Symbiose

Chapitre 14 (Amy) : Amie

Lorsque Amy ouvrit les yeux, un immense et épais brouillard envahit tout son monde, une brume salée qui perlait en diamants gris sur ses joues et courait sur son menton, les contours de sa bouche,  jusque dans les mille petits plis de sa peau délicate. Tant de violence... Comment était-ce donc possible ? Pauvre déesse d'ivoire sur son bout de pays, emportées par la mer elle s'en était enfuie. Et que devait-elle faire, dans sa chambre, démunie, affalée comme la mort, le désir et l'envie ? Comment tourner la page de ce sinistre soir ? Oublier ? Sans cesses les images défilaient dans son esprit, agressaient sa mémoire, de leurs griffes saillantes et tourmentaient son âme, deux gros bras aux mains bouffies qui enserraient bien fort le corps de son amie, qui la traînaient et l'attiraient vers un coursier de flammes, un éclair des rues. Son... ...amie ? Que lui arrivait-il donc ? Devenait-elle dont folle, après tant d'aventures ? Cette chose dans sa tête, la bête qui la rongeait... Le symbiote commençait-il à remporter victoire ? A vaincre de son être la plus forte maison ? Ô raison ! Ô lente et douce raison qui égaye nos jours et embellit nos nuits, toi qui veille et qui dors, qui hait et nous chérie, pourquoi fais-tu cela, à nos cœurs si faibles ? Pourquoi nous imposes-tu tous ces maux, ces défaites ? Mais qu'attends-tu de nous, destin noir et féroce que de nous voir nous plier sous le cuir de ta botte ? Réponds, réponds je t'en supplie ! Abrège ses souffrance, à celle qui gémit, à cette proie des hommes, toute seule, roulée en boule sur la moquette dure, tel le fragile lapin succombe à la vulture, et qui semble l'attendre, la sagesse, la folie, la seule personne au monde qu'elle peut appeler "amie".