Chapitre 20.

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    Hugo, qui se retrouvait quelques mètres derrière moi , marche à présent à mes côtés, aussi silencieux que l'affreuse atmosphère qui s'étend sur nous. Même si je ne le regarde pas, je peux deviner des cicatrices qu'il essaie tant bien que mal de cacher. Il baisse la tête brusquement comme s' il ne la contrôlait plus, espérant camoufler aux mieux son visage tout droit sorti d'un film d'horreur. Seulement son plan ne fonctionne pas à cause des gouttes rouges qui se suivent. Partant de son front amoché à son menton en piteux état, pour s'y détacher et s'aplatir sur le sol, les unes sur les autres. L'eau et la couleur rouge écarlate de son sang font un contraste de rose que je ne trouve d'ailleurs pas déplaisant. 

Je pivote la tête tout doucement pour qu'il ne me remarque pas. Ses phalanges sont déchirées et la simple envie de décamper  de dégoût en les voyant qu'il les masse pour essayer tant bien que mal d'effacer les cicatrices me tire au cœur. Du moins, je n'y arrive pas, je ne peux pas. Je n'ai jamais apprécié que l'on me contredise, comme il l'a fait dans la chambre. Mais malgré son comportement qui m'est apparu insupportable, c'est également le garçon qui m'a sortie d'un effroyable cauchemar.  

A ce moment là, je ne veux que lui prendre la main, pour la sentir sur la mienne, comme là-bas, à la fête. En temps normal, je me montre maniaque et l'idée de me salir qui plus est, avec du sang. Pourtant bien que je sois absurde, je le déteste autant que je peux adorer le sentir près de moi et le strict minimum serait de lui tenir compagnie, pas de le fuir éternellement comme j'avais prévu de le faire. 

Je l'observe se dépeigner la chevelure de ses mains, enlevant ainsi le gel  qui recouvrait ses cheveux jusqu'à maintenant. Je ne peux m'empêcher de sourire en les voyant en pagaille et légèrement ondulés. Je le trouve irrésistible comme ça et franchement, je ne comprends pas pourquoi il les cache sous ses produits chimiques.  Je ne peux m'efforcer de ne pas lui imposer mon regard pesant sur ses mouvements réguliers et rapides, on pourrait croire que ces cheveux dansent en recouvrant ses doigts presque invisibles dans sa crinière. Ce qui me fait lâcher un petit rire d'amusement, incapable de le calmer en moi. En écoutant mon ricanement indiscret, il tourne ses yeux couleur châtaigne vers moi, s'immobilise quelques instants tout en imitant un air étonné en ma réaction  complètement dépassée. En percevant son regard posé sur moi, je tourne les yeux vivement pour virer mon regard n'importe où tant que c'est à l'opposé du sien.

- Ça va ?

Je tourne brusquement la tête vers lui, sans que je l'ai moi-même voulu. J'aurai tellement aimé lui répondre que oui, je me sens bien et que je ne suis pas chamboulée et perdue. Mais j'ai beau penser le contraire, rêver d'autres choses, l'angoisse et la peur se chamaillent dans mon esprit.

- Oui, mieux que tout à l'heure... Je mens ouvertement, et merci... Si j'avais pu, je lui aurai sauté dans les bras ou une affection soudaine m'aurait traversé l'esprit mais là, je ne sais pas quoi faire d'autre que de lui présenter verbalement ma gratitude, je suis beaucoup trop intimidée par sa carrure.

- Et maintenant ? Me demande t'il en passant  ainsi du coq à l'âne.

- J'aviserai de retrouver Hannah à la fête. 

- Tu plaisantes, c'est  au moins à 2 kilomètres. Il réplique.

Mais lui, que faisait t'il si loin de la maison d'Aaron ? Je me mords la lèvre inférieure, plus si sûre de mon plan de départ. 

- Viens chez moi ? Me demande t'il en abaissant la voix à ne plus l'entendre du tout.

Mes yeux s'arrondissent de nouveau, je tourne la tête vers lui.

- Je ne peux pas...c'est plus compliqué que ça.

- Mais où tu veux dormir ? Tu vas pas faire le chien errant avec tous les vautours de quartiers malfamés.

- Ouais mais...avec toi... Je ne sais pas, je n'y arrive pas. Et là... Je ne savais pas ce qu'a pensé ma tête pour répliquer une telle chose. C'est sur qu'une flamme de colère s'embrasait encore dans ma tête mais je la retenais de sortir, jusqu'à maintenant.

- Bon...ok, salut . Il me fait un hochement de tête, me tourne le dos et avance dans la direction a l'opposé de la mienne .

Et si je ne trouvais pas d'arrêt de bus... Je repense à mon lit qui doit m'attendre avec impatience. Et si d'autres personnes comme l'autre espèce de cinglé rodent encore la nuit... M'explique ma conscience, me rendant donc mitigée.

-  D'accord... Je soupire.

Il s'inverse précipitamment de sorte à ce que je vois sa figure.  Un large sourire couvre ses lèvres tâchées de sang. En tout cas il essaie de le garder malgré ses blessures qui l'en empêche sévèrement.

- D'accord quoi Lana ? 

Je souffle.

- J'te suis. 

[ Chapitre 21 prochainement...]

SOMETHINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant