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J'avais supplié Nathaniel de venir dormir chez moi ce soir. Je ne voulais pas rester seule. Il avait accepté avec beaucoup d'hésitation. Il avait demandé la permission de sa mère et je trouvais ça adorable. C'est vrai que normalement, à notre âge, on est sensé demandé pour découcher. Je ne faisais plus ça depuis quelques années maintenant. J'avais oublié ce que ça faisait d'avoir des parents qui se souciaient réellement. J'avais enlevé cette pensée de mon esprit en un rapide clignement d'yeux et on était monté les escaliers de mon immeuble. En passant la porte d'entrée, j'entendis des éclats de rire remplir l'appartement. C'était si rare que mon cœur s'arrêta l'espace d'une seconde. J'avais peur de m'être trompé de porte. Mais non, je reconnaissais chacune des voix. Ils avaient invité des amis à eux. Amis adorables, mais je ne comprenais toujours pas pourquoi ils traînaient encore ensemble. Je posai nos affaires dans l'entrée avant de me diriger dans le salon où je voyais tout le monde attablé, un verre à la main. Vynce et ma mère avaient un sourire sincère sur les lèvres, et cette vision me pinça le cœur. Je haïssais les voir heureux. Jack réagit en premier, il se leva de son siège pour venir me saluer. Il fit de même à Nathaniel qu, au vu de son regard perdu, ne comprenait pas grand chose de la situation.


- Nathaniel, mon copain, Jack, un ami de mes parents. souriais-je.

- Mais c'est qu'il est craquant ! me chuchota Jack, riant.


Je levai les yeux au ciel, toujours avec un sourire. Je me dirigeai vers Thibault et sa compagne, dont j'étais incapable de me souvenir de son prénom. Elle était adorable pourtant, mais ça m'échappait toujours. J'étais mal à l'aise au moment des présentations. Heureusement pour moi, elle se présenta d'elle même. Vanessa. Vanessa. Je devais m'en souvenir maintenant. Nathaniel et moi comptions nous éclipser dans ma chambre, voyant qu'on dérangeait clairement les deux idiots qui me servaient de tuteur, mais Jack m'en empêcha.


- Hop hop hop hop hop ! Pas si vite demoiselle coloré ! Ça fait deux ans que je ne n'avais pas vu ta face de cadavre, j'ai un interrogatoire pour toi et ton blondinet moi. J'ai besoin de faire ma commère, tu peux pas me laisser comme ça !


Je riais face à sa désinvolture et partit m'asseoir sur le canapé face à lui. Nathaniel me suivit timidement, se posant à seulement quelques centimètres de moi.


- Et puis, me murmura Jack, j'aime bien tes parents, mais ils me saoulent pas mal là.


Je roulai des yeux. Je comprenais quand même ce qu'il disait par là. Il était bien plus jeune que tous les autres présents autour de nous. Il avait 24 ans. Tous avaient entre 35 et 48 ans. Ma mère était la plus âgée.


- Bon allez, donne moi cette interro surprise. riais-je, levant les mains en l'air avant de les faire retomber bruyamment sur mes cuisses.

- D'abord, je veux que tu enfournes quelques beignets dans ta bouche parce que t'as plus juste la couleur d'un cadavre, t'as le corps qui va avec. T'as pris le pack complet pour Noël ou quoi ?


Je râlai, refusant d'avaler une seule de ces immondices. Ça avait baigné dans l'huile. Je haïssais ça. Il râla encore plus fort que moi et proposa l'assiette remplit de friture à Nathaniel qui se fit une joie d'en manger.



Sept. C'était le nombre de verres d'alcool que j'avais bu. Quatre. Le nombre de fois que j'avais embrassé Nathaniel. Douze. Le nombre de regards noirs de la part de ma mère et Vynce. Le douzième avait été quand j'avais enlevé le gilet de Lysandre. J'étais en petit t-shirt, exposant clairement leur haine. Je n'avais ressenti aucune honte avec les grammes d'alcool dans mon sang. Et j'en avais encore moins ressenti quand j'avais réussi à avaler mon taz en toute discrétion. J'avais envie de leur rire au nez, de leur cracher à la gueule avec leur air suffisant. Mais je m'étais contenté d'essayer de les oublier et de m'étaler sur Nath et Jack. J'avais posé ma tête contre le torse du blond et mes jambes sur les genoux de Jack. Ce dernier avait continué à me poser des questions sans queue ni tête jusqu'à ce que j'aille me coucher. Nathaniel et moi étions autant cuit l'un que l'autre. On était allongé droit comme des piqués dans mon lit, la lumière de chevet encore allumée. Mon chat s'était posé entre nous. Il s'était transformé en boule de poil ronronnante sous les caresses de mon petit-ami. À l'entente de ma propre pensée, je me mis à réaliser. J'étais vraiment en couple à nouveau ? J'avais du mal à me faire à cette idée, qui me faisait clairement rougir comme une gamine de dix ans. Je ne pouvais masquer le sourire qui se formait sur mes lèvres. J'étais heureuse d'être aimé, ça m'avait manqué. Le temps d'une seconde je me demandai si j'étais capable d'aimer moi aussi, de l'aimer aussi. Mais la réponse vint de manière simple et limpide. C'était si fort ce que je ressentais à l'intérieur de moi quand je pensais à lui que ça ne pouvait être que ça. Je cachais mes yeux à l'aide de mes paumes de mains. J'étais bourrée, gênée, et j'avais envie de l'embrasser mais je n'osais pas. J'étais vraiment comme une enfant avec son premier amour sur ce coup-ci. Mon cœur battait la chamade à ses côtés. Rien qu'en sentant sa présence je me trouvais apaisée. À chaque fois que sa peau effleurait la mienne, je me retrouvais parcouru par des milliers de frissons. Je fondais à chacun de ses baisers. Je sautais intérieurement de joie à chaque fois que ses yeux se posaient sur moi. Je craquais de bonheur dès que je le voyais. Je faisais tout pour ignorer ses sentiments, ayant peur de trop me laisser aller avec lui. Mais je supposais que ça faisait partit du jeu, de devoir s'abandonner, alors je devais m'y prêter si je voulais profiter au maximum.

Chut [Nathaniel]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant