Glory Days

QUARANTE-CINQ

(musique sympa dans les médias, parce que je suis sympa)

ARABELLA

Je regardais d'un simple coup d'œil l'assistante qui venait d'interrompre ma discussion avec Harry. Ses cheveux clairs restaient sagement attachés dans sa queue de cheval tandis qu'elle se jouait de l'équilibre sans trop forcer sur mon regard. Difficile de lui en vouloir d'être intervenue ainsi, puisque de toute manière parler avec moi semblait être la dernière chose qu'Harry souhaitait faire. Ça faisait mal, mais c'était de ma faute. Compliqué de le nier, je le savais presque trop.

« Dis-moi, qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je en soupirant d'agacement. »

L'assistante se renfrogna légèrement face à mon ton désagréable. L'espace d'un instant, je pensai qu'elle allait complètement enfoncer sa tête dans ses épaules pour se protéger de moi et mes remarques. Mais la fille aux cheveux rose se contenta de cette simple réaction pour encaisser le coup. Je la vis reprendre de l'assurance avant de croiser une deuxième fois mon regard.

Un côté satisfaisant faisait surface quand je voyais les gens me craindre, mais j'en étais rapidement lassée. Mon but n'avait jamais été de terroriser les gens avec si peu, dans l'espoir de paraître assez brillante pour obtenir une promotion qui trainait dans le coin. Non, mon but à moi avait plutôt été de voyager dans le monde par un moyen efficace. Même celui qui impliquait un job complexe me mettant souvent dans une désagréable position.

Finalement, ce fameux job s'était retrouvé être l'unique raison qui m'obligeait à rester en Angleterre. On se contentait de me dire qu'on avait besoin de moi ici, et je me contentais d'être d'accord avec ça. Il n'y avait rien de plus, et avec le temps j'avais arrêté d'essayer d'espérer autre chose.

L'assistance n'ayant toujours pas bougé d'un poil rentra ses mains dans son pantalon sombre et droit. Maintenant que j'y portais attention, je remarquai que l'une de ses poches laissait transparaître une bosse rectangulaire. Je fronçai les sourcils, étonnée de ne pas avoir remarqué ça avant. La jeune femme eût l'air de suivre mon regard puisqu'elle commença enfin à parler.

« Écoutez, je ne cherche pas vos faveurs ou quoi que ce soit. Mais j'ai pensé que ceci pouvait vous intéresser, me dit-elle en semblant farfouiller dans sa poche. »

Je vis sa main ressortir avec un sombre objet, surplombé d'un truc étrange qu'on pouvait associer à un micro. S'il y avait bien une chose qui m'était venue à l'esprit en commençant les études de journalisme, c'était bel et bien cette chose-là. Je fronçai une nouvelle fois les sourcils d'incompréhension en observant ce qu'elle allait en faire. Étonnamment, elle me le tendit directement sans en dire plus.

« Un Dictaphone ? demandai-je en l'attrapant. Un peu de méfiance se faisait ressentir dans le ton de ma voix.

__C'est ça. Dessus il y a pas mal d'enregistrement, mais parmi eux, il y en a un en particulier qu'il faut vraiment que vous écoutiez.

__Attends voir, d'où ça vient ça ? Et de quel enregistrement tu me parles ?

__J'ai, j'avais la tête ailleurs et par hasard je suis tombée sur tout le groupe qui était au studio aujourd'hui, commença-t-elle, replaçant une mèche de cheveux rebelle à l'intérieur de sa barrette. Les chanteurs, ils me semblent bien. Et deux d'entre eux se sont éloignés dans les vestiaires.