Chaos : un acte d'imprudence

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Harry Potter était quelqu'un d'impulsif. Il avait tendance à foncer tête baissée et à réfléchir ensuite si c'était dangereux.

D'ailleurs, on le lui avait souvent reproché.
Alors qu'il était à Poudlard, et que l'ordre de Phénix essayait de le garder en vie pour qu'il puisse se sacrifier pour sauver le monde de la magie - fichu Dumbledore - il avait rendu fou de rage plusieurs personnes par son comportement irréfléchi.

Contrairement à ce qui lui avait été reproché, il ne le faisait pas exprès. A dire vrai, il n'aimait pas vraiment être en danger.
Mais sur le moment, il suivait son instinct. Et souvent, ses actes lui semblaient la meilleure idée possible. Bien entendu, il ne se rendait compte du danger qu'après. Une fois que tout était terminé et que les reproches pleuvaient sur lui.

Après avoir vécu Voldemort - et survécu contre toute attente - il avait suivi la voie qu'il s'était choisi, parce qu'il ne savait rien faire d'autre.

Il était devenu Auror, très rapidement. Trop rapidement pour beaucoup. Mais ses résultats faisaient taire les mauvaises langues. Il était bon. Mieux même. Il était excellent.

Cependant, il n'avait pas perdu ses mauvaises habitudes. Il continuait de foncer tête baissée. Il ne se préoccupait du danger que quand tout était terminé. Ainsi, en moins d'une année, il avait changé pas moins de trente fois de coéquipiers. Et plus personne ne voulait travailler avec lui.

Certains l'accusaient d'être fou, d'autre d'être suicidaire.

Lorsqu'il était convoqué dans le bureau du chef des Aurors, Gawain Robards et que ce dernier semblait au bord de la crise de nerfs - ou tenté de se pendre avec les horribles rideaux qui avaient été posés aux fenêtres - Harry le regardait avec un air totalement étonné, ne semblant pas comprendre le problème.

Robards le connaissait cet air. Un mélange de surprise, un soupçon de choc, le tout saupoudré d'une pincée de colère. Ses grands yeux verts écarquillés. L'air de ne rien y comprendre.
L'entretien se déroulait toujours de la même manière.
Harry ne comprenait pas d'où venait la rumeur le décrivant comme dangereux, Robards tenterait de lui expliquer que son impulsivité devrait être muselée. Harry hocherait la tête avec son air étonné. Robards lui ferait signe de sortir.
Et la même scène se rejouerait la semaine suivante.

C'est pourquoi quand le ministre de la Magie en personne vint le voir pour lui parler d'une nouvelle recrue, il avait entrevu une solution au problème Potter.
Plus exactement à deux de ses principaux problèmes : Potter le suicidaire sans coéquipier et le nouveau.

Robards ouvrit le dossier en soupirant. Nouvelle recrue, ex-Mangemort innocenté. Résultats excellent malgré une forte tête réfractaire à la discipline. Parfait...

Le lendemain, il convoqua Harry dans son bureau. Quand l'Auror entra, il ne se rendit pas compte que quelqu'un était déjà installé dans le fauteuil face à Robards.

- Potter. Enfin. Je vous ai trouvé un nouveau coéquipier.
Harry - qui avait l'habitude - hocha la tête d'un air absent.
- Je vous préviens. Vous êtes un excellent élément. Cependant, si ça ne marche pas, vous resterez ici à vous occuper de la paperasse.
- Quoi ? Mais...
- C'est valable pour votre nouveau coéquipier. En gros soit vous travaillez ensemble soit vous êtes mutés en tant que gratte-papier jusqu'à la fin des temps. Personne d'autre ne veut travailler avec vous...
- Chef, je...
- Potter. Nous avons déjà eu cette conversation plusieurs fois. Ensemble ou rien.
Harry acquiesça d'un air morne.
- Messieurs... je vous laisse faire connaissance pour ce matin.
Harry plissa les yeux en se rendant compte de la présence d'une troisième personne dans le bureau. Quand il se leva, il dût se mordre les lèvres pour ne pas pousser une exclamation de surprise.
- Potter.
- Malefoy.

Ainsi donc, Drago Malefoy était maintenant un Auror. Et ils allaient devoir travailler ensemble. Ils s'affrontèrent un instant du regard sous l'oeil amusé de Robards puis sortirent du bureau de leur supérieur.

- Ainsi donc, personne ne veut travailler avec le grand Harry Potter.
Harry grogna une réponse inintelligible.
- Que personne ne veuille d'un Malefoy, je peux comprendre, mais toi, le meilleur Auror qui ait jamais existé selon la Gazette...
- Il ne faut pas croire ce qui se lit dans la presse...
Draco ricana amusé.
- Et donc ?
Harry soupira, lui jeta un bref regard puis finit par lui répondre.
- Ils trouvent que c'est trop dangereux de travailler avec moi.
- Dangereux ?
- Ouaip. Trop dangereux.

Les premiers jours de leur collaboration se passèrent étonnement bien. La menace d'être coincé à remplir des dossiers toute la journée était un excellent stimulant pour mettre leurs anciennes querelles de côté.
Ils se chamaillaient parfois, mais rien de catastrophique. Ils étaient d'ailleurs les premiers étonnés de se trouver si complémentaires.

Robards les observait de loin, surpris de voir qu'ils semblaient parfaitement en harmonie. Malefoy était le premier Auror à supporter la compagnie de Potter plus d'une semaine sans menacer de se trancher les veines avec sa plume d'écriture...

Leurs missions s'enchaînaient, et l'un comme l'autre trouvait son compte dans leur collaboration. Malefoy était doué pour proposer des plans, Potter doué pour les exécuter.

Jusqu'au jour où...

Jusqu'au jour où ils furent appelés en renfort sur une enquête d'utilisation de magie noire. Arrivés les premiers sur les lieux, ils avaient poursuivi le responsable sur les toits d'un immeuble moldu, lui courant après avec la détermination qui les caractérisait.

Arrivé au bout du toit, l'homme se retourna, baguette brandie. Drago vit le danger. Il stoppa et leva à son tour sa baguette prêt à se protéger. Harry vit le danger. Au lieu de s'arrêter, il accéléra, pensant pouvoir le stopper avant qu'il ne lance le moindre sort.
Drago, yeux ronds, vit son coéquipier foncer tête baissée sur leur suspect, qui était en train de se préparer à jeter un sort. Il était trop loin pour le désarmer.
Au moment où le sort fusait en direction de Harry, Drago hurla "Protego" en direction de son collègue.

"De justesse" pensa t'il le cœur battant.
Il avait réussi à stopper le sort juste devant Potter. Qui, n'ayant pas ralenti était en train de se jeter sur le coupable et de le ceinturer au sol avec un cri victorieux.

Drago soupira. Se pinça le nez entre le pouce et l'index. Inspira à fond. Essaya de ne pas penser à jeter un impardonnable sur cet idiot.

Il comprenait mieux les rumeurs qu'il avait entendu au sujet de Potter. Il était juste resté le stupide Gryffondor qu'il avait toujours été...

- POTTER !
- On l'a eu !
- Putain mais tu es complètement TARÉ !
- Quoi ?

L'air étonné - que Gawain Robards connaissait si bien - déstabilisa un instant Drago. Juste un instant.

- Tu as réfléchi avant de te jeter tête première ?
- J'avais le temps !
- Tu n'avais pas le PUTAIN de TEMPS nécessaire. Sans le sort qui a arrêté le sien tu étais CUIT, POTTER ! CUIT ! Et moi relégué à la paperasse !
- Heureux de voir que mon bien-être te tient à cœur, Malefoy.
- Dans la mesure où TON bien être est directement lié au mien, effectivement ça me tient à cœur. Mais qu'est ce qui t'as prit ?
- Ba tu étais là pour veiller sur mes arrières non ?

Drago dû refréner une envie subite de violence et inspira plusieurs fois avant de continuer.

- Qu'est ce qui me retiens de t'éviscérer ?
- Une éternité de paperasse ?

Drago, bouche bée, regarda Harry quitter le toit, un léger sourire aux lèvres.

Avec cette manie de foncer tête baissée, cette imprudence permanente, comment cet idiot de Gryffondor avait pu rester en vie jusqu'à atteindre l'âge vénérable de 21 ans ? C'était un des mystères de l'Univers.

Un autre grand mystère de l'Univers était de savoir comment il allait tenir le choc pour garder cet énergumène en vie. Ça s'annonçait comme un boulot à plein temps, qui donnerait presque un certain attrait à une éternité de paperasse. Presque.

le parfait coéquipierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant