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Je fus réveillée de si bon matin par le soleil qui transperçait les vieux volets. J'avais la tête posée sur le torse d'Ayden. Il me regardait ne jouant avec des mèches de mes cheveux.

- Ce n'est pas juste, pourquoi ce n'est pas moi qui te regarde quand tu dors ?

- Parce que tu es trop belle quand tu dors et que le destin me laisse te regarder tous les matins depuis quelques semaines.

- Tu n'as pas le droit de me faire de si beaux compliments dès le matin !

- Et pourquoi je n'aurais pas le droit ?

Il ne me laissait pas le temps de répondre, il m'embrassait.

- Et ça je n'ai pas le droit non plus ?

Là cette fois, c'est le téléphone qui ne me laissait pas le temps de répondre. J'avais un appel de Téa. Je répondis la voix enrouée.

" - Allô ?

- Oui Morgan ? Je suis désolée de te déranger mais ça te dirait que l'on se voit ce week-end ? Je me suis dit que l'on pourrait passer avec Tom...

- Oui, se serait super cool ! Il y a de la place pour à la maison et je n'ai pas Jules et ce n'est pas mes parents qui vont passer me voir ! Donc à ce week-end alors !

- Je suis pressée de te voir, tu me manques tellement !

- Moi aussi tu sais, vous arriverez quand ?

- Le vendredi soir je pense. Mon emplois du temps me fais terminer à 13h donc le temps de faire la route en fin d'après-midi je pense.

- Oh bah ça va ! La fac de médecine c'est cool en fait !

- Oui, mais tu oublis le travail à faire chez soi !

- Oui, moi j'ai pu faire mes inscriptions en psycho donc... Bon je te laisse, Ayden t'embrasses, on rediscutera de ça vendredi alors, bisous ma poulette.

- Bisous. "

Elle raccrochait.

Je regardais Ayden et lui dis.

- Ca fait tellement du bien de parler à une amie parfois. J'ai vraiment envie que tout soit comme avant. J'aimerais être une enfant de 5 ans, ne rien connaître de la vie, ne pas avoir à me soucier de messages anonymes ou encore de disputes avec mes parents.

- Mais tu as bien mieux maintenant. Tu as un petit copain, une maison, tu vas à la fac que tu souhaites enfin... Si j'ai bien compris tu veux changer mais ça arrive, c'est la vie ! Ce serait trop facile si tout était comme on le souhaitait. Se serait même ennuyant je te dirais ! Crois-moi mon cœur tout va bien se passer et toutes ces petites choses te rendent plus forte. Au moins, tu sauras que la prochaine fois il faudra mettre une alarme pour le poulet.

Je lui donnais un coup de coude dans les côtes. Il eut un sourire et me fis des chatouilles. Je crois qu'à ce moment-là, ce moment où il a arrêté et m'a regardé dans les yeux, j'ai compris. J'ai compris que j'étais réellement amoureuse de lui et que je ne sais pas ce que je ferais si jamais il venait à partir ou s'il lui arrivait quelque chose. Je crois que je ne m'en remettrai pas.

- Tes amis te manquent ?

- Pour être vraiment franche avec toi, oui.

- Et à la fac ?

- Je ne suis pas le genre de fille qui va vers les autres s'ils ne viennent pas vers moi... Alors c'est assez compliqué, mais ça a toujours été un problème pour moi.

- Ecoute, Téa vient avec Tom ce week-end, ça va te requinquer et après on improvisera tu verras c'est le début. Tu arrives dans une ville, tu connais personne et en plus tu es timide, c'est normal !

- Oui, tu as sûrement raison. En attendant...

– Dis-moi, ça te dirait que demain on aille dans un endroit qui me tient à cœur mais qui me fit peur quand même ?

- Demander comme ça, c'est très bizarre, mais j'accepte.

Le lendemain vers 14h Ayden et moi prîmes la voiture en direction de Bordeaux centre. Je ne savais toujours pas là où nous allions. Quand nous arrivâmes sur le parking je compris tout de suite. Sur le grand bâtiment il y avait inscrit "Hôpital Psychiatrique Charles Perrens".

Il m'emmenait voir sa mère.

- Je ne sais absolument pas comment tout ça va se dérouler. Je ne sais pas si elle va bien ou si elle acceptera de te rencontrer, elle peut être très agressive parfois. C'est très compliqué.

- Je le sais Ayden, je veux aller en fac de psychologie, je sais qu'il y a des cas bien spéciaux. La schizophrénie n'est pas une des maladies les plus faciles à vivre. Autant pour elle que pour ses proches. On rentre ?

Il ne me répondit pas, il me fixait et pour couper la conversation je pris les devants et commençais à marcher. Il sera bien obligé de me suivre. Nous arrivâmes devant les portes, je m'arrêtais devant lui. Sans aucun mot, je lui pris la main et nous prîmes la direction de sa chambre au deuxième étage.

Un médecin nous accueillit. Tout l'hôpital est vraiment très lumineux, beaucoup de blanc, voir trop.

- Bonjour, je suis le docteur Hans. Vous êtes des proches de Mme Keen ?

- Oui, je suis son fils, Ayden et voici ma petite amie. Ça fait longtemps que je ne suis pas venu.

Dr. Hans - Mme Helena Keen est plutôt stable en ce moment, 30 minutes vous serons accordées avec elle, vous connaissez les règles !

- Oui, merci beaucoup docteur.

Nous rentrâmes en silence dans la chambre. Une dame en blouse blanche était assise face à la fenêtre. Ayden prit ma main et entrelaçait ses doigts avec les miens.

- Bonjour maman.

- Bonjour Ayden.

Elle ne bougeait pas, faisant toujours face au ciel.

- Je te présente ma petite-amie, Morgan.

Il y eut un blanc, puis elle se retourna lentement. Elle avait de longs cernes noirs en dessous des yeux. Ses cheveux courts et blonds n'étaient pas coiffés. Helena avait un regard fuyant, jamais elle ne nous regardait droit dans les yeux. Soit elle scrutait les joints du carrelage, soit elle observait les morceaux de peinture s'effritant avec le temps.

- Bonjour Morgan.


MorganOù les histoires vivent. Découvrez maintenant