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Point de vue de Morgan

J'étais seule dans la pièce, les médecins m'examinaient. C'était toujours le même pronostic. Mes parents ne passaient que le soir après le travail. Cela faisait exactement sept jours et trois heures que je m'étais réveillée. Je m'ennuyais et je ne pouvais pas parler, ni bouger. Chaque jour j'essayais, mais en vain. J'avais envie de poser pleins de questions à pleins de personnes. Quelqu'un entra dans la pièce, je ne pouvais pas savoir qui c'était. Cette personne me prit la main.

- Je suis désolé Morgan, je suis allée trop loin, tu ne me le pardonneras jamais, mais je voulais venir te voir, prendre des nouvelles. J'ai l'impression d'avoir tout gâché, ce n'est peut-être pas qu'une impression, j'ai tout gâché.

C'était Justine. Si j'avais pu, je lui aurais demandé de partir le plus vite possible. Ce qu'elle m'a fait est tout simplement impardonnable. Pourquoi elle tient toujours ma main ? Elle veut quoi ? Que je me réveille et que je lui saute dans les bras ? Oui, bien sûr !

Une autre personne entra dans la pièce et ferma la porte, je sentis le doux parfum de Louis embaumer la pièce. Justine lâcha ma main. Le silence n'a régné que quelques secondes.

- Justine ? Comment tu peux te permettre de venir aujourd'hui, lui tenir la main la regarder après tout ce que tu lui as fait subir ?

- Je pourrais te poser la même question figures-toi.

- Là n'est pas la question, sors de cette chambre Justine, elle ne te le pardonnera jamais, tu lui as menti. Tu as joué avec elle alors que tu étais sa meilleure amie. Je te préviens Justine, n'essaies pas de te racheter. Cela ne marchera pas, je connais Julia.

Aucune réplique de Justine ne se fit entendre. On entendit seulement le claquement des talons s'éloigner peu à peu.

Louis s'approcha, il tira une chaise près de moi et me raconta ses journées en détails. Comme il le faisait depuis que j'étais dans ce maudit coma. Il me confia :

- Tu sais, je suis absolument persuadé que tu m'entends parce que tu es une battante. Tu ne peux pas me laisser tout seul. Et puis Jules ne comprends pas, Gabriel s'énerve dès que l'on essaie de parler de toi ou de l'hôpital. Ta mère pleure chaque soir en pensant au pire, et ton père est plus froid que jamais. Quant à moi, tu me manques terriblement. Mais qu'est ce qui t'as pris ? Pourquoi t'es-tu arrêté en plein milieu de la route pour regarder cette photo ? Oui, je sais, je l'ai trouvée près de toi. Là maintenant, j'aimerais que tu te réveilles pour que je puisse voir à nouveau tes magnifiques yeux bleus et ton sourire d'une blancheur parfaite. Tes manières, ta façon de marcher, de m'embrasser, retrouver tes câlins, je t'en supplie Morgan, pour une énième fois, réveilles-toi.

Ses mots me pétrifièrent malgré le fait que je sois déjà en incapacité de le faire. À l'intérieur de moi, je bouillonnais. Il fallait que je me réveille, que je vois son visage, ses yeux.

Pouvoir courir, sauter, danser, jouer, pleurer, rire aux éclats de nouveaux. Je sentis quelque chose d'humide sur ma joue, une larme perlait sur mes paupière, mes yeux s'ouvrirent avec une telle difficulté... La lumière du soleil m'éblouissait, je voyais Louis, ravi. Je réussis à prononcer :

- Je t'aime.

Il s'empressa de m'embrasser d'un baiser délicieux sur le front, puis deux. Les médecins arrivèrent et retirèrent les tubes dans ma gorge. Mes parents également m'embrassèrent. Tous avaient des fleurs ou un cadeau. Tout le monde me félicitait, même Jules était là. J'étais de nouveau parmi eux, à les scruter, heureuse.

Les jours qui ont suivis, j'étais à la maison, je n'avais même pas pu fêter mon anniversaire. Dans quelques jours c'était Noël et mes parents me réservaient une surprise, qu'avaient-ils encore bien pu mijoter dans leur coin ?

Louis passait à peu près tous les jours à la maison. Nous étions de nouveau en couple mais jamais nous avions reparlé des circonstances de mon accident. J'ai l'intention de lui parler de... Cette photo.

Louis arriva. Depuis que je suis "revenue de ce monde", il est beaucoup plus attentionné qu'avant. Lui aussi doit me dire quelque chose apparemment. On verra bien. La sonnette retentit, j'allais ouvrir. Louis m'attendais, le sourire aux lèvres.

- Salut, alors aujourd'hui, ça va ?

- Ca peut aller, rentre ! Il fait froid dehors.

On alla dans ma chambre, je me mis sur ma chaise de bureau et lui sur mon lit. Pour une fois, ma chambre était rangée. Je ne savais pas comment aborder le sujet alors je finis par dire :

- Tu...avais quelque chose à me dire ?

- Oui, enfaîte, depuis que tu as eu ton accident, j'ai eu un déclic. J'ai cru que je t'avais perdu ! Tu étais là, la tête sur mes genoux, le sang coulait de tes blessures et tu ne respirais quasiment plus.

Il s'interrompit dans son récit, des larmes commençaient à descendre sur ses joues roses. Je le pris dans mes bras en me retenant de pleurer.

Il m'aimait vraiment, et moi je n'ai fait que de le considérer comme mon meilleur ami tout ce temps. Quelle égoïste je fais ! Je regrette tellement de n'avoir rien vu.

Morgan, il faut que tu lui dises, la photo...

- Louis ?

- Oui ?

- La photo, pourquoi était-elle par terre au moment où j'ai eu mon accident ?

- Je... je l'ai en permanence sur moi. Tu es ma force Morgan, il y a plusieurs mois déjà comme tu dois t'en souvenir, nous avions pris cette photo lorsque nous sortions ensemble. J'ai faillis quitter l'internat. J'étais sur le point de fuguer quand j'ai senti une feuille cartonnée en papier glacé, c'était notre photo. Je me battrais jusqu'au bout pour toi. Tu es la seule dans ma vie. Tout ça c'est de ma faute. Si cette maudite photo était restée dans ma poche, tu n'aurais pas eue toutes ces souffrances atroces...

Il prit mon visage dans ses mains, me regarda quelques secondes. Il m'embrassa. Je manquais de force alors je me posai sur le lit, épuisée. Je proposais à Louis de dormir à la maison. Je ne voulais plus dormir seule après toutes ses nuits à l'hôpital. Il accepta.

Nous discutâmes de tout et de rien, je crois que nous nous endormîmes vers minuit. Je me réveillais toute la nuit, hantée par de nombreux cauchemars. Je revivais mon accident en permanence. Les pleurs me gagnèrent à chaque fois et Louis essayait de me consoler. J'avais peur, il fallait trouver une solution.

MorganOù les histoires vivent. Découvrez maintenant