SOMETHING

Chapitre 14.

    Le midi passe à une vitesse exubérante. Je m'installe face à ma sœur qui porte d'ailleurs une jolie robe blanche décorée de motifs ethniques. En la remarquant arrivée ainsi que son habit, un sentiment de jalousie me vient. Ma mère apporte le poulet farci quand elle se joint enfin à nous. En commençant à déguster une patte de la volaille, une affirmation me traverse involontairement.

- Au fait ce soir je vais officiellement à une soirée...

 J'insinue ça anxieuse, simplement par peur d'entendre la réponse qui ne me conviendra pas. Pourtant, un soupçon d'espoir s'accroche dans ma tête. 

- Non, il est hors de question que tu te rende à une fête dont tu ne connais personne. M'explique maman entre deux bouchées.

- Pourquoi ? J'ai 17 ans après tout et pas 15.

- Justement, tu n'as pas encore atteint ta majorité pour pouvoir te déplacer seule.

- Mais maman c'est les vacances et je serai encore et toujours avec Hannah.

- Lana, s'il te plait, je suis toute seule alors aide moi un peu et n'insiste pas.

Je plante d'un coup sec ma fourchette dans le morceau de la volaille qui occupe mon assiette et monte les escaliers énervée. Je pénètre dans ma chambre avant de claquer la porte si fort qu'elle pourrait tomber d'elle même. Je savais de source sûre qu'elle me diraitune réponse négative mais franchement, elle exagère avec son ton désespéré. Le matelas s'écrase sous mon pied tandis que je fixe le plafond.

- Lana.

Je me rehausse en m'aidant des mes coudes. Maman entre plus zen.

- Je sais que c'est compliqué, tu veux avoir ton indépendance et tout le tralala mais tu en oublie les dangers. L'indépendance, moi j'y étais accro à ton âge en en oubliant même les connards qui traînaient sur mon passage.

En tailleur, je l'entends sans trop l'écouter. Mes doigts enveloppent mes joues alors que mon dos est courbé. 

- Oui mais... Tu oublies que je ne serai pas seule, ça a déjà été compliqué pour moi de quitter mes amis et on dirait que toi tu ne veux pas que je m'en refasse, c'est pas toi qui disait de recommencer tout à zéro.  

Elle acquiesce les yeux pétillants de larmes.

- Ok, mais si il se passe quoi que se soit, j'arrache les yeux de tous les invités présents à la soirée.

Une boule de salive parcourt ma gorge malgré son sourire en coin.

- Et fais attention à toi, pas de drogue, d'alcool où je ne sais quoi qui pourrait détruire la jolie fleur que tu es. M'envoie t'elle en me serrant dans ses bras tremblants.

- Par contre je pourrais avoir le numéro de la mère de ta copine pour la prévenir ? Elle demande.

J'éclate de rire fourrée dans son épaule à en avaler presque ses cheveux.

- Euh... Maman, je ne suis plus au collège, ne t'inquiète pas et au pire des cas, j'aurai mon portable sur moi.

 Je redescends calmée, en avalant une bouchée de la viande devenue froide, je termine ce repas que l'on peut qualifié de triomphant avec un cœur qui bat moins vite et le prix qui décompresse. 

RDV à la boutique, c'est ok pour moi . Je lui envoie suivi de trois émoticones heureux.

Elle répond d'une série d'émojis victorieux, heureux et rassurés. Je ne perds pas de temps pour lui parler par SMS sans me douter des pourcentages de batterie qui baissent à vue d'œil.

Mon téléphone étant posé sur la table de chevet, je tourne en rond comme une chèvre attachée à un piquet. Repensant aux yeux bicolores d'Hugo. Mes yeux qui dérivent finissent par se déposer sur mon roman. Il m'a fallu qu'une dizaine de secondes pour percuter que depuis que je suis arrivée ici, l'aventure s'est arrêtée également. Je n'aurai sans doute pas le temps de le lire ce soir alors je me mets à dévorer quelques lignes, puis quelques chapitres. L'heure passe si vite que quand je me rends compte,  au bout de plusieurs heures que cela en fait trois que je suis plongée dans ma lecture cursive, je me précipite vers le tas de cartons empilés. Je déballe toujours plus de cartons même si bientôt une pile de "chiffons" encombrent le sol. Une jolie robe noire avec un buste en dentelle du même coloris m'attise enfin l'œil. J'aurai bien pu porter la robe rouge que j'ai achetée récemment mais mon instinct me le déconseille par peur de la salir. 

Je prends de jolies créoles argentées ainsi que mon pendentif " L" orné de diamant bon marché. Puis après quelques minutes de réflexion, mon vote défend des bottines en cuire noires. Un dégradé allant du cuivre au blanc décor mes paupières ainsi qu'un chignon un peu mieux réalisé que ce matin n'habille pas mon corps mais mon crâne. La sacoche argentée en main, je dévale les escaliers pour ne manquer le moins de temps possible. Mon esprit devient ultra perfectionniste, tout en vérifiant l'heure, j'analyse ma tenue pour voir si elle me plaît toujours, en planifiant la durée d'arriver à la boutique, puis celle de la maison du copain d'Hannah... etc... Bref un réel casse-tête pour moi.

- Et... Chez qui est organisée la fête ? M'interroge à la dernière minute ma mère en me stoppant devant l'entrée. 

- Chez un certain Aaron. 

- Tu le connais ? 

J'aimerai éviter À TOUS PRIX ce genre d'interrogatoire imprévu, pareillement je réponds en oubliant  de  tourner cinq fois ma langue dans ma bouche avant de répliquer. 

- C'est le garçon que... Qu'on a croisé hier avec sa moto ! C'est bon, t'a finit, je peux y aller ? 

- Eh bien  j'espère qu'il sait mieux s'y prendre avec les filles qu'avec le code de la route celui là... Elle marmonne.

- Maman ! 

- Bon, fait attention à toi, amuse toi bien et pas de bêtises. 

Elle m'embrasse sur la joue. Je souffle de stress en ressentant une boule gesticuler dans mon ventre. Malgré les obstacles qui brouillent mon corps, je sors pour prendre un trottoir menant au centre ville. Une fois arrivée à la boutique , mes yeux s'écarquillent de plus belle. Autant je complexe sur mes habits et mes goût mais.... la vendeuse... Du noir couvre ses paupières pour laisser ressortir le bleu clair de ses yeux, ainsi qu'un bordeaux maquille ses lèvres pulpeuses. Quand à ses habits... Je préfère encore me taire plutôt que d'énumérer tous les détails qui à mon avis attireront certainement la flopée de garçons qui seront présents. C'est donc sans voix que l'on patiente, au bout d'un certain instant, une vieille voiture rouillée et difforme nous reçoit.

- Allez viens on y va! Hannah me prend le bras toute excitée.

Je la suis sans protester, un homme plus mature se présente mais son visage m'est étrangement familier...

- Il s'appelle Thomas, c'est le grand frère d'Hugo si tu n'es toujours pas au courant... Explique Hannah dans un murmure.

A la différence d'Hugo, il se montre beaucoup plus tatoué et musclé que son frère cadet, mais tout autant séduisant. 

Alors, qu'elle est cette " fameuse soirée" dont  Hannah en a avertie Lana, vous le saurez bientôt dans le chapitre suivant 😉...