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Nous récupérons Jules.

 Louis le prit dans ses bras et nous firent le même chemin que pour l'allée. Au retour je devais prendre une baguette de pain pour ce soir, alors Louis et Jules partirent devant moi car il faisait froid. Je traversais la nationale et rentrais dans la boulangerie, une odeur de pain chaud me réchauffa et me redonna le sourire, je décidais de prendre un goûter pour Jules et Louis.

Je ressortis de la boulangerie. Avançais. Je repensais à tous ces moments avec Louis, nos années au collège, notre dispute, nos retrouvailles. Au virage, pour rentrer chez moi, je traversais. Mais une voiture arriva à toute vitesse. Je regardais par terre ne l'entendant pas.

Une photo était par terre, je me baissais pour regarder. C'était Louis et moi, quand nous sortions ensemble. On s'embrassait à ce moment-là.

Pourquoi tout ça ? La voiture fonçait toujours droit sur moi. Je ne l'entendais pas. Mes écouteurs dans oreilles. Je relevais la tête mais il était trop tard. La voiture me percuta de plein fouet. Le choc est inévitable. Je tombe par terre, ma tête heurta le sol.

Je ne pouvais plus bouger. Je ne sens plus rien. Ma tête était tournée vers la route, la photo était là à coté et un écouteur trônait encore dans mes oreilles. Toujours cette musique en boucle. Le sang chaud se vide de mon corps inerte. Le sommeil me gagne, je ne dois pas dormir... Ma vue se brouillait, je ne voyais plus rien, je n'entendais plus rien, j'avais l'impression de m'envoler dans le ciel.

J'ai froid malgré la chaleur du sang dans lequel je baigne, celle de mon sang. De doux flocons se posent sur mon visage. Je me souviens avoir pensé très fort pour que quelqu'un m'entende. Je ne veux pas mourir seule.

Point de vue de Louis

Mais qu'est-ce qu'elle fait ? Ça fait une heure qu'on l'attend. Elle est peut être passée au supermarché, la boulangerie était peut-être fermée. Gabriel était rentré. Je lui confiais Jules, et rentrais chez moi, j'avais oublié de dire à Morgan quelques choses...

Mais tant pis, je lui dirais une autre fois. Il commençait à neiger, quelle belle saison ! L'arbre nu, le paysage qui commençait à devenir peu à peu blanc. Je mis mes mains dans ma poche, je cherchais la photo de Morgan et moi, mince où est-elle passée ?

Sur le chemin, j'entendis des bruits de gens qui criaient. Je n'y prêtais pas attention, jusqu'à ce que j'entende vraiment des appels à l'aide. J'avais peur. Un frisson me parcourut de haut en bas. L'angoisse me gagnait. J'avais un mauvais pressentiment. Avant, je marchais tranquillement, maintenant je courrais à toutes jambes. Je vis un corps par terre. Je reconnu le blouson de Morgan, son blouson noir et ses longs cheveux blonds.

Non, non impossible, ce ne pouvait pas être elle !

- Morgan !

J'arrivais près d'elle, elle avait le visage tourné vers une photo.

La nôtre.

La musique fonctionnait dans ses écouteurs. Je mis ma main sur mon poignet pour toucher son pouls, il était faible. Le souffle ne parvenait presque plus à ses poumons. Je m'aperçus que le sang continuai de couler de sa tête, elle nageait dans une marre de son sang. Mes mains étaient tâchées et je tremblais. Je la relevais doucement et mis sa tête sur mes genoux. Je lui disais des mots doux, que tout ce passerait bien, qu'elle allait s'en sortir. Ses yeux étaient clos et tout le monde autour me regardait sans agir.

– Qu'est-ce que vous avez tous à me regarder ? Appelez les secours bandes d'incapables !

Elle est forte de toute façon, elle ne peut que s'en sortir ! Elle ne peut pas me laisser seul, et sa famille.

MorganOù les histoires vivent. Découvrez maintenant