré et sentant mon regard, il m'a souri. Ses yeux si bruns brillèrent. A mon tour, j'ai souri et il a reporté son attention sur la route. J'ai admiré son profil, si beau et singulier. Il n'avait que vingt ans, il faisait plus âgé. Ses cheveux noirs volaient au vent, à cause de la fenêtre baissée. Nous nous étions mariés sur un coup de tête et on ne le regrettait pas.

Je crois n'avoir jamais aimé autant une personne de ma vie. On se connaissait depuis le lycée. Alors, on se connaissait par cœur.

Je posai une main sur mon ventre rond. Ma petite fille me donnait des coups de pieds assez forts. J'allais bientôt rentrer dans le neuvième mois de grossesse. La dernière ligne droite. Je caressai distraitement mon abdomen, fatiguée par le trajet.

- On s'arrête bientôt ? J'ai demandé en jetant un coup d'œil sur le paysage.

Je n'aurai jamais su dire ou je m trouvais. Mon sens de l'orientation était très minable et Tom m'avait répété pendant des jours, que notre destination était une surprise. Aucun panneau n'indiquait l'endroit ou nous nous trouvions,

- Dans quinze minutes. Il y a une pompe à essence plus très loin. C'est le bébé ? Tu dois faire pipi ? S'inquiète-t-il en me fixant avec anxiété.

Je le calme en posant une main sur sa cuisse.

- Ça va, je vais pouvoir attendre.

Et alors que nous roulions tranquillement au milieu de tous ces arbres, une voiture est arrivée en face de nous. Très vite. De loin, c'était un minuscule point foncé mais il grossissait au fur et à mesure. Au cours des longues minutes qui se sont écoulées, je m'étais rapidement rendue compte que c'était la seule que nous avions croisée. Je ne savais pas pourquoi mais c'est comme si je le savais. J'ai ressenti un mauvais pressentiment. Mon instinct s'est révélé juste au dernier moment.

Le moment ou tout a dérapé. Le moment ou cette voiture a percuté la notre violemment, nous projetant dans un ravin. J'ai eu l'impression que cet instant a duré des heures et des heures. J'ai ressenti une immense douleur. La plus terrible jamais sentie au monde.

Et j'ai eu l'impression de mourir. Plusieurs fois. Encore et encore.

Tout est devenu noir.