Chapitre 4 (Amy) : La voix du silence

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La prairie printanière embaumait le bonheur de l'éveil de la nature et les oiseaux chantaient ça et là, tantôt dans un arbre tantôt dans un autre en une douce harmonie, mélodieuse et envoûtante.  Ah ! Il aurait fait bon de s'allonger, juste quelques minutes dans l'herbe tendre afin de respirer, un instant, ces senteurs oubliées ! Et plus encore, de se rouler dans les fleurs, jusqu'en la lisière des bois et s'endormir enfin, bercé par le vent ! Sans doute cela lui aurait-il fait du bien, après cette semaine de craintes et de mensonges. Cette semaine de découverte, cette semaine merveilleuse où un lien plus fort s'était tissé entre elle et lui. Mais il n'en fut rien, au contraire, l'enfant perdu passant par là, ou peut être même le vieillard qui venait, comme tous les samedis cueillir des herbes pour sa belle, chacun aurait pu observer, au zénith du jour, ces six ombres au soleil, si âmes pour jouir et une autre pour pleurer. Amy courrait, courrait parmi les herbes, pus vite, plus vite, rien ne pouvait lui échapper ! Le ballon dansait autour de ses pieds : gauche, droite, gauche, il filait au travers du terrain jusqu'en la cage adverse, deux souches tout juste séparées de quelques mètres. Et cette énergie qui parcourais ses jambes, irriguait ses poumons comme l'eau pure d'un torrent ! Quelle ivresse ! Quel bonheur ! Le ballon buta contre un des troncs et la partie recommença, plus vive, plus violente, plus intense. La sueur ruisselait en petites gouttes de lumière. Gauche, droite, gauche. Des ténèbres venaient la lumière et le bien enfanté du mal retournera au mal. Désormais, c'était Rachel qui lui disputait le ballon, la rouquine écartait centimètre après centimètre la sphère de ses jambes. Soudain un sursaut secoua son échine et le ballon vola tel le faucon jusqu'aux deux souches. À sa gauche, la rouquine s'écroula sur l'herbe tandis que la balle traversait, vraiment cette fois, le cercle de victoire. Elles avaient gagné ! Anna et Lucia hurlèrent. Je crois, je crois qu'Amy n'avait jamais été aussi heureuse... Et elle aurait voulu crier, chanter, mais sa voix, sa voix refusait de sortir, comme un animal craintif à la sortie de l'hiver.

-Shadow ?

Personne ne répondit.

-Shadow ! 

Le silence seul régnait dans son esprit. 

-Shadow ? Shadow ! 

Mais la créature ne répondait pas. Amy ne sentait dans son âme que le vide, la peur et la souffrance. 

-Shadow qu'y a t-il ? murmura Amy, Qu'est-ce qui ne va pas ?

Un sanglot retentit

-Éloigne-toi.

-De quoi ?

-Le bruit. Éloigne-toi. S'il te plaît.

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