Des pas précipités parvinrent à ses oreille, et quelques secondes plus tard, déboulaient son bras droit accompagné par le médecin. Ce dernier s'était également fait tirer du lit. Il avait les cheveux bruns en bataille, ses yeux bleus étaient à demi-éveillés, sa blouse blanche était mal boutonnée, et il portait sa sacoche, qu'il n'avait pas eu le temps de fermer, contre son cœur. Il donna ses ordres à peine avait-il passé le pas de la porte. La situation était critique, chaque seconde comptait.
« Il faut qu'elle vomisse, sire ! »
Il se précipita vers sa nouvelle patiente et tenta de lui faire ingérer une grande quantité de liquide afin de provoquer son réflexe nauséeux. La technique, bien que barbare, eu le mérite de fonctionner. Il lui avait ensuite enfoncer un tuyau par la bouche jusqu'à atteindre son estomac. Il y avait versé, une mixture à base de charbon et d'eau, à l'aide d'un entonnoir pratiquant ainsi un lavage d'estomac. L'intégralité de son contenu remonta le long du tuyau et ressorti par l'entrée. Les spasmes occasionnés lui firent reprendre immédiatement connaissance en toussant et crachant, paniquée par la présence du tube à l'intérieur de son corps. Le médecin lui retira le tout et lui expliqua ce qu'il s'était passé. Elle n'avait cure de ses explications, une seule chose emplissait son esprit.
« Le roi ... Où est le roi ? »
Elle était encore trop faible mais tentait de se relever souhaitant partir à sa recherche. Jamal apparut à ce moment là au-dessus d'elle, la mine inquiète.
« Qu'y a-t-il ? Vous avez mal quelque part ?
- Vous ... Vous allez bien, je suis ... Soulagée.
Elle perdit à nouveau connaissance, trop affaiblie par les toxines encore présentes au sein de son organisme. Il regarda le médecin avec inquiétude, quémandant une réponse muette à ce qu'il venait de se passer.
« C'est normal, elle est simplement encore très faible à cause du poison. La nuit sera décisive. Il faudra la veiller.
- Je m'en charge personnellement. »
Il avait affirmé ça d'une voix forte qui n'admettait aucun refus.
« Très bien, alors assurez-vous qu'elle boive beaucoup d'eau et placez des linges frais sur son front si la fièvre devient trop forte. N'hésitez pas à lui faire prendre des bains, cela l'aidera aussi.
- Bien docteur.
- Faites-moi appeler s'il y a le moindre problème.
- Comptez sur moi ! »
Il le regarda partir, accompagné de Zayed, qui le reconduisit jusqu'à ses appartements. Elle était toujours trop pâle et des cernes violettes encerclaient ses yeux. Elle gémissait et son sommeil était agité. Il imbiba un linge d'eau fraîche et lui tamponna le visage. Il était brûlant de fièvre. Il décida de la dévêtir entièrement outrepassant sa pudeur et la déposa délicatement dans le bain.
Ce dernier était maintenu à la bonne température grâce à des conduits intégrés aux fondations au cœur desquels circulaient de l'eau bouillante, chauffée à différents points du château, qui assurait le chauffage de l'ensemble de la bâtisse et des bassins. C'était un circuit fermé où l'eau était donc réutilisée. Il suffisait de la changer une fois de temps en temps lors de la purge du dispositif afin d'éviter le dépôt d'algues ou de calcaire qui viendrait altérer le bon fonctionnement de l'ensemble.
Dès que l'eau l'effleura, elle frissonna légèrement mais ne se réveilla pas. Il l'adossa contre le rebord incurvé du bassin et entreprit de lui laver le corps et les cheveux avec une douceur qu'il ne se connaissait pas. L'odeur des savons et le contact de l'eau tiède semblait l'apaiser car sa respiration se fit plus calme. À moins que cela soit du fait des massages qu'il pratiquait en la nettoyant. Il lui caressa sa douce chevelure et l'embrassa sur les lèvres. Il pria, avec la ferveur du désespoir, que sa femme passe la nuit. Oui sa femme, pensa-t-il lorsqu'il réalisa avoir employé ce terme dans ses prières.
Il avait fini par la considérer comme telle au fil des mois passés à ses côtés. Et il ne pouvait imaginer meilleure épouse. Il l'aimait profondément mais ignorait toujours si ses sentiments étaient partagés. Elle maintenait qu'elle souhaitait l'épouser par soucis du bien-être du peuple mais elle ne lui avait jamais parlé d'amour. Cette constatation agissait comme un grain de sable perturbant les rouages de son bonheur. Il espérait qu'il réussirait à gagner son cœur avant la fin du concours. Il savait avoir acquis son amitié et il espérait qu'il saurait s'en contenter s'il parvenait à l'épouser.
« Ne meurs pas, eazizati*. J'ai tant besoin de toi. »
Il lui souffla ses paroles au creux de son oreille espérant qu'elle l'entende et qu'elle se réveille enfin. Il l'enveloppa d'une serviette moelleuse et la transporta jusqu'à sa chambre. Il la déposa dans un fauteuil le temps d'appeler des servantes qui arrivèrent pour changer les draps de son lit, souillés par le vomi. Une fois la tâche accomplie, il l'y déposa et la laissa nue afin qu'elle n'attrape pas froid à cause de sa transpiration. Il la recouvrit simplement de son drap qui la séparait de sa couette pleine de plume. Il la laissa seule le temps de revêtir son pantalon qu'il avait abandonné sur le sol de la salle de bain.
La chaleur du vent de l'été diffusait une douce brise réchauffant la pièce et il décida de ne pas remettre sa chemise au cas où il devait à nouveau lui faire prendre un bain. Il s'assied à son chevet sur un grand fauteuil de couleur pêche et attendit que la fièvre passe. Il lui donna régulièrement à boire et lui épongeait son front perlé de sueur.
Lorsque l'aube pointa, sa fièvre tomba enfin. Il s'allongea près d'elle, toujours torse nu, gardant seulement son pantalon. Il plaça son bras sous sa tête et la serra contre lui. Il souffrait de la voir aussi faible et immobile au milieu de son lit. Sa fougue et ses réparties lui manquaient tellement. Rassuré d'entendre son souffle régulier contre sa poitrine, il finit toutefois par s'endormir, tout en restant alerte face au moindre de ses mouvements.
_____________________________________
*Eazizati : Ma chérie (my dear)
VOUS LISEZ
T01-L'intrépide
Fiksi SejarahLeila ibn Salim Khazar est une très belle jeune fille. Malgré son amour et son respect pour sa famille, son mépris des conventions l'éloigne des rôles dévolus aux jeunes filles de son rang. Dévouée envers son peuple, elle est remarquée par Jamal be...