Chapitre 1 (Kate) : Un cauchemar tombé du ciel

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Et l'air, l'air entrait dans ses poumons ! Enfin !  Et plus de feu, plus de terreur, juste la souffrance, une immense souffrance et les ténèbres, encore. Mal. Elle avait si mal, sa tête, sa tête bringuebalait de gauche, à droite, à gauche au bout de ses bras. Mal. Le Mal. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Maintenant la lumière la baignait sans l'envahir.Pourquoi ?  Il y avait la vie. Le Soleil. Les arbres. Le Monde. La Mort. Puis, le silence, l'abandon, et encore ce Mal qui s'immisçait en elle. Désormais l'univers semblait la ramener, doucement comme l'on tiens la vie au bout d'un fil. Comme l'on manipule un pantin, que l'on le lève et le promène, que l'on lui susurre les mots en qui il croit, un mensonge. Cette voix la fit voler, repartir de la Terre d'où elle était née.C'était une voix grave et effrayante, celle surgie des tréfonds d'une âme en peine comme pour la détruire, la piéger et lui voler le peu d'espoir qu'il lui reste.

-Kate.

Qui ? La douleur s'apaisait peu à peu... Qui ? Qui lui parlait ? Qui ? Qui au milieu de ces gens, de ce désert ? Qui la voyait enfin ?

-Kate, répéta le grondement.

-Qui est là ? Son sang glacé battait de plus en plus fort à ses oreilles, tandis qu'une véritable terreur commençait de l'envahir. Hélas, personne ne lui répondit hormis quelques regard curieux ou inquiets qui fusaient de droite, à gauche, à droite... Un instant, elle eut l'espoir d'un mirage, de n'être que folle parmi fous et de se réveiller les yeux flous, d'un trop long cauchemar. Portant le fantôme la t'outrait de plus bel, sans lui dire autre chose qu'un nom, le sien.

-Qui parle ? murmura t-elle, qui m'appelle ?

-Ton hôte, ton maître.

-Mon... maître ?

Cette fois-ci, son cœur cessa de danser, il y avait une voix, rien de plus entre elle et la réalité.

-Mon... Maître ? C'est quoi ce délire ? Montrez vous !

-Pas ici.

-Où alors ? s'écria t-elle.

-Nulle part en cette Terre.

Soudain, le monde entier sembla basculer, le ciel, la terre disparurent dans l'obscurité, tout juste constellée des perles bleues, comme de minuscules étoiles au milieu du ciel nocturne. Elles brillaient, puis s'éteignaient pour s'allumer de nouveau, on aurait dit une âme qui cherchait sa maison. La voix se fit plus sombre, plus profonde et plus attrayante, comme un murmure lointain qui baignait ses oreilles. Il lui conta tout, son malheur, sa haine, mais aussi sa peur... Ces cris lorsqu'il avait compris que leur rocher s'en allait en fumée, qu'il ne reverrait jamais les siens, ni son foyer, ni sa maison, et qu'en un seul instant, il avait tout perdu. Mais aussi sa souffrance, à chaque fois de ne trouver celui qui luit manquait, un autre, un tout, Nightmare.

-Attend... Ok... Si je récapitule... T'es un genre de... Truc ? Un extra-terrestre ? 

-Mais encore ?

-T'as atterri ici par accident... Et tu ne peux pas survire à moins d'avoir un corps... Un hôte ? C'est ça ?

-Tout juste !

-Mais comment ça se fait qu'on se comprenne alors ? T'es pas censé parler le je-sais-pas-quoi... Ou pas parler du tout ?

-Tsss... C'est qu'elle est maline la petiote ! Personne ne te parle ! Tu n'entends rien, les autres non-plus... C'est ton esprit qui fait le travail ! Je lui envoie des ordres, et il les exécute. C'est tout, c'est comme ça.

Et le silence tomba. Bonheur ou désarroi ? Même eux ne le savaient pas... Peut-être le mal, à nouveau, ou plus, ou pas encore... Nightmare. Après un long moment, elle reprit la parole :

-T'es un genre de parasite en fait !

-Non !

La bête rompit d'un coup le calme qui régnait en leur cœur. Le ciel, tout devenait rouge, les étoiles en flammes.

-Je t'interdis de me qualifier de parasite ! rugit-il.

-Alors explique, bon sang !

Peu à peu, les astres retrouvèrent une teinte bleue, légèrement violacée et tellement envoutante.

-Nous préférons utiliser le terme de "symbiote" pour décrire notre peuple, si. tu vois ce que je veux dire... 

-C'est pareil !

Mais la créature ne rebondit pas, il lui semblait que tout son monde venait subitement de basculer. "Symbiote". Quel douce musique à ses oreilles ! Quel goût exquis sur son palais ! Celui d'un monde nouveau, intrépide et excitant ! Mais aussi d'une avanture, que sans le savoir, elle attendait depuis toujours ! Soudain l'univers se brisa une fois de plus et la lumière pénétrassiez à nouveau son corps. La nuit tombait presque désormais, et il n'y avait presque plus personne dans le parc immense. Il lui fallait rentrer.

-Bon écoute... recommença Kate, plus doucement, comme de peur, je peux pas débarquer comme ça, devant mes parents et leur dire "Au fait ! J'ai un parasite alien dans le corps ! Déjà qu'ils pensent que je me drogue...

Le symbiote ne broncha pas. La jeune femme en fut surprise, et même un peu déçue. Il se contenta tout juste de répondre :

-Bien essayé, p'tite mais tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement ! Tu es mon pantin tu entends ? Tu n'es rien sans moi ! Tu n'as plus le choix, ne respire pas, ne parle pas, accepte juste l'honneur que je te fais.

Comment répondre, et résister, surtout à un si puissant appel ? La créature avait raison, et elle le savait. Kate n'était que humaine entourée de semblables humains, une poussière de l'univers. Alors que faire d'autre que de s'élever, d'une marche au dessus du passé ? Un pas vers l'avenir, un pas vers sa destinée.

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