8

577 33 25
                                    


On était arrivé devant la porte de mon appartement. Il était maintenant dix huit heures et quart et ma main était posé sur la poignée de porte. Je pouvais entendre les voix fuser derrière ce bout de bois. Je n'avais pas le courage d'actionner la poignée et de montrer au grand jour le chaos qui régnait dans l'enceinte de ces murs à Nathaniel. Je ne voulais pas qu'il découvre le désordre de ma famille. Mais je n'avais pas le choix, on était déjà là, et il attendait. Je sentais ma main trembler en ouvrant la porte et les braillement se stoppèrent à l'entente du grincement de la porte d'entré. Je fis entrer Nathaniel avant d'entrer à mon tour et de refermer à clé derrière nous. Je sentais Nathaniel s'écrasait derrière mon dos quand la voix de mon beau-père résonna dans le couloir.


- Elise, tu pouvais nous prévenir que tu ramenais quelqu'un.

- Désolée... balbutiais-je. Nathaniel, Vynce mon beau-père, Vynce, Nathaniel un camarade de classe. Il devait m'aider à réviser pour l'espagnol.

- Enchanté Nathaniel !


Vynce l'attrapa par l'épaule pour lui faire la bise et je voyais Nathaniel se raidir face au contact non désiré que mon beau-père avait initié. Vynce voulait absolument lui faire boire quelque chose, il lui proposait même de l'alcool sachant que nous n'étions que nous étions mineur. Il insistait grandement et je voyais que sa carrure imposante additionnée à la timidité de Nathaniel, ce dernier n'arrivait pas à refuser. On pouvait très clairement lire sur son visage qu'il ne voulait pas, que boire de l'alcool avec cet homme cafardeux le rebutait. Mais je pense que lui aussi avait peur de lui. Je pense que lui aussi sentait qu'une aura sinistre tournait autour de cet homme. Je voulais tirer Nathaniel de là, lui dire de partir. Tout ça était une mauvaise idée. J'aurais du refuser sa venue.

Vynce venait de servir un shot de vokda à Nathaniel et il persistait sur le fait qu'un boire un petit coup ne pourrait que lui faire du bien. Et ça me rendait folle. Il ne voulait pas, il ne voulait pas de son alcool pourri ni de sa fausse sympathie. Personne n'en voulait. C'était un sale homme et rien qu'avec un simple regard on pouvait le comprendre. Mais la plupart des gens faisaient les aveugles, ne voulant rien voir.


- Il ne veut pas boire d'alcool, il te l'a dit. C'est interdit par la loi de faire boire des mineurs, et encore plus d'insister comme tu le fais. Donc maintenant, si tu le permets, on va étudier pour réussir notre vie, nous.


Je regrettai instantanément mes mots. Ils s'étaient échappés tout seul de ma bouche, je n'avais pas réussi à me contrôler. Je voyais mon beau-père fulminer de rage et ma mère poser sa main sur son épaule pour le calmer tant qu'on avait un invité. Je tirais Nathaniel par la bras pour rejoindre ma chambre avant de nous enfermer dedans. Je soupirai en lançant mon sac au pied de mon bureau. Je m'asseyais mollement sur mon lit et Nathaniel me mima. Un silence gênant s'installait entre nous et je ne pus résister à l'envie de m'étaler sur mon lit pour enfouir ma tête dans mon oreiller afin de disparaître. Je ne savais pas comment désamorcer la situation, comment amener la conversation, comment faire taire ce silence dérangeant. J'avais envie de m'excuser pour la situation gênante qu'il avait du vivre dans le salon mais les mots se bloquaient encore et toujours au fond de ma gorge. Je détestais ce semi mutisme que je m'infligeais. Il n'avait aucun sens. Pourquoi étais-je comme ça ? Quand est-ce que cet handicap s'était immiscé dans ma vie ?Je ne le supportais plus. J'avais envie d'être comme tous les autres, avoir des amis et partager mes pensées, mes idées et rires, mais je ne pouvais pas. C'était comme si un mur s'érigeait entre le monde et moi, interdisant mes mots. Me condamnant. Je pestais intérieurement contre mon beau-père et contre moi, je n'en pouvais plus de cette vie. Je sentais le matelas s'affaisser près de moi et un petit être poilu marchait sur mon dos. Il s'allongeait sur moi, ronronnant pour m'apaiser, comme si il savait ce qu'il se passait en moi, comme si il comprenait.

Chut [Nathaniel]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant