Vulnérable (Tome2 AVIFic - BxB)

CHAPITRE NEUF

PDV REX.

Je devrais être parti depuis plus d'une heure et pourtant je suis toujours assis sur le rebord du toit de l'immeuble. Je n'étais jamais venu de jour. La nuit le paysage est chargé de mysticité et d'émotions. Je ne ressens pas du tout les mêmes sensations à présent est levé. Je vois chaque façade, chaque bâtiment. J'ai plus de chance d'être remarqué par quelqu'un qui, on ne sait pourquoi, lèverait les yeux au ciel, c'est pourquoi je reste légèrement en retrait. J'observe les passants, m'agaçant du bruit des voitures qui rompt le silence m'entourant habituellement.

Cet après-midi, j'ai encore rendez-vous avec le médecin. J'ai l'impression de rentrer sur Birmingham uniquement pour faire un tour à l'hôpital ou au cabinet. Je vais y passer le week-end et je n'ai pas réussi à convaincre Alastair de venir avec moi. Il a un match samedi et, même s'il n'est que remplaçant pour cette entrée dans la saison, il est tenu d'y assister. J'aurais aimé qu'il vienne avec moi, d'autant plus que mes parents l'ont invité.

Elsie avait émis une petite réserve lorsqu'elle avait deviné que je commençais à éprouver des sentiments pour lui. Malia n'avait rien vu. Dans tous les cas, toutes les deux l'ont rencontré dans d'autres circonstances que pour mon pseudo-coma. Résultat, elles l'aiment beaucoup et veulent le voir plus souvent. « Tu rayonnes en sa présence, ça nous fait du bien de te voir heureux. » J'ai bien compris le message qui se cachait derrière la deuxième partie de la phrase. Dans tous les cas, ça m'a rembruni et je déteste parler de ma vie privée et sentimentale avec elles. Elles sont genre ... super intrusives. « Tu te protèges au moins ? Tu as besoin de conseils ? Tu sais si tu veux on peut inviter Edward pour en parler ... ».

Je crois qu'elles savaient avant moi que je préférais les hommes. Elles sont très ouvertes. Sur tous les sujets possibles et inimaginables. Elles savent mettre les gens à l'aise, trouver des discussions intéressantes à leur proposer. En bref, elles ont le truc pour pouvoir s'en sortir en présence de chaque invité, sans doute parce qu'elles côtoient beaucoup de monde dans leurs métiers respectifs. Personnellement, c'est quelque chose où j'ai du mal. Raconter des anecdotes personnelles pour se rapprocher des gens ... sans façon. Ils n'ont pas besoin de savoir qui je suis. Je crois qu'avec le temps elles ont compris qu'il était inutile de me convier à chaque fois. Je m'échappais toujours à un moment de la soirée ou alors, elles me reconduisaient gentiment dans ma chambre parce qu'elles sentaient que les choses m'échappaient.

Après mon rendez-vous médical, je vais passer le week-end entier chez elles. Je suis plutôt content de quitter Cambridge pour quelques jours. J'en ai véritablement besoin. Cependant, avec le fait de rater les cours en ce moment, avec son retour, je ne suis pas souvent avec Alastair, et les fins de semaine sont les jours où l'on se voit le plus. Ça m'agace, très franchement. C'est ingrat, sans doute, de préférer voir son petit ami plutôt que ses parents. Surtout quand on ne voit ses parents que de rares fois dans le mois. Pourtant, c'est une étape de la vie. C'est normal.

Cela me fait toujours étrange, lorsque j'y pense. Alastair est mon petit ami. Mon copain. J'ai fait de grosses conneries et il est toujours à mes côtés. Je n'ai pas l'impression de le mériter. Après tout, je l'ai appelé depuis ce toit d'immeuble dans une crise de panique, tout en sachant au plus profond de moi que je n'allais pas sauter. Ça rend quand même les choses beaucoup plus illégitimes.

Je refuse malgré tout de me mettre en tort. C'est du passé et un jour sans doute il comprendra. Il saura. Peut-être alors qu'il partira. Peut-être qu'il restera. C'est bien pour cette raison que je ne veux pas en parler. Je suis trop lâche pour lui parler de moi.

Mon téléphone vibre dans ma main, me reconnectant à la réalité des choses. Il est vraiment temps que je parte si je ne veux pas avoir trop de retard. Même en roulant comme un fou je ne serai déjà jamais à l'heure à la maison. Si j'attends encore, c'est carrément le rendez-vous avec le médecin que je vais rater.