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Je rentrais dans la maison et je sentis la chaleur frapper mes joues. Louis me dit de patienter un instant. J'attendis, l'anxiété me gagnait. Je ne savais plus où mettre mes mains. Je croisais mes bras, les décroisaient, remettais nerveusement ma mèche de cheveux bouclé en place. La maison, respirait la joie de vivre et de bonne humeur, même si Louis et sa mère y vivaient seuls depuis la mort du père du Louis.

Un délicieux parfum de fleur d'oranger et de vanille flottait dans l'air du salon. Je songeais à répondre au fait que Louis m'ait repoussé. Je ne trouvais pas d'arguments malgré de grands efforts. La patience devait être de la partie car Louis mit beaucoup de temps avant d'arriver, un foulard noir à la main, fier en me disant :

- Désolé, je ne savais plus où je l'avais mis.

- Dépêches-toi, je suis crevée.

- Tu stresses ?

- Non pas du tout, tu vois là je suis hyper contente ! Je resterais debout à limite somnoler juste pour le fun !

Il secoua la tête, soupira et s'avança vers moi. Il banda délicatement mes yeux. J'eus un faible espoir que ses lèvres touchèrent les miennes mais, elles ne firent que m'effleurer. Il me prit la main et me guida. J'avais gardé mon manteau. J'avais eu raison, il m'emmenait dehors, il faisait froid. Mes dents claquaient. J'avançais lentement tout en contrôlant ma respiration pour ne pas être victime d'une crise d'angoisse. Mais où m'emmenait-il ?

Je ne comprenais pas. Tout se bousculait dans ma tête, mes jambes désormais comparables à du coton, tremblaient. Grelottante, nous marchâmes. J'entendis les bruits de pas des passants. Plus nous progressions, plus le brouhaha augmentait.

Une musique, disons assez classique, se fit entendre. Le bruit des couverts heurtant les assiettes me fit comprendre que l'on était sur une place publique. Les pavés sous mes chaussures étaient irréguliers et je manquais à plusieurs fois de tomber. Après de nombreuses minutes à attendre, Louis me stoppait. Il se mit derrière moi et détachait le bandeau noir, et tout ceci, en finesse bien sûr.

J'ouvris les yeux, mais je fus aveuglée par la luminosité de la place où se trouvait chaque mardi matin, le marché. Les décorations de Noël illuminaient des ruelles étroites et un immense sapin trônait au centre de la place. Près de nous se trouvait également des petits chalets, du style montagnard. Un commerçant y vendait des peluches de Noël. Louis me prit la main et me guida vers un petit restaurant chaleureux où les gens buvaient et mangeaient en famille.

Je restais sans voix, un serveur vînt nous accueillir et nous plaça dans un coin discret du restaurant. Face à Louis, je finis par dire après un long silence :

- Je ne suis pas sûre de comprendre, c'est adorable. Mais... Pourquoi tu n'as pas voulu m'embrasser plus tôt dans la soirée ?

- Je voulais que tu sois vexée pour que tu savoures plus ta surprise, même si c'était dur, j'ai su résister à ton charme. Ça te plaît ?

- Oui, c'est splendide ! Mais je ne suis pas habillée pour aller au restaurant ! Je suis gênée, comment dire ? Frustrée ? Non je n'arrive pas à t'expliquer...

- J'ai compris et c'est normal, mais concentres toi sur l'instant présent.

- Oui, je te remercie mille fois de tout ce que tu as fait pour mois durant les derniers mois de ma vie.

- De rien, c'est un privilège de vivre chaque jour près de toi.

Le même serveur que tout à l'heure prit notre commande. Nous mangeâmes tranquillement. Nous avons parlés toute la soirée comme si nous avions fait toute notre vie ensemble. Une fois rassasiés, nous sortîmes du restaurant main dans la main, couvert jusqu'aux yeux pour ne pas craindre le froid. Sur la place, un banc posé là nous attendait.

Louis s'assit en premier et je me mis sur ses genoux. Il prit mes mains dans les siennes pour me les réchauffer, il avait un don pour garder la chaleur dans son corps.

- Mais ce n'est pas possible, tu as un radiateur caché dans ton blouson ma parole !

- Non, je suis toujours comme ça !

- Moi, je suis toujours morte de froid, grelottante, et toi ? Toi, tu as chaud en permanence !

Tremblante, il mit ses mains sur mes joues rosies par le froid, plongeait ses yeux aux couleurs de la mer dans les miens et cette fois non, n'effleurait pas mes lèvres, mais m'embrassait avec passion. Nos langues se rencontrèrent. Mon cœur battait la chamade et chaque seconde était un moment de pur plaisir. Enfin, devrais-je dire !

– On dort chez toi ce soir ?

- Si tu le souhaites. On rentre au chaud ? Je suis gelée...

Toujours assise sur ses genoux, il me surprit et me porta tout le long du chemin tel un prince portant sa princesse jusqu'à leur château. Oui ma chambre ne ressemblait pas au plus beau château qui puisse exister, je sais. Une fois rentrés, nous étions crevés, alors nous nous couchâmes. Je posais ma tête sur son torse chaud, et on s'endormit ainsi.

***

Dur réveil, je pensais que me réveiller ne me gênerait pas sachant que j'étais avec Louis, mais je crois que ce fût pire.

– Je ne veux pas y aller, on est bien là non ? Alors pourquoi on ne resterait pas là toute la journée ?

– Non tu ne discutes pas je connais ton discours par cœur ma belle, tu ne me la fais pas à l'envers. Aller lèves-toi.

– Non, s'il te plaît, encore quelques petites minutes...

Il se jeta sur moi pour m'embrasser fougueusement. Rien de mieux au réveil.

- Et là c'est bon tu es contente ?

– Oui, je crois que c'est bon ! Je riais.

On se prépara chacun de notre côté. Je bouclais ma valise et descendis en prenant soin de ne pas réveiller mon petit frère. Maman nous emmène à l'internat tous les deux. On déjeuna dans le silence, stressé tous les deux je pense.

– Aller, on y va. L'internat est à quelques minutes quand même et il faut que l'on se dépêche, deux nouveaux dans un même établissement. Le même jour ! Il ne faut pas arriver en retard !

– Oui, ne t'inquiète pas maman, tu ne seras pas en retard à ton travail ! Papa est déjà partit ?

– Ton père ? Il n'a pas dormi ici. Ecoute Morgan, ça se passe mal depuis des années avec ton père. Je ne sais pas si je pourrais continuer à vivre comme ça ma puce, l'amour n'est jamais éternel. Et finalement, je pense qu'il est mieux que je divorce avec ton père. Pour tout le monde et surtout pour mon bien-être, je ne peux pas rester dans l'attente que tout cela s'arrange et que tout redevienne comme quand Jules est né.

– Quoi ? Mais Jules, il va devenir quoi lui ? Tu ne peux pas le laisser tout seul tout le temps chez la nourrice ! Gabriel à une copine, il ne va pas jouer tout le temps à la nounou ! Et moi, je suis à l'internat maintenant !

– Oui je le sais mieux que toi ma puce, mais je n'ai pas d'autre choix. Je vais réduire mes heures de travail. Jules rentre à l'école bientôt. On devrait pouvoir s'en sortir, si on a la garde partagé, Jules ira un week-end sur deux chez ton père.

Je restais sans voix.

Nous montâmes dans la voiture, Louis toujours aussi silencieux était en train de vivre un vrai calvaire à observer notre dispute familiale.

– Maman, réfléchis bien. Et s'il y a quoi que ce soit, je suis là je ne rentre qu'une fois par mois mais ne t'inquiètes pas d'accord, tout va s'arranger.

Tout le monde savait que c'était faux, ils allaient divorcer et laisser Jules, seul.


MorganOù les histoires vivent. Découvrez maintenant