CHAPITRE UN

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PDV ALASTAIR.

Je dois dire que sur le coup, je me suis senti con. Et j'ai cru qu'on allait encore repartir en arrière. Rex était dans une de ses crises, et je me sentais coupable, parce que c'était mon geste qui l'avait provoqué. J'ai cogné contre le battant pendant un moment, puis il a fini par m'ouvrir ... pour refermer la porte en me voyant. Après, il l'a encore ouverte, puis refermé. Au final, ce manège a duré un certain temps, avant qu'il ne finisse en larmes dans mes bras.

Je le raconte comme ça, d'une façon anecdotique, parce que c'était il y a presque trois mois maintenant. Je le prends avec le sourire et légèreté, mais je vous assure que ce n'était pas le cas sur le coup.

Le reste des vacances s'est plutôt bien passé. On a vécu de bons moments ensemble sur Cambridge, avant qu'on rentre chacun chez nous. On s'est parlé tous les jours par message et en FaceTime, et le fait de ne pas être ensemble physiquement nous a sans doute fait du bien. Chacun a pu se concentrer sur lui-même, faire du tri dans sa vie et dans ses pensées. Je suis allé quelques jours à Paris, voir mon père et sa copine, et puis ma mère est rentrée. Après ça, je suis resté à Londres jusqu'à la fin des vacances. J'ai revu mes amis d'enfance et du lycée, j'ai fait du sport et un stage pour la fac.

Puis l'été a touché à sa fin, et j'ai repris la route pour Cambridge. Je suis resté seul à la maison un certain temps, personne n'était encore rentré. Enfin resté seul ... disons simplement que j'ai posé mes affaires et que je suis allé vivre chez Rex. Son appartement est tellement cool. Je m'y sens vraiment bien.

Il y a une semaine, on a passé notre première nuit ensemble. Dans le même lit quoi. J'ai mis un temps fou à lui demander, parce que je pensais qu'il allait refuser, ou m'envoyer bouler. Et en fait, pas du tout. Il m'a sorti un « j'osais pas te le proposer », en mode j'allais être celui qui dirait non. Il a attendu qu'on soit couché pour m'avouer qu'en fait, il avait peur de dormir avec moi.

- Bah ... je peux ronfler, ou parler, ou même bouger ... Et puis l'haleine du matin, et imagine si je dors la bouche ouverte ! Puis bon, le truc que tu connais.

- ... Non ?

- Fais pas genre hein !

Je l'ai taquiné avec ça jusqu'à ce qu'il termine collé contre mon torse. J'ai pu enfouir mon nez dans ses cheveux, sentir son corps tout près du mien. Il est toujours chaud, alors que je suis toujours froid. Ça fait un bon complément, comme ça.

Rex a quand même tenu à ce qu'on porte tous les deux au moins un large t-shirt en plus de nos boxers. Je n'ai pas protesté, même si j'ai l'habitude de dormir seulement en boxer. Je sais que certains mecs aiment dormir complètement nus mais ce n'est pas mon cas. Bien au contraire. J'ai horreur de ça.

Pour la première fois, je l'ai vu sans une veste. Parce que oui, de tout l'été, il n'a pas voulu l'enlever. Je pensais que c'était à cause de cicatrices d'opération, puisqu'il en a sur les omoplates et au niveau du genou droit mais pas du tout. Ses bras sont recouverts de tatouages en tout genre. Je n'ai pas pu tout regarder, et je n'ai surtout pas tout retenu, mais je sais qu'il inscrit sur son corps tous les évènements marquants ou ceux dont il veut se souvenir ... En vérité, je crois qu'il a aussi des tatouages qui racontent des évènements beaucoup moins sympas, des trucs qu'il aurait sans doute préféré oublier. Mais Rex est comme ça. Il a dessiné la plupart de ses tatouages. Cela lui permet sans doute de tourner la page, ou de l'aller à avancer. Mais bon. Un jour il va finir par ne plus avoir de place.

Aujourd'hui, c'est la veille de la rentrée. Julias et Enzo sont arrivés hier, nous sommes tous allés boire un verre dans un des bars du centre-ville. Rex inclus, bien sûr. On a échangé des banalités sur notre été, mais j'ai fait en sorte d'écourter la conversation pour qu'on parle d'autre chose. Je sentais que Rex n'était pas super à l'aise. Je ne sais pas exactement ce qu'il a fait durant ses vacances, il est toujours resté très vague sur le sujet. Et comme d'habitude, je n'insiste pas.

Vulnérable (Tome2 AVIFic - BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant