chapitre 29 (Kate) : Fausses retrouvailles

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L'adolescente se saisit fébrilement, mais avec une avidité presque effroyable  de la paume blanche et ronde qui lui était offerte. Plus glacials que jamais, les dix longs doigts d'Amy couraient au bout de son bras en un léger frisson avant s'agripper à sa peau si fort que ses mains rougies de froid se teintaient à son contact d'effrayantes couleurs grisâtres et malveillantes. On aurait cru à ces serres, celle du traître vautour, l'aigle franc de misère sans regrets ni amour. Ils perforaient sa chair, brisaient à même son sang et toujours s'enfonçait en son vaste océan. Oui, elle avait changé. Et qu'il lui brûlait, cet étau de chagrin, la tendre peau de glace qui enserrait sa main ! Kate souffrait tant tandis que son amie tenait, paraît-il de plus en plus fort le brasier de son poing. Lâche-moi ! Lâche-moi pleurait l'adolescente, aux tréfonds de son âme, je t'en supplie, lâche-moi ! Et, pourtant, que ce demeurait bon de ressentir une nouvelle fois le souffle d'amitié qui échappait à ses lèvres dans le matin gelé ! Et qu'ils lui manquait encore, ce murmure discret et cette petite étincelle qui enflammait son œil telle le ver les fourrés ! Tout semblait bien, tout semblait là ! Son nez, sa bouche et son menton, les longues mèches d'ébènes qui décoraient son front... Tout ! C'était bien elle, c'était Amy, la sombre et singulière dont elle restait l'amie, Kate la reconnaissait, après deux jours de froid, la presque plus humaine qui faisait son émoi. Dans le creux de son torse, un petit tambour paraissait s'animer et danser de plus en plus fort comme pour la guider, pour s'enfuir loin du monde, de l'inconnue, de son amie, celle qui la regardait avec tant de soucis... Toujours la même, mais perdue à jamais. Ô Amy, que t'est-il arrivé ?

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