Chapitre 38 (Shadow) : Adieux

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D'abord il n'y eut rien, tout juste le néant et les étoiles alors qu'ils attendaient, assis sur la colline. Quelque part au derrière, de furieux grognement s'élevaient des fourrés accompagnés d'une odeur âcre et désagréable, l'odeur de ses pleurs. Puis une lueur, faible et indistincte, comme un soleil miniature enfanté de la Terre et rejeté par la nuit qui s'élevait doucement, mais non sans fierté  parmi les arbres gris. Eux. N'y tenant plus, Shadow plaqua le corps de Kate contre sa poitrine rouge et l'enserra si fort que la pauvre en eut le souffle coupé.  La lumière grandissait de plus bel, tant et si bien qu'une immense clarté nimba bientôt la clairière endormie. Ils arrivaient, et ils étaient tous là ! De grosses perles d'argent roulaient maintenant du long de ses joues et dégoulinaient sur le bout ses mains et la courbe de sa tête. Enfin il les retrouvaient, ceux qui leur avait tant manqués, son sang, sa chair, son peuple, son monde tout entier ! Ils étaient tous là, tels des milliers de flammes folles et joyeuses qui scintillaient sans cesse pour s'en retourner. Et il sentait leurs voix, des milliard de milliers d'appels qui résonnaient à ses oreilles, qui tendaient leur corps vers eux... Comme ils lui avaient manqué ! Et pourtant il ne la lâchait pas, ses bras, presque soudés à sa nuque soyeuse ne voulaient plus l'abandonner, c'était désormais bien plus qu'une simple marionnette à qui l'extra-terrestre ordonnait un oui ou un non, c'était une véritable alliée, une amie, fidèle et éternelle qui logerait à jamais en son sein. Soudain, un éclat, plus intense encore que tous les les autres, et une corde de vie, de détresse, de pardon et l'ombre de sang quitta, pour la première fois depuis des mois sa vaste prison charnelle pour s'envoler, plus rapide que la mort dans l'étendue du ciel, seul. Le symbiote eut tout juste le temps de se retourner afin contempler, une toute dernière fois sans doute, le corps sans vie d'Amy Lostear, endormie dans l'herbe verte qui fixerait, hélas pour toujours un unique point, au fin fond de l'horizon. Adieu petite Amy ! Adieu Kate guerrière ! Et Adieu son ami, enlacé à sa chair ! Adieu ses compagnons, chevaliers d'infortune qui toujours dormiront dans l'amour de la lune ! Adieu Terre chérie, adieu et bon voyage, car tu vois aujourd'hui l'ultime séparation d'un homme et d'une vie, d'une peur et d'un pardon.

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