13

600 38 38
                                    


Je sentis Nathaniel s'accroupir face à moi, me demandant si tout allait bien. J'avais envie de lui hurler que non, si je pleurais, tout n'allait pas bien. Mais comme toujours, rien ne sortait à part des hoquets de tristesse. Je m'en voulais de ne pas avoir réussi à réagir face à l'homme, mais j'avais eu si peur, j'étais si tétanisée à l'idée qu'il puisse faire quelque chose de plus horrible. 

Délicatement, Nathaniel posa ses mains sur mes genoux, toujours accroupi devant moi, et dans un murmure à peine audible il me demanda si l'homme qui était assis à côté de moi quelques instants plus tôt m'avait fait quelque chose. À l'entente de cette question, mes sanglots devinrent plus violents et je ne pus m'empêcher de tirer mes cheveux pour tenter de me calmer. Comme si une douleur physique pouvait remplacer la morale. En plus de la peur qui régnait en mon être, la culpabilité se joignit. Cet homme ne m'avait pas fait de mal physiquement, et je réagissais comme si il venait d'arracher mon âme. Je tremblais de peur, étais secouée par des spasmes qui ne voulaient plus s'arrêter. Je m'étouffais dans mes larmes, à bout de mon existence. J'avais l'impression que tout me tombait dessus ces dernières années, et je n'avais plus de force pour l'encaisser. Je laissai tomber ma tête contre le cou de Nathaniel face à moi, cherchant du réconfort, une chaleur amicale. Et dans un éclat de voix brisée, je lui murmurai un faible pardon. Je voulais m'excuser pour tout, pour mes pleures, pour mon idiotie, pour mes peurs, pour être moi, pour exister. Et pour seule réponse, il me m'enserra contre lui, dans une douce étreinte. Une de ses mains caressa mon dos, formant de délicat cercle, et l'autre passait dans mes cheveux, caressant mon cuir chevelu. Au fil des minutes, mes larmes se firent moins présentent, mes sanglots s'apaisèrent et mes tremblements se calmèrent. Je reniflai légèrement, relevant la tête, morte de gêne. Nos regards se croisèrent, et prise d'une immense honte, de nouvelles gouttes salées se mirent à rouler sur mes joues. Je cachai mon visage à l'aide de mes mains, ne voulant pas qu'il me voie pleurer à nouveau. Mais ce n'était pas deux vulgaires mains posées sur ma face qui allaient cacher mes pleures. Nathaniel retira mes paumes de devant mes yeux et me fixa. Il m'embrassa tendrement le front avant de m'entraîner à nouveau contre son torse. Il me susurra de petits mots à l'oreille, couvrant mon crâne de baisers pour m'apaiser. Je fondai sous les caresses et la tendresse de cet homme. Je me calmai pour de bon cette fois-ci, et Nath s'éloigna. J'aurais voulu rester contre lui toute la nuit. J'essuyai d'un revers de la main mon visage avant de voir que mon maquillage avait coulé de partout. Je soufflai d'exaspération, et en relevant les yeux, je vis que la blanche chemise de Nathaniel était tachée de noir au niveau du col et de l'épaule. 


- P-pardon, je... je suis d-désolée pour la che-

- C'est rien, c'est pas grave. me coupa-t-il.


J'acquiesçai légèrement, n'ayant pas la force de batailler ou de m'excuser plus. Le blond me tendit un mouchoir pour que j'essuie mon visage, ce que je fis. Le tissu était trempé et rempli de maquillage. Je devais être horrible à voir. 


- Le métro arrive dans dix minutes, je te ramène chez toi ? proposa-t-il.


Je secouai ma tête de droite à gauche, lui signifiant que non. Je ne voulais pas rentrer, et de toute manière je ne pourrais pas rentrer à cette heure-ci. Face à mon absence, mon beau-père avait sûrement fermé la porte, en prenant soin de laisser ses clefs sur la serrure pour que je ne puisse pas rentrer. De toute façon, je ne voulais pas rentrer, si il était éveillé, j'avais une chance sur deux de me faire emmerder, voire plus. 


- J'ai pas envie de rentrer chez ma mère... chuchotais-je.

- Pourquoi ? Il faut bien que tu rentres chez toi dormir, tu peux pas rester seule dans les rues jusqu'au petit matin.

Chut [Nathaniel]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant