Chapitre 48

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Ils avaient été capturés aux portes de la villes, le matin du troisième jour après la prise de la capitale. Ils étaient habillés comme des espions de Shamsen et furent immédiatement emmené devant Leïla pour être interrogés.

Elle les avait reçus dans une vaste salle, richement décorée, probablement la salle du conseil ou quelque chose comme ça. Elle siégeait sur une chaise entourée par ses hommes, les deux espions se tenaient à genoux devant elle. Elle portait toujours son voile sur sa tête afin que personne ne la reconnaisse.

« Ainsi donc vous êtes des espions de Shamsen ? »

Aucun d'eux ne répondit. Elle était exaspérée par le silence mais le comprenait. Elle les observa plus attentivement, espérant trouver un moyen de les rassurer quand elle en reconnut l'un d'eux. Elle l'interpella.

« Toi, tu t'es fait embrocher le bras par une épée de Cheim. Tu pleurais pendant tout le trajet jusqu'à l'hôpital militaire parce que tu pensais qu'on allait te couper le bras. Après plusieurs ...

- Comment le savez-vous ? »

Il la regardait mi-surpris mi-inquiet qu'elle connaisse cette information sur lui.

« Parce que c'est moi qui t'ai soigné.

- C'est ...

- Impossible ? Eh bien je n'aime pas trop ce mot à vrai dire et j'ai tendance à penser que rien n'est impossible pour celui qui le veut vraiment.

- Mais, comment ?

- C'est une très longue histoire qu'il me faudrait vous conter là. Mais l'essentiel est de savoir que nous avons désormais le contrôle de la ville et que nous nous assurons qu'aucun chariot de provisions n'atteignent le front depuis. On espère que ce sabotage donnera un coup de pouce au roi pour qu'il puisse en terminer rapidement avec ce conflit. Nous avons aussi eut la chance que tout soit centralisé ici, à Ganesh, ce n'était donc pas très compliqué de mettre notre stratégie en place. »

Elle leur sourit, mais à cause de son voile, seuls ses yeux pétil.èrent

« C'était déjà une grosse erreur de la part de Mufasa d'emmener ses prisonniers de guerre dans la capitale et la laisser si peu gardée. Mais il en commit une seconde en décidant de tout concentrer ici. L'adage ne dit-il pas que l'orgueil précède la chute ? Il était tellement certain que personne n'arriverait à percer ses défenses et réussisse le coup que nous lui avons asséné. Enfin, cela nous a permis d'avoir un avantage décisif sur cette maudite guerre.

- Mais comment avez-vous fait ? »

On leur conta donc toute l'histoire. Ils la regardèrent avec admiration. Peinant à croire que ce gamin chétif était à l'origine de la plus grande action décisive. C'était décidément un vrai génie, médecin compétent et chef de guerre redoutable. Pas de doute, il entrerait dans l'histoire du royaume. Voyant vers où se dirigeaient leurs pensées, elle reprit la parole.

« Avant que vous ne me voyez comme un héros, un génie ou je ne sais quoi d'autre, sachez que sans l'aide de tout le monde, je n'y serais jamais arrivée. Je n'étais pas le seul à concevoir tout ce plan, je n'ai fait que servir de figure de prou »

Ses soldats protestèrent.

« Tu te sous-estimes ! On n'a pas fait grand-chose nous !

- Mais tais-toi donc, tu ne vois pas que le gamin, il est trop modeste pour recevoir des éloges et qu'il préfère les partager avec nous ! »

Ils se chamaillèrent jusqu'à ce qu'elle ordonne le silence de sa voix claire. Quand il se fit, elle demanda des nouvelles du front. On lui donna ces informations avec joie. Elle fut ravie d'apprendre que leur sabotage avait eut les répercussions escomptées.

Elle regrettait de ne pas avoir été une petite souris pour assister à la scène. Elle imaginait sans peine la rage et la fureur de Mufasa, si bien qu'elle eut beaucoup de mal à contenir son hilarité. Elle était sûre que Jamal allait sauter sur l'occasion pour changer le cours de l'histoire et repousser l'ennemi dans ses retranchements. Mais elle savait que ce n'était plus qu'une question de temps avant que l'armée ne se dirige vers la capitale. Elle devait prendre une décision et vite.

« Bien, transmettez un message au roi. Dites-lui que tout le monde va bien et que nous avons soumis Ganesh à son autorité. Que les habitants de la villes attendent leur nouveau roi avec impatience. Dîtes lui aussi que la famille royale et toute la noblesse qui séjournait ici sont enfermés dans les oubliettes du château, en attendant leur jugement. Et enfin, dites lui de ne pas trop tarder car si nous avons aujourd'hui la situation bien en main, nous ignorons ce qu'il adviendra de demain.

- Nous transmettrons le message ! »

Elle tapa dans ses mains pour attirer l'attention.

« Bien, qu'on leur donne à manger et à boire ! »

Elle s'adressa à nouveau aux espions à ses pieds.

« Quant à vous, reposez-vous et reprenez la route au plus vite. Comme je vous l'ai dit, le temps presse. »

Ils mangèrent à leur faim et burent jusqu'à satiété. Ils se reposèrent deux heures avant de reprendre la route, porteur de ces bonnes nouvelles pour leur roi.

À la fin de ce récit, Jamal les regarda pensivement. Leïla avait donc réussi à retourner tout un peuple contre son roi. S'il n'avait pas été déjà fou amoureux d'elle, cela aurait été le cas en cet instant. Il se félicitait de l'avoir choisie. Encore une fois, elle outrepassait ses espérances. Il était rassuré de son sort. Elle allait bien et c'était tout ce dont il avait besoin de savoir.

Galvanisé par toutes ces bonnes nouvelles, il se redressa et convoqua à nouveau ses hommes pour leur faire part de cette avancée. Car elle avait raison. Le temps pressait, il devait absolument atteindre la capitale au plus vite car un imprévu était très vite arrivé, et la balance pouvait à nouveau pencher pour le camp adverse. D'autant, que pour l'instant tout le monde semblait ignorer son identité mais pour combien de temps encore ?

Il réunit ses troupes juste à temps pour suivre l'armée de Cheim qui avait également pris la décision de se rendre à Ganesh. Les deux armées arrivèrent aux abords de la ville en milieu d'après midi, trois jours après leur départ. Mufasa se présenta aux portes de la ville.

« Ouvrez la porte sur ordre du roi ! »

Personne ne répondit mais une agitation se fit sentir à l'intérieur des murs.

« Maintenant ! »

Le cri perça dans le silence environnant. Jamal reconnut cette voix entre mille. Il sourit, le cœur battant à toute allure. Il n'avait qu'une hâte, en finir au plus vite pour aller la serrer dans ses bras et respirer son odeur qui l'avait tant manqué. Il voulait embrasser ses lèvres sucrées, il voulait ...

Il fut coupé dans son fantasme par des hurlements de rage et de douleur. Il reporta son attention sur la scène qui se déroulait devant lui. Des pierres, de l'eau bouillante et des excréments d'animaux en tous genres, étaient déversés sur la tête de son adversaire. Il y eut un mouvement de panique et l'on tenta de fuir. Mais la retraite fut impossible. Ses troupes en empêchaient toutes tentatives.

Sur les murailles, se tenait les habitants de la villes armées d'arc et de couteau. Il scandait encore et encore :

« Nous voulons Jamal ben Ahmad Al Shamseni pour roi ! »

« A mort la famille royale Al Cheim »

« Nous avons toujours vécu dans l'ombre de nos dirigeants mais si nous pouvons choisir notre roi nous préférons Jamal ben Ahmad Al Shamseni ».

Ses mots le touchèrent plus qu'il ne voulut le reconnaître. Il capta le regard de sa femme à leur tête. Elle lui sourit et positionna son poing en avant, pouce relevé, en signe de victoire. Il lui fit un petit signe du menton qu'elle vit à peine en raison de la distance et lança ce qu'il espérait être la dernière offensive.

Il ordonna à ses troupes d'encercler l'adversaire qui fut bien vite bloqué contre la muraille, sans aucune possibilité de retraite. Mufasa refusa de se rendre mais face à la réaction des civils sur la muraille, ses troupes se retournèrent contre lui et l'un de ses hommes lui enfonça sa lance dans le flan. C'est ainsi que se termina le règne de Mufasa ben Mokhtar Al Cheim, premier du nom, quatorzième monarque de la dynastie Al Cheim.

T01-L'intrépideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant