Chapitre 58

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Nous sommes dans un café. Enfin, lui et l'homme. Sans moi. Il ne m'a pas laissé venir avec eux. Je suis trois tables plus loin. En les attendant, je bois un cocktail, sans-alcool évidement.

C'est son père. J'en suis sûre, Malick le ressemble un petit peu à la forme du visage et ils ont le même nez. C'est la première fois que je vois quelqu'un de sa famille. Sa mère est morte, il me l'avait dit il y a longtemps. Il a une soeur aussi.

Je ne sais pas pourquoi mais j'aurais voulu faire connaissance avec son père. Mais ça ne me regarde pas.

Je les vois très bien de ma place mais je n'entends que des brouhaha. Il y a trop de gens.
Malick a les bras croisés et le visage fermé. Pourquoi ?

Seulement son père parlait. Malick lâchait juste deux-trois mots de temps en temps.
Au bout d'une trentaines de minutes je dirais, le père se leva, remit sa veste, lui dit encore quelque chose avant de lui laisser un petit papier devant sa main puis s'en alla. Je le vis ensuite venir vers moi.

Le père - Excusez-moi pour l'attente.

Hayat - Ohh, pas de soucis.

Il jeta un coup d'œil à Malick.

Le père - J'espère vous revoir eum...

Hayat - Hayat.

Il me regarda tout de suite, surpris, dans les yeux et comprit que j'étais turque.

Hayat - Ce sera avec plaisir, iyi akşamlar (bonne soirée).

Il me sourit d'une manière bienveillante puis sortit du café.

Malick me rejoignit, je finis mon cocktail en deuxième vitesse puis on s'en alla.

Je sentis qu'il n'était plus en colère. Il était d'une humeur spéciale, que je ne lui connaissait pas. Nostalgique ? Triste ? Étonné ? Fatigué ? En tout cas il n'a pas dit un mot depuis qu'il m'a obligé de rester trois tables plus loin que la leur. J'entrai dans la voiture à côté de lui pour ne pas créer d'histoires, de toute manière je ne peux pas rentrer autrement. Il entra aussi et démarra en silence.

On arriva devant chez moi. Ça me rassura un peu pour ma mère. Je ne savais pas s'il allait me ramener.

Il faisait nuit noir. Les quelques lumières à l'intérieur de chez moi éclairaient faiblement jusqu'à notre voiture.

J'allais ouvrir la portière et m'en aller quand j'entendis un tout petit chuchotement de sa part « Pourquoi ? » qui avait été dit si doucement que j'ai eu de la peine à le comprendre.

Je me ravisai et le regardai. Je fus très surprise...

Son menton et ses lèvres tremblaient, son regard fuyait vers l'horizon. Il ne put empêcher un sanglot de s'échapper. Je ne sus pas quoi faire. J'étais décontenancée. Jamais, au grand jamais je ne l'avais vu dans cet état. Mon cœur se déchira en morceau. Le voir comme ça était une chose que je ne pouvais pas supporter.

Je me penchai vers lui et lui prit timidement le visage dans mes mains. Je lui caressai délicatement sa peau douce et sa barbe. Il sursauta dû au contact. Ses yeux croisa une millisecondes les miens avant de les fuir à nouveau.

Hayat - Malick...

Son menton tremblait toujours, comme s'il allait pleurer. Il se retenait vraiment.

Hayat - Bana bak (regarde moi).

Je lui parlait d'une voix faible et douce pour qu'il se calme. Ça me fait tant de mal de le voir souffrir.

Une douloureuse et solitaire larme coula de son œil droit jusqu'à ses lèvres.

Hayat - Je ne t'ai jamais remplacé Malick.

Il tourna en fin son regard meurtri vers moi. Je ne lui laissai pas le temps de faire quelque chose.

Hayat - Seni seviyorum (Je t'aime).

J'écrasai mes lèvres contre les siennes, tendrement, sentant la petite goutte de tristesse qui avait coulé sur celles-ci.

N'osant pas affronter ses yeux verts surpris sur moi, je fermai les miens. Ses lèvres aussi douces que sa peau, comparable à du miel, murent quelques secondes après contre les miennes. Ces nouvelles sensations me procurèrent des frissons tout le long de mon corps.
Ses lèvres s'étirèrent en un sourire. Une chaleur s'immisça petit à petit en moi.

Je m'écartai de lui pour reprendre mon souffle mais à peine que je pris une bouchée qu'il me plaqua à nouveau contre ses lèvres, une main m'entourant le dos. Ce baiser prit une tournure complètement différente. Elle transmettait d'autres sentiments. Il était plus puissant. Plus fort. Alors que le premier était délicat et doux.

Sa main gauche se posa sur mon cou alors que son autre main me pressait contre lui. Son pousse faisait des vas-et-viens. Je fourrai les miennes dans ses cheveux alors que le baiser se prolongeait et devenait plus intense.

Il me repoussa pour qu'on reprenne notre souffle. On ouvrit les yeux en même temps. Je baissai le regard, les joues couleurs cerise. Je ne me rendais pas encore compte de ce qu'il se passait.

Il me prit soudain dans ses bras en me serrant de toute ses forces.
Malick - *voix rauque* Merci...

C'était comme s'il se confiait à moi alors qu'il ne me parlait pas. Je retrouvai en fin le Malick que j'avais quitté la dernière fois. Celui qui me donnait des sensations que seul lui en connaissait le secret.

Tout ça signifiait tellement pour moi. C'était trop beau. Des petites perles salées dévalèrent mes joues silencieusement.

Malick - Tu pleures ?

Il me releva la tête. Je cachai mes yeux avec mes mains. J'étais tellement gênée. Et j'étais bête de pleurer devant lui !

Il prit mes mains et essaya de les enlever.

Hayat - N...on.

Il écarta mes mains par mes poignets. Nous étions toujours très proches. Mon cœur tambourinait à tel point que je l'entendais. J'avais vraiment de la peine à soutenir son regard. Mes yeux étaient encore noyés de larmes, je n'arrivais plus à les arrêter. C'était tellement beau ce qui c'était passé que ça m'a vraiment touché.
Il ne m'a pas repoussé, il m'a embrassé en retour.

Je me perdis dans son regard. Il passa son doigt sur ma joue pour en essuyer quelques unes qui avaient débordées.

Malick - Ağlama... Tamam mı ? (Ne pleure pas... D'accord ?)

J'hochai la tête en m'essuyant les yeux.

Malick - Heidi git, annenin endişelenecek. (Allez pars, ta mère va s'inquiéter.)

J'ouvris la portière et me levai, triste de partir alors qu'en fin les choses s'approfondissaient. Je fermai la porte. J'avançai lentement vers le porche sans oser regarder derrière moi.

J'entendis un bruit de vitres bouger.

Malick - Hayat !

Je me retournai immédiatement. Il avait baissé les fenêtres.
J'entendais toujours mon cœur battre jusqu'au fond de mes oreilles.

Malick - Bende. (Moi aussi.)

Il me fit un faible sourire où sa faiblesse du moment transparaissait encore.

Ne bende ? (Quoi bende ?)
Les roues crissèrent sur le macadam et je vis seulement les phares rouges s'éloigner. J'aurais pu rester ici longtemps, à attendre que la voiture revienne et qu'il me kidnappe comme à son habitude. Comme Luigi kidnappe Peach.

? - Hayat !? Mais où étais-tu ?
Hayat - Anne ! (Maman !)

Des mots et des mots...
Ce chapitre est un concentré d'actions. J'espère que ça vous plaît par ce que moi j'y ai pris du plaisir à le faire même si autant de mots pour moi n'est possible qu'en vacances.
Gros bisous 💗
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Deux cœurs troués - HayatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant