Symbiose

Chapitre 7 (Kate) : As-tu compté les étoiles ?

Kate ouvrit les yeux, tout était noir autour d'elle, les murs de sa chambre, le plafond endormi... seul la mince lueur des étoiles qui filtrait à travers les vitres éclairait la pièce de petits éclat gris et mélancoliques. Il devait bientôt sonner les minuits, mais la jeune femme ne dormait plus, au contraire, elle ressentait aux tréfonds de son corps une inexplicable et pourtant si profonde tristesse que son âme, au lieu de s'envoler, perlait le long de ses cils en milles joyaux argentés. Une brise glaciale caressait ses joues, un vent de malheur qui s'insinuait, doucement par la fenêtre ouverte ou la blanche silhouette demeurait masqué par une forme sombre. Kate avait froid, des centaines de petits frissons galopaient le long de son échine tandis qu'elle contemplait, dans le plus complet des mutismes, la chose noire qui sanglotait, doucement. Nightmare pleurait, pas comme nous, humains qui formons tant des fleuve et de rivières sur nos joues abîmées, à crier, à mentir et à s'encourager. Non, la tristesse du pauvre monstre venait d'un autre monde, elle était plus forte, plus intense, plus cruelle. La jeune femme n'avait jamais vu de visage semblable à celui qui gémissait en silence, elle observait avec passion ses grands yeux de glace qui buvaient la lumière de la lune comme pour l'y noyer, ces larges dents pointues qui saillaient à sa bouche tordue par beaucoup trop de douleur. Mais par dessus tout, elle ignorait tout de cette brume, ce brouillard qui l'entourait et paraît son visage de milles éclats de nacre et d'améthystes. Il était merveilleux, le prince tombé du ciel sur son long cou visqueux qui comptait les étoiles et d'un vœu les retrouver. La jeune fille pleurait, elle aussi, elle souffrait pour les deux le calvaire de l'ennui et elle voulait l'aider à enfin repartir, ou juste soulager sa peine, ne serait-ce qu'avec quelque mots :

-Nightmare ? appela t-elle, tremblante.

-Kate ? Pardon.