Symbiose

Chapitre 20 (Amy) : Les secrets

Cela faisait maintenant deux semaines que la jeune femme découvrait ses secrets, jours après jours, nuits après nuits, elle soulevait chaque brune mèche de ses cheveux en quête d'un nouveau mystère. Et des mystères, parlons-en justement ! Elle qui taisait en son sein la plus vile créature, elle qui vendait son âme, son esprit et son corps à une bête inconnue, comme surgie des entrailles de la mort. Elle, pouvait-elle seulement parler d'honnêteté ? Dans le salon brûlante, Kate demeurait assise. Les jambes croisées au dessous de son ventre, l'adolescente fixait, de ses yeux de diamants les deux éclairs noirs qui scrutaient son visage, qui désiraient percer, s'enfouir au plus profond pour ne jamais quitter l'énigme de son nom. Mais comment briser ces maux ? Ces portes de granit qui closaient leurs propos de l'antre de la fuite ? Comment lui dévoiler, à l'autre, l'ange de fierté, la tristesse que son cœur éprouve à l'oublier ? Pourquoi cette attirance, dès le premier regard, qui fait d'une telle violence l'ombre floue du miroir ? Répond, ô dieu démon, toi qui hante nos têtes et qui chante à pleine voix le désir de lier, d'affermir et fortifier, il suffisait de juste un mot, une parole, chu de la langue, de la gorge et surtout, du cœur pour offrir à la blanche colombe la fine clef de son toit. Soudain, une explosion, telle un torrent de vie qui effleura les lèvres d'Amy jusqu'au sol de la pièce :

-Parle-moi.

À son appel, la douce inconnue releva son rose menton, quelle était cette effusion, ce flux d'espoir qui coulait à grandes eaux de la bouche de son amie muette ? Pouvait-elle enfin lui dire, confesser ses tracas et la raison absurde qui l'avait amené ?

-S'il te plaît ! continua l'adolescente, raconte-moi ce qui t'envoie, ce pourquoi du me sens comme je te ressens là ! Est-ce que c'est normal, d'avoir su dès le premier regard, que nos destins seraient jumeaux ? Je t'en prie, réponds !

-Je ne sais pas, avoua Kate, que te dire ? J'essaie moi aussi de comprendre, tu n'est pas la seule dans l'univers à te poser autant de questions !

-J'ai confiance en toi Kat, cela ne fait même pas quinze jours qu'on se fréquente et je serais déjà prête à te confier ma vie ! Qu'est-ce qui se passe ?

Un petit sourire triste illumina un instant le visage jovial de la menue française tandis qu'une ombre, noire et maléfique parcourait son regard. À quoi songeait-elle donc ? Fort heureusement, cette lente et perverse mélancolie céda bientôt place à la passion, ce besoin que l'on éprouve, lorsque le monde nous échappe, et nous échappera toujours, de lutter et de vaincre, de hurler pour remporter.

Amy, je ne peux rien te dire, vraiment. J'aimerait... mais c'est impossible ! Sache que je me pose presque autant de questions que toi et que je convoite sans doute plus ardemment encore les réponses... mais je pense qu'avant tout cela, il faudrait déjà apprendre à nous connaître, tu ne crois pas ?

-Si, soupira la jeune femme, indéniablement déçue, vas-y, commence !