Vulnérable (Tome2 AVIFic - BxB)

CHAPITRE DIX

PDV ALASTAIR.

Je ne me souviens pas de grand-chose à propos du match. Tout s'est passé vraiment très vite. Trop vite pour que mon cerveau analyse les actions avec précision. Ce que je sais - et qui est important - c'est qu'on a gagné et que le coach est vraiment très fier de nous et du choix qu'il a fait concernant les joueurs. Je suis resté sur le terrain jusqu'à la fin. J'ai marqué plusieurs essais et même les gars qui m'ignorent habituellement pendant les entrainements ont fait l'effort de la jouer collectif. Même moi, j'ai mis de côté ma rancune envers Evan - elle est tenace cette saloperie, surtout quand on sait qu'elle est clairement infondée - et c'est grâce à tout ça qu'on a gagné.

Mon père a filmé l'une de mes plus belles remontées sur le terrain et l'a envoyé à tous ses collègues. « Je suis très fier de toi » m'a-t-il dit avant de partir. Je suis un peu triste qu'il s'en aille car, au final, nous n'avons partagé qu'un diner. Malgré tout, je garde un bon souvenir du temps que l'on a passé ensemble. Les valeurs qu'il m'a transmises sont toujours celles qu'il porte au fond de lui, quand bien même il doit la jouer discret de par son métier. S'il ne peut pas donner ouvertement son opinion, et s'il m'a offert le modèle classique du monde hétéro étant plus jeune, il n'en reste pas moins quelqu'un de beau intérieurement. Puis, en vérité, je ne suis pas certain qu'on ait un jour discuté de tout ça, pendant qu'il était encore à la maison. Tous les stéréotypes que j'avais en tête me venaient surtout du collège et du lycée.

Une fois que nous sommes douchés et changés, nous partons fêter notre victoire dans le centre-ville. Les bars nous attendent. Je n'ai pris qu'un verre pour l'instant, parce qu'il était compris dans la tournée des vainqueurs. Je ne crois pas boire davantage. Je vais laisser le temps à l'alcool de se supprimer de mon organisme. Apparemment, nous allons finir en boite. Cela fait très longtemps que je n'y suis plus allé. Je ne sais pas si j'ai réellement envie d'y retourner. La musique à fond, les gens qui se collent à moi pour danser ... non merci. Je n'ai jamais vraiment aimé ça, mais je le faisais pour faire comme les autres. Aujourd'hui, je me sens plus libre de refuser et d'affirmer mon opinion. C'est une autre chose qui a changé - en bien - chez moi et je le dois à Rex.

« On a gagné ! »

Je ne peux m'empêcher d'annoncer la nouvelle à Rex. Je suis heureux de l'issue de ce match et d'y être pour quelque chose. Je suis content que les gars qui me tournaient un peu le dos se soient davantage concentrés sur le sport que sur leurs idées fermées. C'était une bonne après-midi et je sens que ça va être une bonne soirée.

Nous sommes tous assis autour d'une longue ligne de tables sur la terrasse. A l'intérieur, nous n'avons pas la place. Je suis en train de guetter mon téléphone lorsque Asra me prend par le cou.

- T'as assuré, ce soir !

- Merci ! Toi aussi, je dois dire ! Le coach a bien choisi notre capitaine.

- Je sais, je sais. Que veux-tu, je suis un dieu vivant.

- Tu veux une offrande ? lâche une voix féminine dans mon dos.

Je me retourne en pouffant. Asra a l'air plutôt séduit par la proposition puisqu'il se lève et baise la main de l'étudiante. Un groupe de filles se tient non loin de nous, observant l'équipe. Je laisse trainer un œil à la recherche de visages connus et c'est à l'entrée du bar que j'aperçois Sarah, la colocataire de Abby. Je me souviens d'elle car son accent français m'avait marqué. Je ne suis en général pas très doué pour reconnaître les gens. Après tout, je ne l'ai aperçu qu'une seule fois. Si Sarah est là ... Abby serait-elle de la partie aussi ? J'aimerais bien lui parler. De Rex, évidemment, mais j'ai comme l'impression qu'elle pourrait m'aider à mieux le cerner.