SOMETHING

Chapitre 23.

    Le jour s'incruste dans la chambre que j'avais laissée sombre hier soir. Je fronce les sourcils, je n'ai aucune envie de bouger, ne serait-ce que d'ouvrir mes yeux. Simplement, la première réaction qui me traverse l'esprit est de me recoiffer brièvement , ma coiffure à empiré depuis la nuit dernière. Je m'assieds, laissant tomber mes jambes trop pénibles à soulever, trop lourdes. Ma vue maintenant dégagée se disperse sur tout ce qui m'entoure. Aussi, je peux remarquer , qu'été comme hiver, les sous-vêtements toujours aussi tape-à-l'œil disposés sur le plancher. Je réalise à ce moment que je suis encore dans l'endroit que je redoutais le plus. Un léger souffle m'échappe pour disparaître dans l'espace restreint de la pièce colorée.

Je ne perds pas plus de temps, je refais vigoureusement le lit en signe de gratitude pour Hugo, puis me rhabille de la façon la plus rapide qui existe. Le t-shirt  qui m'était prêté lors de la nuit dernière,  supporte dès à présent mon odeur et est bientôt soigneusement plié, et posé au milieu du matelas. 

D'habitude j'ai horreur de remettre mes vêtements sales de la veille. Par ailleurs, ces derniers empestent l'alcool ce qui me déstabilise légèrement. Mais cette fois, je les enfile en un éclair de peur que quelqu'un entre là ou il ne faut pas. Au passage, je réordonne ma chevelure, le faire sans examiner mon reflet dans un miroir est un vrai challenge pour moi. Mes bras gesticulent dans tous les sens pour au final rendre une queue de cheval en haut de mon crâne.

Je fourre dans ma sacoche mon portable rechargé à 100 %, puis me dirige vers la sortie de l'appartement, espérant néanmoins ne pas croiser le regard d'Hugo. En tout cas, pas après ce qu'il s'est produit hier soir, cela serait beaucoup trop stressant pour l'un comme pour l'autre... Je sais... Ça ne se fait point de partir sans remercier mais  je ne dois pas tarder. Chose ratée, j'aperçois le blessé à la cuisine. Il se caresse langoureusement la tête d'une main ferme et appuie sur la cafetière de l'autre. 

Mes pas semblent discrets pour ne pas porter l'attention sur moi. Il ne me remarque pas seulement au moment où ma main recouvre la poignée gelée, je sursaute. 

- Et bien, je n'ai même  le droit à un " au revoir et merci" . me demande t-il avec un léger sourire

Le garçon qui se tient debout devant moi imite une voix qui monte dans les aigus mais la honte qui parcourt mon corps s'appuie plus sur le fait de partir seule et de plus, sans le remercier. Je me retourne pour lui expliquer.

- Excuse moi... Merci encore. Ma voix est faible d'intimidation. Mes parents doivent être morts d'inquiétude donc je ne pense pas m'attarder plus. 

- Et tu comptes rentrer comment ?

Un air de réflexion s'ancre en moi. C'est vrai ça, je n'ai pas réfléchis de comment vais-je pouvoir rentrer...

- T'inquiète pas, je vais te ramener. Je pense être capable de me servir de  ma main la plus moche. Un sourire crispe ses lèvres tandis qu'il regarde communément, son bras en question. Il me regarde de ses yeux encombrés de fatigue pour rapprocher son visage du mien.

- Si tu pleures trop parce que tu as perdu ton soleil...

Pourquoi cette phrase me rappelle quelque chose, je la connais.

- ...Tes larmes t'empêcheront de voir les étoiles. Je finis . Il s'écarte pour sourire.

- Bien joué.

Je découvre ta face cachée, Hugo. Et j'aime l'explorer. Au premier abord, tu te présentes agressif, brutal, vulgaire et manipulateur mais après cette soirée bordée de douceur, mon opinion te concernant vire de l'ombre à la lumière. Tu es si doux, si rassurant, si protecteur... Mais tant de questions m'embrouillent. Je débute à ressentir quelque chose de brûlant et de piquant à la fois. Pourtant j'ai déjà aimé. Cependant même avec Maël, je ne me sentais moins responsable de lui, de ce qu'il pensait de moi. Peut être est-ce la faute du temps perdu que j'ai pris à réapprendre à aimer...

[ Chapitre 24 prochainement... ]