Mes yeux virent d'abord la lumière aveuglante du soleil, puis des nausées remontèrent dans ma gorge. Je me levais et couru rejeter tout le contenu de mon ventre. Un mal de crâne m'assaillit et je me recouchais, fatiguée. Nous sommes en plein milieu d'après-midi lorsque je ferme les yeux pour finalement me rendormir. Je ne me souviens de rien. La fête, je dansais, des verres d'alcools, puis le vide.
Quelques heures plus tard, une sonnerie de téléphone me réveillait, Gabriel. Je décrochais
« – Allô Morgan ?
– Ne parles pas aussi fort je t'en supplie.
– Que se passe-t-il ?
– Je ne sais pas exactement mais je me souviens d'une fête, de l'alcool et une dispute, je crois que ça ne va pas trop.
– Tu es bourrée ?
– Oui, enfin, je l'étais. Là je viens de me réveiller, je ne sais pas combien de temps j'ai dormi et je suis seule. Téa n'est pas là, on est quel jour ?
– T'es sérieuse ? T'es vraiment nulle de faire ça, je t'avais dit que tu ne tenais pas l'alcool. Voilà le résultat ! Et pour information, nous sommes dimanche soir. Tu me désespères Morgan. Je voulais juste t'appeler pour prendre des nouvelles ! Eh bien la prochaine fois, je m'y reprendrais à deux fois. Remets-toi bien et reposes-toi, demain tu vas en cours je te rappelle ! »
– Gab... Eh merde, je suis vraiment conne.
En voulant mettre un peu de musique pour faire le ménage et ranger un peu, c'est à ce moment précis que je me suis souvenue des évènements d'hier soir. Tout s'emmêle dans ma tête. Je comprends à présent pourquoi personne n'est avec moi. Téa, Lily, tout le monde me déteste et la honte m'envahit, quelle idiote. Je pris le paquet de clope acheté plus tôt et je me renfermais dans la salle de bain. J'en allumais une et pris quelques bouffée, et c'est seulement après cette cigarette que j'éclatais en sanglots. Des sanglots de honte, de haine et de désarroi. Je décidais d'appeler Nolan, j'espérai pouvoir lui parler avec lui, qu'il me conseille, qu'il m'aide.
« Pourquoi le malheur fait de nous des êtres plus forts ? » Je me souvins de cette phrase lorsque Nolan arriva.
Il était assis près de moi, fermé et froid. Il me lança un regard et passionné par le ciel dirigea la tête vers celui-ci en s'adressant dans le vide.
– Morgan, tu as fait tant de mal autour de toi hier soir. Tout a basculé et tu as perdue tout le monde. Malgré tout, je ne sais pour quelles raisons, je ne t'en veux pas.
– Tu dis ça pour me ne pas me blesser mais est-ce vraiment la réalité ?
– Donnes-moi une bonne raison de ne pas te mentir ?
– Si tu savais comme je m'en veux d'avoir fait du mal à tout le monde. Je crois que le mieux serait que l'on arrête de se voir. Je vais faire mes affaires et je vais rentrer chez moi. Je vais quitter l'internat et aider ma mère avec Jules et Gabriel. Mon père se fiche moi et de tout ma famille, je dois les soutenir, un divorce est toujours complexe dans une famille je suppose...
- Alors tu es comme ça toi ? Tu abandonnes dès qu'il y a un coup dur ? Tu fuis pour mieux te sentir ? Je te croyais plus forte que ça. Plus courageuse et plus réfléchie, mais je crois que je me suis trompé de personne.
Il se leva et ne me laissa pas de répit, il partit sans un mot, sans rien et avec un sourire de dégoût. J'ai vraiment tout raté.
Assise sur ma fenêtre je contemplais la cime des arbres dès la forêt, tel un champ d'aiguilles dressées. Le vent soufflait et les oiseaux se réfugièrent dans la masse sombre des branches feuillues. On toqua à ma porte, j'entendis mais ne répondit pas, incapable d'affronter le regard réprobateur et méchant de Téa, de Lily ou bien de Jeanne. La porte s'ouvrit sans permission et je vis Nolan rentrer, penaud dans ma chambre, en désordre.
– Que veux-tu Nolan, si c'est pour me rappeler les erreurs que j'ai faites la nuit précédente, je m'en passerais. Alors sois tu t'en vas, sois tu es là pour quelque chose de bien précis.
– Je reste, j'ai effectivement, quelque chose à t'annoncer, chose que je n'ai pas eu le courage de te dire tout à l'heure.
– Ah bon ? Et qu'est-ce que c'est ?
– C'est quelque chose de très, personnel et délicat à dire à quelqu'un, mais je préfère que nous soyons sincère entre nous, je ne veux pas te faire la guerre pour des broutilles.
- ... Je t'écoute
– Je suis différent de vous... Je n'ai pas les mêmes désirs...
– Va droit au but, tu me fais peur, sincèrement.
– Je suis gai.
Choquée par cette annonce. Je ne m'attendais pas à cela. Je ne répondis pas mais je respectais son choix. Après tout c'est sa vie, il fait ce bon lui semble et peu importe les avis, il restera ce dont il est vraiment. Il est important de s'assumer.
– Je t'ai fait peur c'est ça ?
– Peur ? En quoi cela devrait-il me faire peur ? Tes choix n'ont pas à être jugés par d'autre personne ! Je respecte les désirs, les choix et les actions de chacun et tu dois avoir la liberté de pouvoir faire ce que tu veux, non ?
– Oui, mais c'est toujours un peu complexe d'expliquer aux gens qui eux sont hétéros... Bref, passons à autre chose, maintenant tu sais et je sais pertinemment que tu ne vas pas ébruiter la nouvelle dans le lycée.
– Tu peux compter sur moi. Je serais muette comme une tombe. Tu sais, tu n'es pas obligé d'en parler si tu ne le souhaites pas.
– Merci Morgan...
Il partit rejoindre sa chambre mais dès qu'il fut définitivement sortit, je m'inquiétais pour Téa. Je n'avais pas eu de nouvelle. Je me doutais qu'elle n'allait pas me donner de nouvelles, mais nous logions dans la même chambre et elle n'avait toujours pas refait surface depuis hier soir.
Je décidais alors de sortir et de la chercher. Le couloir des tournesols était vide et avec toutes les chambres réunies, il y a beaucoup de travail. Allant à l'essentiel, je toquais à la porte voisine à la chambre, la 06. Celle de Lily et Jeanne.
Personne ne lme répondit. Pour un dimanche c'était évident car la plupart des personnes à l'internat rentre chez eux au moins un jour dans la semaine. Je fis tous les couloirs comme cela, les bras ballants sans trouver Téa, Lily ou bien Jeanne. Je me résignais donc à rentrer dans ma chambre seule. En poussant la porte, un objet tomba et je me rendis compte que je n'étais pas seule dans la pièce.
Téa était là. Puisque dans la chambre il n'y avait qu'une pièce, je rentrais et restais plantée là comme une idiote devant la porte.
– Fais ce que tu as à faire. Je ne te retiens en rien. Fais ta vie, je fais la mienne.
– Je sais que tu ne vas pas m'écouter et je le comprends très bien...
Elle me coupa :
– Morgan, stop. Arrête. Je sais que tu étais bourrée et que tu vas me faire tes excuses mais je ne suis pas prête à entendre parler de toi. Je rentre de chez mes parents et je voudrais vraiment être tranquille. Je sais que l'on est dans la même chambre et que c'est un peu compliqué d'être en mode « solitude » mais essaye de faire abstraction de moi.
J'acquiesçais, muette en m'approchant de mon lit.
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Morgan
General FictionMorgan était une jeune fille pleine d'espoir, heureuse. Mais malheureusement les choses ne se passent jamais comme on le souhaite. Je me souviens d'elle, ses cheveux bruns volants dans le vent, son parfum envoûtant. La vie a décidé de se jouer d'e...