CHAPITRE VINGT-DEUX

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PDV ALASTAIR.

Après ce soir-là, tout s'enchaine très vite. Les révisions et les examens prennent le dessus. Je n'ai plus le temps de me poser des questions sur le passé de Rex et lui ne cherche pas non plus à remettre le sujet sur le tapis. C'est normal, après tout. Il ne va pas revenir de lui-même sur quelque chose d'intime et de difficile pour lui. Pourtant, c'est ce qu'il devrait faire. Je ne peux pas en reparler sans me sentir coupable et terriblement honteux d'insister de la sorte. Alors j'attends en me rongeant le rein, en laissant mon esprit imaginer les pires scénarios possibles.

Dans un de mes cours, ils disent que le stress peut causer des ulcères gastriques, voire des cancers. Si ça continue comme ça, j'ai bien peur que ce soit ce qui me pende au nez. Je ne sais pas pourquoi je suis si obnubilé. Peut-être parce qu'il n'arrête pas de vouloir franchir cette barrière invisible sans y parvenir. Ou peut-être aussi parce que je suis sexuellement frustré qu'il me chauffe et s'arrête. Même si ce n'est pas sa faute. Jamais je ne rejetterai le problème sur lui. Parfois, quelque chose est beaucoup plus fort que nous. C'est un truc si puissant qu'on ne peut juste pas le surmonter. Les exemples ne manquent pas pour illustrer ce propos, mais ils sont tous si tristes et si peu optimistes que je ne préfère pas les citer.

Mardi a eu lieu mon dernier partiel. Je suis enfin libéré jusqu'à lundi prochain, soit presque une semaine complète. Je n'ai rien prévu hormis le fait de passer un maximum de temps avec Rex. Je n'ai pas davantage d'entrainement car la période d'examen n'est pas encore terminée pour tout le monde. Alors, j'ai du temps pour profiter. Beaucoup de temps. Les grasses matinées me tendent les bras et je m'y love avec un grand plaisir. J'ai carburé à la caféine jusqu'à présent. Je ne tiens plus debout tout seul. Tout mon corps est électrisé mais, une fois que posé, je m'écoule pour m'endormir en quelques minutes. En une nuit, impossible de rattraper ces deux semaines intenses, mais cela fait du bien. Il me faudrait un sommeil de quarante-huit d'affilée. Un coma, au moins.

Pas de chance pour Rex qui a une option supplémentaire et qui ne termine donc que deux jours plus tard. Pour ne pas le déranger dans ses révisions - et surtout ne pas lui donner envie de glander comme moi - je suis resté dormir à la coloc. Tout le monde là-bas a terminé en même temps que moi. Apéro et petites soirées improvisées se mettent alors en place, et je ne récupère finalement absolument pas de mes semaines de partiels.

Ce soir, nous sommes de nouveau en plein centre-ville. Il fait super froid et il pleut, comme la majorité du temps. On s'y fait, mais c'est vrai que pour fêter la fin des examens, un petit air printanier aurait été le bienvenu.

- Tu veux boire quoi ? je demande à Rex, étant de tournée.

- Un mojito s'il te plait.

Je note sur mon téléphone la liste de commande de tout le monde et fais claquer la carte bleue une fois à l'intérieur du bar. Après ça, c'est Asra qui paie, puis Merill, Enzo, Julias, Rex et ... je perds le compte. Je n'ai plus bu autant depuis le réveillon du 31. Ça ne date pas franchement et pourtant, j'ai l'impression d'avoir perdu toute ma capacité à tenir l'alcool.

Je tangue et je perds un peu la perspective des choses. Je n'arrête pas de me cogner sous les regards hilares de mes amis. Ils m'entrainent à droite, à gauche. Je continue pourtant à boire, étant incapable de discerner les mieux où l'on se trouve.

- On a changé de bar ? je demande avec intrigue.

- C'est au moins le quatrième, répond Merill en me donnant une bourasque dans le dos.

Mon verre se renverse sur mes chaussures et c'est tout juste si je ne me jette pas par terre pour lécher cet alcool perdu. C'est Rex qui me retient de justesse avant de lever les mains en l'air en me traitant de cinglé. Puis il se met à rire, et moi aussi.

Vulnérable (Tome2 AVIFic - BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant