3

635 42 18
                                    




Je marchais dans les rues de la ville sans trop savoir si je prenais la bonne route pour aller au café. Il était vingt heures passées, mon courage s'estompait au fur et à mesure de mes pas. Je ne savais pas si j'allais supporter d'être avec quelqu'un, de devoir parler et sourire. Je ne savais pas si j'allais subir ma descente devant lui ou si je partirai avant. Je ne savais pas comment j'allais agir face aux gens, face à lui avec cette substance dans mon système. J'étais effrayée mais si légère en même temps. Je débordais d'énergie, littéralement. Je ne pouvais m'empêcher de bouger chaque muscle de mon corps, je marchai d'un pas trop vif. Mon cerveau bouillonnant d'idées noires en temps normal, était si calme et explosait de pensées à la fois. Cette sensation étrange restait tout de même agréable.

J'étais enfin arrivée au café. Je déverrouillai mon téléphone pour regarder l'heure. Vingt heures trente cinq. J'étais arrivée un peu tard. J'avais peur de déranger Nathaniel en arrivant maintenant dans le seul but de lui prendre de son temps égoïstement. Je soupirai et poussai la porte. La chaleur de la petite pièce me frappa de plein fouet, réchauffant instantanément mon nez et mes joues rosis par le froid. La serveuse me salua d'un geste de la main et je lui rendis d'un petit sourire. Je cherchais le blondinet, balayant la salle du regard à plusieurs reprises. Je ne le voyais pas. Je montais sur la mezzanine espérant le trouver là-haut mais rien. Seul quelques étudiants travaillaient sur les canapés, une tasse fumante à côté d'eux. Je soupirai de frustration. Pour une fois que j'avais pris mon courage à deux mains, tout tombait à l'eau. Je m'en voulais d'avoir cru en ses paroles. Une part de moi savait pertinemment qu'il ne m'aurait jamais attendu jusqu'à vingt deux heures, mais une autre partie de moi l'espérait fort. Et j'avais préféré écouter cette deuxième partie. Grossière erreur. Je fermai les yeux et passai une main glacée sur mon visage. Je me retournai, serrant la lanière de mon sac à dos dans ma main quand je tombai nez à nez avec avec deux petits yeux ambrés.


- Elise ! Heureux de voir que tu es venue. chuchota-t-il pour ne pas déranger les autres personnes présentes.


Nathaniel était planté devant moi, un grand sourire sur son visage. Je lui adressa un grand sourire aussi, ne sachant pas quoi lui répondre. Il m'indiqua alors une petite table au fond de la mezzanine. Je m'installai sur la chaise de libre, enlevant mon écharpe. Je sentais mon cœur battre la chamade avec le stress. Je me sentais mal à l'aise et nauséeuse, je bougeai frénétiquement les jambes tout en essayant de calmer ma tête qui tournait à vive allure. Nathaniel dû remarquer mon état. Il posa une main douce sur la mienne, me demandant si ça allait. Je secouai la tête négativement. J'avais les larmes aux yeux et une terrible envie de vomir. Je ne savais pas si c'était la descente qui me faisait cet effet ou l'appréhension mêlée à la peur et au stress, ou bien un mélange de tout ça. Tout ce que je savais était que je n'allais pas tenir plus longtemps. Des relents gastriques remontaient, mais rien ne sortait. Je prenais ma tête entre mes mains voulant calmer cette sensation de tournis qui augmentait de plus en plus. J'avais l'impression d'être au bord de l'évanouissement. Nathaniel me demanda si je voulais appeler quelqu'un pour me ramener chez moi et me reposer. Rien qu'à l'attente de cette proposition, je relevai la tête d'un geste vif faisant un grand non de la tête. Je ne voulais surtout pas qu'on téléphone à qui que ce soit chez moi, je ne voulais aucunement qu'il connaisse mon état actuel. Si ils savaient, ils prendraient un malin plaisir à l'empirer. D'un seul coup, ma respiration se coupa. Je fermai fort les yeux dans la panique tout en serrant ma cuisse.


- Je reste à côté de toi si tu as besoin. murmura-t-il.


Il resta agenouillé devant moi, sa main caressant légèrement la mienne, jusqu'à la fin de ma crise. Je reprenais petit à petit une respiration régulière, ma tête tournait moins fort et mes nausées se calmaient enfin.


Chut [Nathaniel]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant