Glory Days

QUARANTE-QUATRE

HARRY

Appuyé sur une chaise contre le mur, je tapais du pied par terre pour faire passer mon ennui. J'avais en boucle depuis une bonne heure la chanson de King Princess dans la tête, c'était devenu déstabilisant. Je sentais que mon cerveau allait imploser dans les minutes qui passaient. La prochaine fois j'éviterais de la jouer anti-social avec mes écouteurs.

Je réajustais mes lunettes noires sur le nez, déplaçant mon corps sur le petit espace que m'offrait la chaise. Je ne savais pas tellement pourquoi je les avais mise aujourd'hui, mais quand j'avais croisé le chemin d'un miroir dans les parages, le résultat me plaisait bien. Les lauréats du prix pour le meilleur style ne me revenaient pas pour rien.

En relevant la tête, je croisais le regard de Liam. Il me fit un signe de tête pour que je le rejoigne quelques mètres avant les caméras. J'avais envie de lui mettre un vent, mais le regard qu'il me lança me rappelait que je ne devrais même pas essayer. Liam était un mec dangereux dans son genre. Enfin ça dépendait vraiment de la situation, parce qu'en soit il était trop gentil pour être cruel. Je me levais pour le rejoindre lui et les trois autres gars en saluant quelques personnes que je croisais. Il y avait du monde ici.

Je fis un signe de main à Leigh quand je la vis tourner dans tout les sens. Elle me répondit vaguement d'un semblant de sourire avant qu'on soit entrainé sur le plateau. Je détournais le regard sans y faire plus attention. De toute façon, je n'avais jamais eu le droit à autre chose de plus chaleureux venant d'elle ces derniers mois.

Le regard de Liam se voulait plus entraînant que meurtrier lorsque j'arrivai à sa hauteur. Je lui souris exagérément avant de le suivre à l'intérieur du plateau, derrière Louis, Niall et Zayn. Après un signe de main aux dernières personnes sur mon chemin, je détournais les yeux pour les poser sur la femme assise devant. La tête dans ses fiches, je ne pouvais pas voir son visage à travers ses long cheveux noirs qui le recouvrait.

Alors qu'on prit chacun place le long du canapé, je me demandais s'il aurait fallut lui dire bonjour. D'habitude c'était ce je faisais quand j'avais une interview, comme un moyen poli de commencer chaque chose que je pouvais faire. Même les quatre anglais à mes côtés avaient pris l'habitude. Sauf que cette fois-ci, elle ne s'était pas levé de son fauteuil et je me voyais mal lui faire lever la tête pour de simples salutations. Tant pis, on se contenterait d'autre chose qu'une gentille bise de bienvenue.

Je m'installais convenablement sur l'objet bleuté après avoir réajusté ma veste. Je frottais doucement mes mains contre mes jambes; j'étais déjà en panique alors que j'avais fait ça des millions de fois. Pourtant c'était la première fois que j'appréhendais autant. Je laissais échapper un soupir en relevant le regard vers la brune. Elle n'avait pas bougé d'un poil. Je me surpris à la regarder. La robe noire qu'elle portait me rappelait vaguement quelque chose, mais ce genre d'articles se montrait partout. J'aurais pu la voir déjà plus de dix fois sans même m'en être rendu compte. Cependant, les chaussures qu'elle portait ne m'étaient pas inconnues. La paire droite qui ornait son pied avait une tâche moyenne sur la semelle, exactement la même tâche sur les chaussures de la fille que j'avais rencontré il y a quelques mois. Cette petite tâche presque invisible qui s'était infiltrée depuis notre premier rendez-vous. J'étais pas aussi dupe pour croire que le monde était petit à ce point. Un truc clochait. 

La journaliste releva la tête après quelques secondes, lâchant du regard ses fiches. Elle croisa directement mon regard. Oh putain de merde. Mes lèvres s'entrouvrirent sous le choc de la réalité. Le voilà, le truc qui clochait. La vérité que je voyais était bien pénible à regarder, maintenant.