30.

3 1 0
                                    

Je lui souris. Je sentais Ayden très tendu. Mais il ne l'était sûrement pas autant que moi. Nous restâmes quelques minutes à discuter avec elle. Helena était très gentille, je me souviens qu'elle nous racontait sa vie dans cet hôpital, que les gens étaient très agréable, qu'elle avait des amis. Je passais quelques instants très agréables avec la mère d'Ayden. Je me demandais tout de même ce qu'elle faisait ici car, pour le moment rien n'indiquait qu'elle souffrait d'une quelconque maladie mentale.

Nous rentrâmes tranquillement à la maison sans un mot. Je me contentais juste de penser, et Ayden me comprenait probablement.

Je fis le repas très rapidement et Ayden me rejoint après s'être douché. Nous nous sommes mis devant la télé pour manger.

J'étais en train de me lever pour débarrasser quand il me prit la main et me tira vers le canapé. Je rigolais et compris qu'il voulait que je m'allonge près de lui. Comment résister à cette tête de bébé qui me supplie de venir auprès de lui ? Je me blottis contre lui. Il passait la main dans mes cheveux et commençait à me parler :

- Tu sais, je n'ai jamais présenté quelqu'un à ma mère de peur qu'elle réagisse très mal. Et je ne t'ai jamais vraiment expliqué comment elle en est arrivée là.

- Oh, tu n'es pas obligé de me raconter des souvenirs douloureux tu sais, je suis capable d'attendre et je ne demande rien.

- Je le sais et c'est bien pour cela que je veux que tu saches tout, la vérité. Je veux que tu saches les moindres recoins, même ceux qui ont été les plus douloureux dans mon passé. Alors je vais te raconter mais promets-moi de ne pas me couper la parole ou de verser une larme.

- Je te promets de ne pas te couper la parole en revanche, je ne contrôle pas vraiment ces choses-là...

- Je me lance... Quand j'avais environ dix ans, mon père était pompier et un jour on l'a appelé en pleine nuit car il y avait un incendie dans la ville voisine. Je ne me souviens plus de cette journée en vérité. Etant habitué à dormir dans ces situations-là, je me suis endormi. Le lendemain matin au réveil, mon père était face à la table et quand il m'a vu m'a fixé. Longuement. Jamais il ne m'avait aussi détaillé. Il pleurait. Je suis venu le voir et lui a demandé ce qui se passait. Il m'a expliqué que cette nuit un petit garçon était décédé devant ses yeux. Il me ressemblait comme 2 gouttes d'eau.

Il fit une pause et je compris que la suite serait le passage le plus dur de toute cette histoire. Je me retins de poser des questions.

- Les jours qui ont suivi, mon père ne pouvait plus me regarder dans les yeux. Je voyais que ça le blessais énormément, alors je l'évitais. Il s'était mis à boire. Un soir où maman travaillait et où mon père était censé me garder, il but. Trop. Il ne me fit même pas à manger, il ne me croisait même pas. Il me criait dessus comme si j'avais fait la plus grosse bêtise du monde. J'appelais ma grand-mère pour qu'elle vienne me chercher. Ce qu'elle fit. Je suis certain qu'il ne se souvenait même plus de ce moment. Je suis rentré le matin. Il n'y avait personne. Une lettre, l'encre avait bavé et une bouteille de whisky vide trônait sur la table.

Il ravala sa salive et malgré lui me serrait plus fort.

- J'ai toujours cette lettre tu sais, et je suis incapable de la relire. Je suis incapable de relire cette putain de lettre parce que c'est la seule chose qui me reliait à lui avant que...

Je sentis quelque chose d'humide sur mon front. Je crus que je transpirais mais il reniflait et je compris qu'il pleurait. Je ne dis rien mais mon cœur ne supportait plus l'attente de l'horrible suite, cette suite qui s'annonçait dramatique.

- Il s'est suicidé et c'est moi qui l'ai retrouvé. Je t'épargne les détails Morgan. Ma mère a sombré dans la dépression puis la folie. Je me suis retrouvé seul à quinze ans. Aujourd'hui je vis avec cette image de lui, la dernière, dans cette chambre... Tu n'es pas obligée de dire quoi que ce soit, je comprends.

MorganOù les histoires vivent. Découvrez maintenant