Chapitre 21.

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    La nuit rend un suspens douloureux qui s'abat sur nous. Pour la première fois, je me logerai chez un garçon que je connais à peine. Même avec Maël nous n'y sommes strictement jamais arrivés jusque là, à cause de nos parents. Certes ils acceptaient que nous fassions des soirées en amoureux ou des sorties... Au cinéma par exemple, mais parmi tout ce que l'on avait fait, jamais ne m'était venu à l'esprit l'idée de dormir ne serait ce que dans sa chambre. Donc essayer de roupiller tranquillement ici sous les avertissements sévères  de mes parents sur ses sujets interdits... Je peux bien me souhaiter moi-même bon courage.

Le trajet se fait long et silencieux. Moi, je le suis sans même libérer un mot de la prison qui me sert de bouche. Pourtant je n'ai que cela, abondement, dans ma cervelle qui manque de craquer. La honte et le stress de lui avouer toutes les questions sur ma destination m'empêche avec force de le lui annoncer, en vrai. 

Je me contente simplement de le dévisager, étant derrière mon accompagnateur, je peux reluquer sa main qui, parfois, s'impose dans sa poche arrière au contact d'une vibration, provenant de son smartphone . Le geste qu'il fait pour le sortir de sa poche me fait rougir, seulement parce que je trouve ça à la fois gênant qu'il n'ai pas de honte à le prendre devant moi et plutôt sexy qu'il puisse se tripoter les fesses devant moi. 

Le noir pur de la nuit fait ressortir vulgairement la lumière naturelle des étoiles tandis que je peux apercevoir la grande ours et même, l'étoile du berger, toujours présentes haut dans le ciel. Mes diverses pensées qui m'envahissent de plus en plus m'extirpent peu à peu de la réalité. Je ne louche que sur le paysage immobile sans plus m'y intéresser. Si bien que je ne sais plus où je suis et quel chemin avons nous déjà parcouru, si bien que je ne sais plus la durée et même les personnes que nous avons croisées en chemin jusque là. 

Un bruit sec me ramène autoritaire sur Terre, étant perchée sur la lune, le voyage rapide pour la Terre s'exécute limite choquant. L'atmosphère se ressent beaucoup plus sombre, les ruelles sont étroites et profondes et les seules lumières qui jaillissent des fenêtres sont celles qui ne contiennent pas de volets, sûrement  absents ou cassés. Des tags violents et illisibles attisent mon intention moins rassurée que tout à l'heure. Si Hugo n'est pas avec moi actuellement , je me serais sans doute enfuie tête baissée, sans me poser la moindre question. Je peux voir dans  le noir, des lumières éclatantes ressortent, provenant de cigarettes non habituelles qui je pense, sont loin d'être conçues avec du tabac. Fumées par un groupe de personnes pas commodes.

Quand l'un me dévisage d'une façon prononcée, Harrison ne tarde pas en s'en rendre compte. Il m'empoigne le poignet violemment pour que je ne m'échappe, l'entortillant ainsi de ses doigts puissants pour me cacher derrière lui. Je suis à présent écrasée entre son dos et son bras qui ne cesse de me serrer par peur que je réussisse à me dégager. Quelques uns de la bande s'avancent, tous se font un espèce de chèque trop complexe avec la main libre d'Hugo, les uns après les autres. L'un d'entre eux, tatoué jusqu'aux oreilles et rempli de piercings en argent, bascule sa tête sur le côté pour me voir, mon air devient rouge de honte, mon cœur bat de plus en plus fort sous ma poitrine. Je dois imposer ma main sur ma poitrine pour le calmer.

- C'est qui elle? demande t'il en me pointant de l'index de sa main droite, une cannette de bière de l'autre.

- C'est...heu....c'est une amie de Camille. Je ne pense pas que son copain croira à un tel mensonge si mal interprété. Hugo est bien le seul que je n'ai jamais vu si mal mentir cependant, l'autre à l'air de le croire, sûrement la faute de l'alcool qui joue sur ses nerfs épuisés.

- T'en veux une ? M'indique l'ivrogne, en me tendant la cannette prête à me l'offrir si je la désire. 

Hugo me serre plus fort comme si il a peur que je m'envole soudainement en poussière de son emprise . J'entrouvre la bouche malgré ma joue gauche écrasée pour répondre que je n'en veux pas mais il s'empresse de le faire à ma place.

- Elle ne boit pas . Répond Harrison, fronçant ses sourcils endurcis avec une intonation autoritaire. L'autre garçon se recule sans y comprendre grand chose. Je ne sais pas si sa réaction de lâcheté est réelle ou que ça ne soit qu'une simple mise en scène pour lui faire douter de sa virilité . 

Hugo l'ignore pour m'emmener près d'un bâtiment aussi fissuré que les autres. Il ouvre un lourde porte en bois séché pour me faire rentrer à l'intérieur, dans un espèce de hall grand et froid. Il me délivre enfin pour pouvoir gesticuler lui aussi. Des dessins parodiques dessinés à l'indélébile habillent la couleur uni. Un escalier complète le vide incessant de l'immeuble débraillé. Nous montons péniblement .

Quand nous arrivons près d'une des trois portes que composent le second étage. Une porte similaire à celle de l'entrée,  aussi mal entretenue que le quartier m'accueille. Pour moi, l'appartement sera sûrement aussi mauvais de l'extérieur que le bâtiment lui-même.  Cependant, c'est un tout autre univers qui s'ouvre à moi, à l'instant même où j'y entre. Certes quelques murs ne sont pas repeints et l'appartement en lui-même reste un endroit vieux dont le temps y a laissé des marques mais... J'en viens à remettre en question mes  a prioris . Il n'y a pas de lampes, juste de diverses  guirlandes habillent les murs. Franchement, je préfère cette habitation chaleureuse et agréable à celle ou à lieu la soirée. On pourrait bien croire que c'est ici que les bonnes ondes se rejoignent pour veiller toute la nuit jusqu'à demain. 

Mes yeux  ne cessent de changer de point de vue quand j'entends Hugo déposer son téléphone sur le plan de travail de la cuisine. Je le suis ensuite dans une toute autre pièce, sa chambre je suppose... Je rougis rien qu'en remarquant les boxers entassés les uns sur les autres dans un coin de la chambre. Les vêtements sales éparpillés partout doivent lui servir de sol sur le parquet plus du tout visible. En me voyant gênée par ce que j'examine, il sourit faiblement puis monte sur le lit pour tenter de le refaire, un peu mieux qu'à présent. 

Une fois son devoir abouti, il se dirige dans un petit dressing pour en ressortir un long tee-shirt de teinte bordeaux aux bandes blanches. Il me dit un " bonne nuit" que je lui renvoie avec un petit sourire serein. Je m'empresse par la suite de claquer la porte derrière lui pour l'enfiler, il atterrit juste en dessous de mon postérieur. J'espère simplement qu'il ne me verra pas si peu vêtue. Les minutes qui défilent aspirent peu à peu mon énergie. Je me glisse alors dans le lit qui est parfumé de son odeur délicate et qui me berce. 

Une lumière prononcée transperçant le trou entre le parquet et la porte me réveille peu à peu. Mes cheveux sont mal coiffés, un filet de bave partant du coin de ma lèvre pour s'arrêter en dessous de mon oreille décore ma figure encor à moitié endormie. Je fronce les sourcils qui ne sont pas encore habitués à une telle lumière. J'appuie mes coudes sur le matelas qui les enfoncent pour me soutenir et me relève avec difficulté, les yeux toujours fermés. Je prends mon portable qui se recharge sur la table de chevet pour en déduire qu'il est bientôt 5h00 du matin. Entrouvrant légèrement la porte, j'en conclus que la lumière flamboyante provient de la salle d'eau. Je ne devrais pas aller voir ce qui s'y cache, ni de m'occuper de ce qui ne me regarde pas, ni même d'aller le voir sachant que je porte un large tee-shirt... et c'est tout... Mais la curiosité, l'envie de savoir ce qu'il manigance  est toujours plus forte que moi. C'est l'un de mes défaut. J'approche à petits pas gracieux pour ne faire aucuns grincements. Mission accomplie, il ne semble pas m'avoir entendue.

[ chapitre 22 prochainement... ]

SOMETHINGOù les histoires vivent. Découvrez maintenant