Vulnérable (Tome2 AVIFic - BxB)

CHAPITRE DIX-HUIT

PDV REX.

Les révisions me prennent tout mon temps libre. Je ne sais pas comment Alastair fait pour jongler entre les cours, les devoirs et les entrainements. Si je suis à jour dans les recherches à rendre, ce n'est pas son cas. De plus, nous n'avons toujours pas réussi à récupérer tous les cours que donne Aedan. Impossible pour moi de lui faire face à nouveau. J'en suis même réduit à guetter son emploi du temps pour ne pas le croiser. Un véritable effréné. Alastair a tenu parole, il n'a plus assisté à aucune de ses classes, lui non plus. Résultat, nous n'avons que les documents qu'il a posté sur le campus virtuel des étudiants, sans explication, et c'est visiblement assez difficile de trouver des personnes de confiance pour nous envoyer les notes ...

Pendant qu'Alastair est au match de rugby avec Asra - je sais qu'il y est bien puisqu'il n'arrête pas de poster des vidéos sur ses réseaux sociaux - j'essaie d'apprendre les cours les plus difficiles. J'ai pris du retard mais je ne veux surtout pas me laisser submerger. Même si Alastair ne cesse de me répéter que j'ai des facilités, et ce n'est pas le seul, je n'ai mine de rien pas la science infuse. Je ne peux pas m'en sortir à tous les coups avec un simple raisonnement. Toutefois, c'est assez compliqué de se concentrer. Sur ses vidéos, il me semble véritablement heureux. Il a ce sourire que je lui connais bien, qui illumine son visage et fait briller ses yeux gris. Avec la lumière du soleil, ils ont de magnifiques reflets bleus. Alastair est tout simplement somptueux.

Je ne cesse de faire des arrêts sur image pour faire des captures d'écran. Je veux pouvoir garder dans mon téléphone ces beaux moments, même s'il ne les partage pas avec moi. Je consulte les autres clichés qui prennent tant de place dans la mémoire de ce petit appareil. Résultat, je me perds dans la pellicule. Il y a une quantité de photos impressionnante. Beaucoup de selfies de nous deux et beaucoup de dossiers de lui, que je prends discrètement avant qu'il ne s'insurge faussement lorsqu'il me voit pleurer de rire.

« Ton rire est plus précieux que le chant des oiseaux » m'a-t-il dit pas plus tard qu'hier alors que je me fichais de lui quand il ne cessait de faire tomber sa nourriture des baguettes chinoises.

Mon téléphone me glisse des mains, s'allumant une fois au sol. 30 novembre. Dans une semaine tout pile, nous serons à Paris. J'y suis déjà allé avec mon lycée ... et avec Malia. Il fallait des parents pour accompagner - comme si les profs n'étaient pas assez nombreux pour une cinquantaine d'élèves ... - et bien évidemment, elle s'est portée volontaire. Etonnant, hein ? Du coup, je suis encore plus heureux d'y retourner seul. Enfin, avec Alastair, mais nous n'aurons personne sur le dos pour nous surveiller et nous dire quoi faire.

J'angoisse un peu, malgré tout. A part cet été où je suis venu chez lui - disons plutôt que j'ai débarqué comme une furie - nous n'avons jamais été vraiment tous les deux. De plus, je vais rencontrer son père et sa belle-mère. J'ai envie de leur faire bonne impression. Je sais que mes parents trouvent que Alastair est un « bon parti ». Elles ont tendance à surprotéger, me dire de faire attention, mais je sais en tout cas qu'elles l'aiment bien. Elles en parlent parfois en pensant que je n'entends pas. Paraît-il que je semble plus ouvert et plus heureux depuis qu'il est entré dans ma vie. Plus insouciant, même si ce n'est clairement pas le terme qui peut me correspondre. Je suis tout sauf cela.

Je m'efforce à ne plus penser au séjour. Je veux me convaincre que cela va bien se passer. J'ai préparé mon passeport ainsi que ma valise. Je suis très prévoyant. Je n'ai pas envie de faire les choses au dernier moment, parce que c'est ainsi que j'oublie la moitié des choses. Je regarde d'ailleurs le sac qui traine sous mon lit. Il n'attend plus que le voyage.

Avec peine, je reviens sur mes révisions. Je tente de me concentrer, de donner le meilleur de moi-même, mais je reste distrait. Même si j'avance, j'ai dans la tête d'autres envies. Alors, quand Abby me propose de la rejoindre pour une séance débat, je saute sur l'occasion. La dernière fois que j'y suis allé, c'était avec Alastair, et tout ne s'est pas exactement passé comme prévu. Nous ne sommes pas du tout des membres assidus. Ce club ne m'attire plus autant qu'avant. Ce ne sont pas des discussions amicales. On se dresse les uns contre les autres. Il est difficile de garder son calme selon les sujets abordés. Je ne sais pas comment Abby a-t-elle pu se dire un jour que c'était une bonne idée de me faire entrer là-dedans. Après tout, c'est bien elle qui m'a mis ça dans le crâne quand je l'ai proposé à Alastair lors de notre petit jeu. Je ne pensais malgré tout pas que ce dernier me ramènerait sans cesse à cette proposition.