Chapitre 17.

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    En dépit de mon instinct persuasif de ne pas suivre Hugo, je marche tout de même sur ses pas, curieuse de savoir ce qu'il pourra se passer par la suite. Je suis proprement partagée entre la peur et l'empressement de découvrir qu'elles sont ses intentions envers moi . Je sais que je pourrais moi même me traiter de timbrée mais je garde cette impression que lui ne me fera rien. Nous longeons la cuisine pour monter des escaliers en colimaçon. Arrivés en haut, un couloir s'enfonce tellement que l'on ne peut pas y voir le fond. Seule la toute petite source lumineuse qui jaillit du smartphone d'Hugo ainsi que de celle qui rôde au rez-de-chaussée nous éclairent dans la pénombre qui nous engouffre, impossible de trouver l'interrupteur. 

Mon accompagnateur me guide en dirigeant son téléphone droit devant lui jusqu'à trouver en vain, une porte sombre qui apparaît devant nous. Il s'empresse de l'ouvrir d'un coup puis ne s'arrête de bouger seulement quand il réussit à toucher l'interrupteur de la chambre. Je ne cesse de me gratter la peau sèche de mon pouce avec mon ongle. Harrison quand à lui, s'allonge sans gêne sur le matelas  satiné en pliant simplement une jambe, les yeux de nouveau scotché sur son portable. Je finis par entrer pour m'assoir sur le lit d'où mes jambes y pendouillent le long. 

Quelques unes de mes mèches ondulées partent de ma coiffure et se délivrent de cette dernière. Je ne sais si c'est l'alcool, la tension ou l'heure mais la fatigue s'empare peu à peu de mon corps. Je m'allonge à côté d'Harrison pour au final lui tourner le dos.  

Mon téléphone sonne une seconde fois. Cette fois j'ouvre les yeux, pour me rendre compte qu'Hannah m'a appelé 8 fois ces dernières minutes. Je m'assois et me frotte les yeux avant de reposer mon portable sur la petite table à côté du lit. Je ne suis pas dans mon lit ? A oui c'est vrai le défi ! Je jette quelques coups d'œil autour de moi avant de le bloquer sur Hugo, endormi lui aussi. Il est allongé, en forme d'étoile. Je profite de son immobilité pour examiner son avant bras, deux flèches croisées y sont ancrées sur sa peau. C'est surement mon côté à fleur de peau qui surgit mais j'ai envie de caresser du bout de mes doigts ses tatouages... Et pourtant j'appose mon index sur l'une des flèches. Sa peau est chaude et légèrement humide de sueur. Je n'ai aucune idée s' il doit le sentir même si il n'est pas éveillé. Vite, je sursaute, il tremble dans le lit en marmonnant des mots incompréhensibles alors que son visage s'endurcit davantage. Se doit être un cauchemar qu'il endure...

- Hugo ? Hugo ? Réveille toi...

Il entrouvre brusquement ses yeux illuminés. Son torse se gonfle puis se dégonfle sous la stupeur.

- Hugo tu as fais un cauchemar et je...

Ma phrase a à peine le temps de sortir de ma bouche que je sens son corps humide et chaud contre le mien. Ses bras enroulent ma taille d'une telle force que malgré tout j'apprécie. Son souffle se balade pour chatouiller mes oreilles. Je ferme de sitôt les yeux , ne broyant plus que du noir ; les souvenirs de son visage apeuré ne s'arrête de s'imposer dans ma tête. A l'espace d'un court instant, je respire fortement afin d'essayer à tout prix de le laisser tomber, je sais bien qu'il est inaccessible. Il y a énormément de choses qui nous empêcheront ne serait-ce que de nous frôler... Comme sa majorité par exemple... Ou ce défi qui n'en ai rien qu'un, en oubliant la chambre dans laquelle je suis bel et bien coincée . Je suis ainsi prise dans un piège dont je ne peux en sortir vivante. Je ne sais quoi faire face à l'étonnement qui m'envahit,  j'appose mes bras autour de sa nuque pour m'enfuir dans son cou sans même le savoir. En revanche, il s'extirpe sans tarder pour effleurer mes lèvres des siennes. Uniquement quelques centimètres nous séparent l'un de l'autre.

- Non, je n'y arrive pas... Il se recule hors du lit. 

Je me ronge les ongles avant qu'un silence puissant s'installe dans la pièce. Sans bien comprendre, je le vois sortir de la chambre d'un air déterminé, me laissant pareillement en plan. Que voulait t'il dire par là ... La peine a laissé place à l'insouciance alors pourquoi je ne bouge pas? Clouée aux draps.

[ Chapitre 18 prochainement... ]

SOMETHINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant