La nuit était tombée depuis longtemps quand Leïla passa enfin le seuil de sa maison. Tous les habitants s'étaient fait un sang d'encre de ne pas la voir rentrer et les pires scénarios défilaient dans leurs têtes.
Aïla fut la première à l'accueillir. C'était une bonne femme ronde de petite taille. Elle avait les yeux verts et de longs cheveux blonds foncés qu'elle maintenait toujours tresser en un chignon serré. Son mari était mort depuis plusieurs années et elle n'avait jamais eu la chance d'avoir d'enfants. Quand les jumeaux avaient perdu leur mère, trop jeune pour se passer d'une figure maternelle, elle les avait élevés comme si c'étaient les siens. Elle était la seule domestique de la famille car les finances ne leur permettaient pas d'employer plus de monde, en raison des temps difficiles. Elle commençait à se faire vieille, mais gardait la forme pour assumer les besoins de la maisonnée. Elle avait tenté d'inculquer à Leïla le savoir nécessaire pour bien tenir un foyer, alors que cette dernière passait son temps à imaginer de nouvelles inventions qui révolutionneraient la vie des pauvres de Siloé qu'elle s'était donné pour mission de protéger.
La dernière fois qu'elle lui avait demandé de l'aide pour nettoyer la maison, elle l'avait retrouvée, deux heures plus tard, en train d'observer de la moisissure bleue, se demandant si elle ne pouvait pas lui trouver une certaine utilité. Aïla l'avait fortement grondée, mais cela ne l'avait pas empêchée de concevoir un remède révolutionnaire qui lui permettait de soigner à peu près n'importe quelles maladies.
« Leïla, mais que s'est-il donc passé ! Tu as vu l'heure à laquelle tu rentres ? Nous étions tous morts d'inquiétude ! »
Contrairement aux habitants des bas quartiers, la gouvernante avait depuis longtemps fait fi du vouvoiement envers les enfants de la famille, contrairement au patriarche envers qui elle vouait admiration et respect, l'empêchant de ce fait de se montrer familière envers lui.
Leïla ne lui répondit rien et continua d'avancer pour se rendre dans sa chambre. Sur le chemin, elle entendit son père la gronder pour son retard, mais elle l'ignora également, l'esprit accaparé par les événements qu'elle venait de vivre. Elle s'assied sur son lit, laissant libre cours à son chagrin. Elle ne cessait de se demander ce qu'elle aurait pu faire pour éviter cela.
Elle savait que c'était en faisant des erreurs que l'on pouvait avancer et ne supportait pas de rester sur un échec. Elle se remémora point par point ses souvenirs afin de déterminer ce qu'il aurait fallu améliorer ou changer. Elle se devait de trouver une solution pour que plus jamais cela ne se reproduise.
Sa conclusion fut la suivante : elle avait besoin de quelqu'un pour la seconder. Si un médecin se trouvait sur place, il pourrait intervenir plus rapidement et ainsi éviter un maximum de situations dans ce genre. Elle devait impérativement former quelqu'un. C'était devenu d'autant plus vital que durant tout son séjour au palais, elle n'était pas sûre d'être en mesure d'assumer ce rôle. Elle regrettait de ne pas l'avoir fait plus tôt. Elle n'avait désormais plus qu'un mois pour le faire et doutait que cela suffise pour transmettre tout son savoir. Elle déplorait que son frère n'ait pas la même passion qu'elle pour la médecine. Elle lui aurait laissé ses protégés en toute confiance.
Elle leva les yeux et observa sa chambre dans l'espoir d'y trouver une réponse. Située dans la charpente, celle-ci était de taille moyenne et composée du strict nécessaire. Une fenêtre près du sol, un lit en bois juste assez confortable pour y dormir, une armoire pour ranger ses vêtements et un bureau jonché de papiers où étaient dessinés les différents plans d'infrastructures qu'elle imaginait. Dans un coin, derrière un paravent, se trouvait un demi-tonneau qui lui servait de baignoire. L'autre moitié était dans la chambre de son frère. Elle devait le remplir d'eau à l'aide d'un seau à chaque fois qu'elle souhaitait prendre un bain car elle refusait de laisser Aïla s'en occuper. Elle était plus jeune et plus vigoureuse qu'elle et si elle tolérait son aide pour les tâches ménagères, qu'elle exécrait, elle ne souhaitait pas qu'elle l'assiste dans les choses du quotidien, qu'elle pouvait parfaitement accomplir seule, comme prendre un bain ou s'habiller.
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T01-L'intrépide
Historical FictionLeila ibn Salim Khazar est une très belle jeune fille. Malgré son amour et son respect pour sa famille, son mépris des conventions l'éloigne des rôles dévolus aux jeunes filles de son rang. Dévouée envers son peuple, elle est remarquée par Jamal be...