Deux cœurs troués - Hayat

Chapitre 56

On s'installa à table, le sourire aux lèvres à toutes les deux. Moi car j'avais mon plat préféré dans mon assiette et ma mère car ça me faisait plaisir ce qu'elle m'avait préparé.

Je l'aime tellement.

Je croquai à pleine dent mon Börek.

Vous allez peut-être vous dire que j'en mange tout le temps mais il y'en de plusieurs sortes, de différentes pâtes et différentes farces. Et je les aime tous ! Alors autant vous dire que j'en mange assez souvent...

Hayat - Mmmmmmmh ! Anne ! Çok güzel oldu. ( Maman ! C'est trop bon.)

Elle sourit avant de manger à son tour.

Hayat - En fait, ce matin tu voulais me parler de quelque chose.

Elle fronça les sourcils.

- Tu m'as dis que tu voulais me parler ce soir quand je partais à l'école.

Anne - Ahhh !

Je mordis de nouveau et m'en mis un peu partout sur la joue.

Anne - Je ne sais pas trop si ça va te plaire annecim (ma fille). Mais c'est pour toi.

J'arrête de manger, elle commence à me faire peur.

Hayat - Qu'est-ce qu'il y'a ?

Anne - Je pense que tu devrais prendre un répétiteur pour les cours que tu as loupé, tu sais ? Dans pas très longtemps tu as les examens et ce serait bête de les rater alors que tu t'es battue jusqu'à maintenant.

Hayat - Mmh.

Anne - Alors ?

Hayat - Je n'ai pas très envie. Je viens de revenir et je dois déjà travailler comme pas possible alors qu'on n'a rien partagé ensemble.

Anne - Mais on va partager des choses ensemble Hayat, ne t'inquiète pas. On a tout le temps devant nous. Mais ces examens sont très importants pour ton futur. Et puis de toute façon tu est ici maintenant. On n'est plus séparée.

Je détournai mon regard. Le fait que je revienne à la maison et à peine que je la revois je dois de nouveau travailler sans pouvoir profiter d'elle m'énerve. L'école prend trop de place. Je ne m'étais pas imaginée que je ne puisse pas passer des moments avec elle. Mais elle a raison, je ne vais pas tout gâcher pour un mois. Et puis je la verrais tous les jours, je prendrais du temps au maximum, pour être avec elle.

Anne - Tamam mi ? (D'accord ?)

Hayat - Tamam. (D'accord.)

[...]

J'attends mon "répétiteur". Franchement ça me saoule. Je n'ai pas envie de perdre du temps pour ça. Mais bon, je veux lui faire plaisir. Et puis, elle a raison quand même, je veux terminer cette année avec un diplôme dans la poche en partant.

Ma mère n'a bien sûr pas fait les choses à moitié. Elle a directement regarder comment en trouver un après que j'aie accepté et vingt-quatre heures plus tard me voilà en train de l'attendre.

La maison est silencieuse, seules les gouttes de pluies tombant sur les fenêtres se font présentes.

Elle est allée pour la première fois au travail depuis cinq jours, seulement car j'ai vraiment insisté, il faut qu'elle sorte, qu'elle respire autre-part qu'à la maison, elle étouffe ici à force de l'attendre, d'atteindre des nouvelles de lui. Ça lui fera passer le temps aussi. Ici, elle s'ennuie. Toute la journée quand je suis à l'école elle regarde la télé ou fait dix mille fois le ménage.