Chapitre 2.

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    Je la suis sans dire un mot de plus mais je n'ai que ça qui encombre ma tête. Des réminiscences de moments inoubliables et surtout, un moyen de m'échapper de cet enfer avant que je n'arrive à destination. Une fois que j'ai atteint le salon, je me stoppe net, comme si un portail construit de souvenances invisibles, m'empêche d'avancer, de sortir de ce journal intime encore ouvert. 

Les larmes embrument bientôt ma vision. Je les tripote du bout des doigts pour m'en débarrasser le plus vite. Ce ne sont pas des larmes de joie ni de tristesse ou même les deux, mais je ne sais pas ce que je ressens au fond de moi. Je vis dans cette maison depuis ma plus tendre enfance tandis que j'ai réalisé les premiers pas qui sont du moins parfaits, là, à cet endroit précis. De plus, cette maison au style plus ou moins débraillé regorge d'émotions, comme de restes de honte et de peur de mon adolescence . 

Je tremble rien qu'à l'idée de m'arracher une partie de ma jeunesse. En remarquant ma réaction peu joyeuse, Charlie s'empresse de me piéger le poignet entre ses doigts pour m'extirper une bonne fois pour toute de la figure de mon passé. Elle m'entraîne d'une marche rapide à l'extérieur. Quand je franchis la lourde porte d'entrée, le soleil m'enveloppe de sitôt et m'éblouit, comme si, lui aussi, ne souhaite pas non plus mon départ. Maman nous attend sagement, occupée sur son téléphone dans la voiture. Mon père quant à lui, aide deux hommes plutôt musclés a déplacer la télévision dans le camion blanc censé transporter nos affaires. J'ouvre doucement la portière pour ne pas la déranger dans ses activités mais le bruit qui jaillit du véhicule, lui fait faire un petit saut .

 - Eh bien, ce n'est que maintenant que vous vous pointez ? Elle reprend son souffle avant d'ajouter sur un ton un peu plus prononcé. Allez dépêchez vous, vous n'allez quand même pas rester ici !

J'aurai tant apprécié que ses paroles en l'air soit belles et bien réelles... Et pourtant son air innocent m'efforce à monter. Je me positionne à côté d'elle, mes yeux se mettent à fixer le maison maintenant inaccessible derrière la vitre du véhicule. Parfois ils vrillent c'est vrai, mais je ne peux m'efforcer de loucher tout de suite sur le petit jardin dont on s'amusait à jouer aux barbies. Même si la peine règne en moi, l'atmosphère, en a décidé autrement. Ma tête se colle à la vitre, quand des vibrations me traverse. Maman tourne la clé pour raviver le contact, la voiture démarre, nous partons pour direction l'autoroute.

[ Chapitre 3 prochainement...]

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