Sentir sa peau craquer. Sentir sa chaire s'ouvrir. Sentir la douleur se mélanger au soulagement. Sentir les impuretés sortir. Sentir la haine et la tristesse disparaître. Sentir sa peau crisser. Voir son sang couler. Voir sa chair s'ouvrir en deux lentement.
Ça ne rendait euphorique. Un coup d'adrénaline. Un brin de bon dans ce nuage trop sombre. Ça me permettait de tenir le coup. Mon père m'avait renvoyé chez ma mère au plus vite. Il ne voulait pas de moi. Il ne voulait plus me voir. Et ça me faisait affreusement mal. Lui aussi, ne voulait pas de moi.J'avais comme un pincement au cœur en me disant que finalement, mes parents ne m'aimaient pas. J'existais, je vivais grâce à eux, et eux, n'aimaient pas ça. C'était douloureux. Mais je ne pouvais rien y faire. Je ne pouvais pas les faire changer d'avis, jamais. Ils ne m'aimaient pas et tant pis pour eux. J'apprendrais à vivre avec ce douloureux constat au fond de mon être. Je vivrais en sachant que j'ai tenté de les aimer pour qu'ils m'aiment. J'ai tenté de les pardonner plusieurs fois pour qu'ils me pardonnent d'être née mais rien y fait. J'étais l'erreur d'un couple bancal. Mais j'étais une jolie erreur aux yeux de Nathaniel. Et rien qu'à cette pensée, une once de douceur frôla mon cœur.
Je lui avais dit je t'aime, sans y faire vraiment attention. En m'en rendant compte j'avais commencé à paniquer et je bredouillais des excuses sans sens. Et j'étais si à fleur de peau que les larmes qui avaient remplies ma journée étaient revenues. Je sanglotais, lui disant d'oublier ce que je venais de dire, que j'aurais dû me faire. Mais lui, tout ce qu'il m'avait dit, était un je t'aime si tendre que j'en avais perdu le nord. J'avais arrêté de respirer quelques instants, comme pour réaliser. Le blanc n'avait sûrement pas été long, mais il semblait durer une éternité. Un miaulement de mon chat se réveillant avait percé le silence, puis le rire de Nathaniel l'avait accompagné. J'avais ri avec lui sans la moindre idée de pourquoi on riait ainsi. Puis je m'étais excusée à nouveau, pour avoir paniqué, je lui disait que j'étais un peu bête parfois. Et il me répondait que j'étais la plus adorable, que je n'avais pas à m'excuser. C'était si cliché, si mielleux mais c'était si agréable. J'avais besoin de tendresse et d'amour. En seulement quelques mots il m'avait comblé.
En repensant à ce moment et en sentant mes plaies douloureuses, je me rendais compte que j'étais vraiment idiote. Je regrettais déjà d'avoir fait ça. Même si j'avais du mal avec ma vie, même si je ne voulais plus la vivre, je me devais de tenter de continuer. Pas pour lui, mais pour moi, car de bonnes choses pouvaient se passer. Car je ne voulais pas louper plus que je me l'avais déjà fait en me privant de vivre et d'exister. Je voulais que l'erreur qu'est ma vie devienne la plus belle erreur que je rencontre. J'allais évoluer au mieux possible, j'allais vivre ma vie à fond. J'allais essayer au moins. Je me devais ça. Je le méritais. Je pense que j'avais assez souffert comme ça, surtout de ma propre main. Je devais stopper. Je devais faire de mon mieux pour avancer. Et je devais absolument partir de chez ma mère avant tout.
Je n'avais pas réalisé l'ampleur des coupures sur mon corps jusqu'à ce que des coups sur la porte de ma chambre me sortent de mes pensées. Le sang coulait à flot sur mes cuisses et la panique m'envahit en un instant. J'étais tellement débile d'avoir recommencé. Je m'en voulais si fort.
Alors que mes mains tremblantes tentaient d'éponger le rouge de ma peau et mon sol, la voix de Vynce grondait à quelques centimètres de moi. La boule dans mon ventre se fit plus lourde. En rentrant chez ma mère j'étais complètement abattue et comme une idiote j'ai craqué devant elle. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps à quelques centimètres d'elle. Elle a pleuré aussi quand je lui ai dit où j'étais allée et à quel point je souffrais de leur haine envers moi. Elle a pleuré en s'excusant. En s'excusant d'avoir mit au monde une fille aussi mauvaise et ingrate. Un rire nerveux m'avait échappé. Ma voix s'était brisée d'un coup franc, et mon cœur avec. Personne n'avait crié. J'avais été étonné sur le moment. Puis maintenant en attendant Vynce hurler derrière la porte, je comprenais qu'il avait juste emmagasiné sa haine jusqu'à ce qu'elle explose. J'étais persuadée qu'il l'avait fait exprès, il savait pertinemment que sa colère était beaucoup plus dévastatrice quand elle touchait le point de non retour.
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Chut [Nathaniel]
FanfictionDans le silence d'une âme, on peut tout y trouver ; aussi bien des secrets bien gardés qu'un néant effrayant. [Pas besoin de connaître Amour Sucré pour lire cette fanfiction. Je ne me base pas vraiment sur le jeu, juste sur le personnage de Nathanie...