Deux cœurs troués - Hayat

Chapitre 41

Akif :
Je vois qui ? Je vois QUI ? Elle et son keum ? Elle me prend pour son tahane ? Elle baise tous les gars qu'elle trouve dans la rue et elle ose venir dans notre centre ? Celui qu'on venait toujours petits avec anne (maman) ? Quel pute. J'y crois pas.
Nan mais en faite je m'en bas les klewis. C't'ordure ne fait plus partie de notre famille. Anne (maman) elle pleure pour ça ? Ce genre de déchet ? Non, non. Elle va voir qui va pleurer à la fin.

Point de vue de Malick :

Je m'arrêtai devant le garage de la maison. Mais je ne compte pas la laisser partir comme ça.

Malick - Maintenant tu vas tout me raconter, par ce que je te jure que si tu le fais pas ou que tu me mens je te laisse dehors dans la rue et je pense pas que ton frère viendra te chercher pour te prendre à la maison.

Elle tourna sa tête vers moi qui était avant vers la fenêtre, regardant le paysage, ou plutôt étant dans ses pensées.
Ses yeux s'embuèrent à la seconde même où ils rentrèrent en contact avec les miens. C'était comme si c'était une goutte qui avait renversé le vase. C'était la goutte de trop.

Hayat - Babam.. (Mon père...)*pleure*

Elle réessaya en reprenant sa respiration.

Hayat - Mon papa il est mort.. Et..j... Il... Akif m'a toujours frappé depuis. Il disait qu'il était l'homme de la maison.. maintenant qu'il n'était plus là. Il voulait toujours montrer que c'était un homme, qu'il avait tous les droits sur moi.
Chaque fois que je faisais quelque chose qu'il ne concevait pas ou qu'il n'aimait pas c'était un coup que je recevais. Ma mère au début, elle essayait..*snif* elle essayait tellement.. qu'on se réconcilie, qu'il arrête de me frapper, qu'on redevienne ces frères et sœurs proches lorsque nous étions plus petits...
Elle me demandait tout le temps de faire des efforts, de ne pas l'énerver, de le satisfaire. Par ce que lui, il ne faisait pas d'efforts alors ça ne pouvait venir que d'un côté. De moi.
Mais chaque fois c'était la même chose. Il recommençait.
Il voulait toujours passer pour la victime, comme quoi c'était de ma faute, que lui n'en pouvait rien et cætera.
Il ne s'excusait jamais. Jamais. Mais pour faire plaisir à ma mère je me disais que cette fois-ci ça allait être la bonne... Alors je pardonnais, j'essayais de passer à autre chose.

Elle prit un mouchoir dans son sac et s'essuya les yeux avec.

Hayat - Chaque fois, j'essayais de tenir ces pensées fermées à clef dans mon cœur troué. Troué par le manque d'amour d'un frère mais plus tard aussi le manque d'amour et de compréhension d'une mère.
Mais combien de fois j'ai dû me le dire cette phrase ? Combien de fois...
Ma mère n'en pouvait plus. Je pouvais faire tous les efforts possible, l'éviter, ne lui parler que lorsque c'était obligé mais il trouvait même des raisons de me frapper lorsqu'il n'y en avait pas. Ma mère a commencé à ne plus faire de remarques. À ne plus le réprimander. Il pouvait me frapper devant ses yeux sans qu'elle ne dise rien. C'était comme si je ne me faisais jamais battre. Puis après elle a même commencé à le favoriser alors qu'il était à chaque fois en tort.
Alors à quoi bon crier si personne ne peut venir à mon secours ? Si personne ne peut m'aider ? Si personne ne veut prendre ma partie ?
Maintenant je passe pour une prostituée pour mon frère mais surtout pour ma mère. Je crois que je l'ai perdue à jamais. Cette famille n'existe plus. On était quatre, on est devenu deux. Mon père est parti au ciel mais moi pas. Alors pourquoi moi je ne fais plus partie de cette famille ?

Ses yeux versaient des larmes et des larmes comme un robinet qu'on avait oublier de fermer.

Un poids était à présent dans mon cœur. Je me sentais lourd. Ce gros secret, ce lourd fardeau qu'elle portait, elle me l'a tout confié.

Je ne pu m'empêcher encore plus. Je décrochai ma ceinture et sortit de la voiture...

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