Vulnérable (Tome2 AVIFic - BxB)

CHAPITRE HUIT

PDV REX.

Abby est enchantée à l'idée de nous recevoir chez elle. Après que l'on ait commandé à manger je lui ai envoyé un message et elle nous a proposé de passer boire un thé chez elle pour en discuter. Cette année ils ont changé le processus des admissions et elle m'a avoué préférer nous inscrire au plus vite avant qu'on ne change encore d'avis.

Je ne sais pas ce qui a poussé Alastair à remettre l'idée sur le tapis. Sans doute parce que je ne parle pas beaucoup depuis quelques temps et qu'il espère me faire aller de l'avant. C'est un tendre geste de sa part, mais inutile. Rien ne peut m'aider véritablement. Pas pour le moment, du moins. En tout cas, j'ai bien conscience de ne pas être très agréable à vivre. Si autrefois je m'en moquais éperdument, cela m'agace qu'Alastair en pâtisse. Je ne veux pas l'exclure de ma vie, je le fais déjà suffisamment. Mais c'est trop tôt pour parler. Il ne comprendrait pas. Il jugerait peut-être. Il finirait par partir et tout le cycle recommencerait. Je repartirai de zéro alors que je commence à trouver mon équilibre. Je ne dis pas que tout est stable. Je fais tanguer les choses avec beaucoup de talent. Malgré tout, en fin de compte, il est toujours là, les bras tendus pour me rattraper. J'espère ne pas tout foirer aussi joliment que j'en ai l'habitude.

La maison dans laquelle vit Abby ressemble trait pour trait à celle de Alastair. A l'intérieur, la disposition n'est pas la même mais il n'est pas difficile de deviner que des étudiants y vivent. Le désordre est permanent et la décoration n'a pas été soignée. Les meubles sont dépareillés. C'est Sarah, l'une de ses colocataires, qui nous ouvre. Elle est française et nous fait la bise par habitude. Je ne m'y fais toujours pas. Je ne sais jamais de quel côté tourner la tête.

- Mon père vit à Paris, explique Alastair à Sarah quand elle voit qu'il ne tique pas.

- Tout s'explique ! Tu vas souvent en France ?

- Non, pas tellement.

La discussion s'arrête là. Je connais le chemin jusqu'à la chambre de Abby. Ce n'est pas bien difficile, c'est celle à côté de la salle de bain, au premier étage. La porte est ouverte et donne sur un espace qui ne ressemble pas au reste de la maison. Abby a tout personnalisé. Elle a acheté elle-même les meubles, a accroché de nombreuses photos et illustrations aux murs. Il y a même des tentures légères, mais qui donnent à la pièce une atmosphère plus privée et chaleureuse. Je reconnais l'un de mes dessins, épinglé sur le tableau en liège - lequel n'est même plus visible tant il est chargé -. C'est un portrait de son cheval. Je le lui avais offert pour son anniversaire en plus d'un tout nouvel ensemble d'équitation. Je savais que c'était ce qui pouvait lui faire le plus plaisir. En général, les personnes qui montent à cheval préfèrent recevoir des cadeaux pour chouchouter leur animal. De nouveaux tapis aux bandes assorties, avec un petit bonnet pour parfaire le tout. Une nouvelle veste de concours, un pantalon d'une autre couleur ... Le choix est vaste et je savais qu'un cadeau dans le genre lui ferait plaisir. Bien sûr, je ne m'étais pas trompé.

- Désolée, je finissais de prendre ma douche ! J'avais complètement zappé l'heure.

Abby s'enroule dans un plaid tout en nous demandant de nous installer quelque part. Sa chambre n'est pas bien grande aussi je m'assoie directement par terre et Alastair prend la chaise de bureau.

- Bon, comme je t'ai dit, les inscriptions ont changé. Je sais pas pourquoi, on m'a simplement balancé les nouveaux concepts sans même me demander mon avis, alors que c'est quand même moi qui dirige le truc mais enfin bon. Je crois que l'administration ne s'en sort vraiment plus entre tous les clubs et les sociétés.

Ce n'est pas étonnant. Il y en a vraiment beaucoup. Tellement, en fait, que c'est impossible de tous les connaître. Certains clubs n'ont que quatre ou cinq membres mais ils existent quand même et sont recensés. Je ne sais pas exactement comment ça fonctionne, cela fait longtemps que je ne me suis plus intéressé à tout ça.