Lorsque sa silhouette creusa en la lumière rouge du soir une tâche de noir, Kate s'empressa de refermer les quatre coins de tissus sur les pêches roses et juteuses qui dormaient au soleil depuis trois heures déjà. Une impulsion est hop, le sac de fortune décollait du sol pour venir délicatement se poser sur ses larges épaules, endurcies par le temps. Il fallait bientôt rentrer.
-J'arrive Shadow !
Ce dernier mot retentit dans le cœur de la jeune femme comme un coup de tonnerre, demain, déjà ? La silhouette sombre du symbiote luisait dans la pénombre du ciel et ses yeux, à la fois tristes et cruels jaillissaient des ténèbres naissantes en de vicieux éclairs, fourbes et calculateurs. Oui, plus que vingt-quatre heures et ce cauchemar serait fini, elle retournerait en France, à sa petite vie banale et ennuyeuse et abandonnerait pour toujours Nightmare et tous ces fantasmes ridicules et dangereux qui transformaient chaque minute du sinistre présent en un récit étrange et farfelu digne d'un véritable roman de science-fiction. Mais curieusement, ce train-train quotidien et ce désir du "je sais" ne l'intéressaient plus guère. Bien au contraire, ses yeux de pierreries s'encombraient de grosses larmes tandis que l'horreur battait en son sein lorsqu'elle s'imaginait redescendre pour la énième fois la route du vieux port... Quelle mélancolie ! Peut être s'y était-elle attachée finalement, à cette chose qui bouillonnait en son sein, ce démon infernal descendu des étoiles... Aussi silencieuse que la brise qui chante chaque nuit en haut des cimes, Kate se faufila entre les brousses à la suite de l'ombre rouge. Enfin ce fut l'ombrage, de milliers de petites lampes s'allumèrent une à une dans le firmament sous le regard attendri de le mère, une déesse à la face ronde. Un fruit en travers de la paume, la jeune femme rêvait, le regard plongé à l'horizon, si furtive et alerte que l'on l'aurait dit à l'affut du moindre signe, un oiseau noir qui traverserait la voute pour ne jamais revenir, alors qu'à quelques pas, l'extra-terrestre contemplait le lointain avec plus de nostalgie qu'elle n'en avait jamais vu au paravant. Oui, il ne dépendait plus d'elle désormais, c'était trop fort, un besoin sauvage, presque viscéral et indomptable de retrouver les siens, n'importe qui pouvait comprendre cela, de l'araignée à la blanche colombe, même elle.
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Symbiose
ActionLe destin est parfois cruel, il déchire, recoud pour briser encore. Rien ne peut y échapper, l'avenir est un empereur de vie et de mort auquel il devient impossible de se détacher. L'amitié fera t'elle exception ? Ou pliera t'elle sous le poids de l...