Deux cœurs troués - Hayat

Chapitre 59

Je courus dans ses bras.
Elle me regarda bizarrement.

Anne - Rentre, tu vas avoir froid.

Une fois à l'intérieur elle ne me laissa même pas le temps d'enlever ma veste qu'elle m'obligea à m'assoir sur le canapé.

Anne- Tu vas me raconter maintenant, et tu n'as pas intérêt à me dire des conneries.

Hein !? Mais en fait ça fait deux heures et demie qu'elle est arrivée à la maison, forcément elle a remarqué mon absence surtout que je devais être avec David.
Eum, comment lui dire que mon kidnappeur m'a rekidnapper, en oubliant pas le fait qu'il ait frappé mon répétiteur. Franchement je ne sais pas.

Hayat - Anne...

Anne - Je t'ai dit, pas de conneries.

Hayat - C'est compliqué.

Anne - C'était un garçon dans la voiture ?

Alors elle m'a vue ? Voyant que je ne réponds pas elle ouvrit grand les yeux.

Anne - Ne ! (Quoi !) Tu es rentré avec un garçon ! Toute seule en plus et la nuit !

Alors en fait elle n'a pas vu, bah crotte. Elle a juste dû entendre le moteur.

Hayat - Ce n'est pas ce que tu crois ! Ne pense pas à ce qu'Akif à raconter sur moi, c'est quelqu'un... que je connais qui est venu et voilà.

Anne - Quoi « et voilà » !?

Hayat - Bah le répétiteur était pas disponible, je crois, du coup je suis partie. Mais je n'ai pas pu te prévenir car j'avais oublié mon téléphone à la maison.

Elle tourna la tête et le vit sur la commode d'entrée. C'était la seule chose vraie dans mon histoire. Quoi que le fait qu'il n'était pas disponible et que Malick est quelqu'un que je connais, était aussi vrai.

Je culpabilisais de lui cacher ces choses. Je lui dirai peut-être un jour...

Anne - Cet homme, tu le connais comment ?

J'haussai les épaules. Je me voyais mal lui dire comment ça s'était passé...

Anne - Tu l'aimes ?

Une vague d'eau me fouetta le visage. Je ne m'y attendais pas. C'était comme une bombe. Et puis qu'est-ce que j'en sais moi.

Mon regard se perdit quelque part. Quelque part loin d'ici, de mon salon et de ma mère, mais près de quelque chose d'autre ou plutôt près de quelqu'un.

On entendais plus que le bruit de la machine à laver tourner. Je n'osais ni la regarder ni lui répondre. Il fallait déjà que je trouve quoi lui dire.

Anne - Et lui, il t'aime ?

La scène dans la voiture fit instantanément surface dans ma tête. Son regard, ses mains sur mon dos et ma joue, ses courtes mais suffisantes paroles pour m'ébranler me fit monter le rouge au joue.

Hayat - *j'haussai les épaules*...

Anne - Mmh, *elle se leva et s'avança vers la cuisine* vu que tu n'étais pas là, j'ai fais un peu de ménage et j'ai cuisiné quelque chose pour toi.

Hayat - Merci, je t'aime anne.

Anne - Mais je ne pensais pas que tu prendrais autant de temps.

Elle me remplit une assiette de domatesli biberli bulgur pilavı (Bulgur aux tomates et aux poivrons). J'aime trop ! De toute façon, tout ce que ma mère fait je kiff.

Hayat - Yes !

Elle lâcha un petit rire en me déposant l'assiette à table, des services étaient déjà à table.

Hayat - Tu as déjà mangé ?

Elle secoua la tête.

Anne - Non, non je n'avais pas faim.

Elle mange pas beaucoup en ce moment. J'ai peur par ce que sa santé se dégrade un peu petit à petit. Elle est très fatiguée car elle ne dort pas, elle mange très peu et pleure beaucoup. Heureusement qu'elle travaille un petit peu maintenant. Ça l'aide à penser à autre chose.

Je me lève, prends une assiette et commence à la servir.

Anne - Ne yapıyorsun ? (Qu'est-ce que tu fais ?)

Je lui donnai l'assiette et des services puis je nous rajouta des verres avec un pot d'eau.

Hayat - C'est parfait comme ça annecim benim.(~ma maman d'amour/maman)

Elle me sourit en fin, faut dire que je culpabilisais de l'avoir laissée seule et sans nouvelles de ma part. Peut-être qu'elle s'était sentie très mal par ce que cette situation était comme si moi aussi j'étais partie de la maison comme Akif.

On mange tranquillement, aucune des deux n'a trop parlé, on était toutes les deux fatiguées, et puis la scène ne quittait plus mon esprit...

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