Le bras immobilisé dans une attelle au bout de laquelle dépassait sa main plâtrée, Charles avait piètre allure.
Les traits de son visage étaient tirés et une pâleur persistante faisait ressortir son hématome, qui s'était étendu jusqu'à sa tempe.
Deux minutes plus tôt, Carmen m'avait envoyé un message me demandant d'aller les retrouver dans son bureau, plus grand, et dans lequel se trouvait une petite table sur laquelle nous avions pris l'habitude de manger.
Même s'il était plus spacieux et plus lumineux que le mien, le bureau de Carmen donnait directement sur le hall de l'étage. Les nombreux passages et les rires stridents que poussait souvent Géraldine ne me faisaient pas du tout regretter mon placard à balais, aussi tenace fut l'odeur de renfermé qui y régnait.
Tandis que Charles s'installait sur une des quatre chaises disposées autour de la table ronde, Carmen y disposa plusieurs boites en plastique de taille moyenne, et ce qui ressemblait à des sandwichs, emballés dans du papier aluminium.
Je m'avançai et jetai un coup d'œil au sac qu'elle vidait.
Ce serait libanais pour aujourd'hui !
Elle leva la tête et me sourit.
- Je t'ai pris du poulet mariné et un mezzé, ça te va ? Me demanda-t-elle.
- C'est parfait, merci.
Je pris place en face de Charles. Il était anormalement silencieux et avait le regard vague.
Carmen s'installa à son tour et nous pûmes commencer à manger. Elle tendit à Charles un sandwich qu'elle déballa pour lui. Celui-ci s'en empara et mordit machinalement dedans.
- Comment te sens-tu ? Demandai-je, de bonne foi.
Il mit quelques secondes avant de réaliser que c'était à lui que je parlais.
- A ton avis ?
OK.
Sa brusquerie me déplaisait. Certes, il avait eu une sale journée, mais je ne voyais pas pourquoi je me prenais tous ses malheurs dans les dents.
Je savais qu'il était dopé à l'Ibuprofène et aux antidouleurs, et que par conséquent, ses capacités défensives n'étaient pas au beau fixe.
A la guerre comme à la guerre, je décidai donc de passer à l'offensive.
- C'était quoi cette scène, ce matin ?
Lâche ? Non, stratège.
Carmen me regardait comme si j'étais folle. Quant à lui, il jeta son sandwich sur la table et me lança un regard contrarié.
- Tu veux vraiment parler de ça, maintenant ? Me défia-t-il.
Je laissai à mon tour tomber mon plat. Je n'avais plus faim de toute manière.
- Ouais, maintenant. Tu pourrais, par exemple, en profiter pour m'apprendre deux ou trois choses sur cet Ezio.
- Ne fais pas comme si tu ne le connaissais pas !
Incroyable !
- En quelle langue faut-il que je te le dise ? Pour la dernière fois : JE NE LE CONNAIS PAS ! vociférai-je.
Voyant le ton grimper crescendo, Carmen tendit un bras vers chacun de nous, mains levées, afin d'apaiser la situation.
Charles se releva en faisant crisser sa chaise et me pointa de son satané doigt.
- Toi, la moralisatrice de service, ce qui s'est passé ce matin ne te regarde pas ! Alors lâche l'affaire, je n'ai pas de comptes à te rendre, bordel !
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À Crocs T1 Le Sort Brisé [EN PAUSE]
VampireEntre un vampire tueur en série à Paris, et un trafic de drogue qui éclate à New York, Nina va devoir redoubler d'ingéniosité pour venir à bout de ces enquêtes. Alors que sa rencontre avec Ezio, son nouveau coéquipier, bouleverse toutes ses croyanc...